Poezibao a reçu, n°110, dimanche 10 janvier 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
°Alexis Nouss, Paul Celan, Les lieux d’un déplacement, Le Bord de l’Eau
°André Pieyre de Mandiargues, L’âge de craie, Poésie/Gallimard
°André Pieyre de Mandiargues, Écriture ineffable, Poésie/Gallimard
°Sylvie Durbec, comme un jardin (BLEU), Éditions Potentille
°Yannick Mercoyrol, Géométrie des organes, Éditions Grèges
°Isabelle Pouchin, Monet, la femme et l’enfant dans le champ de coquelicots, Atelier de l’Agneau
°Laurent Azelvandre, Cordesse, J.-P. Numa, Notes d’esprit, Les Éditions du Petit pois.
°Romain Fustier, Une ville allongée sous l’épiderme, suivi de découpant l’asphalte en tranches de toi, Éditions Henry/Écrits des Forges
°Thomas Duranteau, L’appétit de la mort, Clapas


Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur « lire la suite de…. »

 

•Alexis Nouss
Paul Celan, Les lieux d’un déplacement
coll. Les nouveaux classiques, Le Bord de l’Eau
Préface d’Antoine Spire
24 €
L’œuvre de Paul Celan a amené Adorno à revoir son jugement sur l’impossibilité d’écrire des poèmes après Auschwitz. Mais elle nous laisse avec un autre questionnement : comment lire des poèmes après Auschwitz ? Ceux de Celan nous en offrent l’apprentissage et cet ouvrage tente d’en dégager les voies.
Croisant les outils critiques de la théorie littéraire et de la philosophie (notamment les pensées de Benjamin, Levinas et Derrida), l’ouvrage considère à parts égales le travail d’écriture de Celan et son travail de traduction, immense et mal connu, pour les situer au sein d’une même poétique visant l’émergence d’un dire toujours venu d’ailleurs. L’ouvrage entend également sortir l’œuvre de Celan des cadres de réception qui ont souvent été les siens en France, à savoir des lectures philosophiques ou esthétiques tendant, dans les deux cas, à relativiser son historicité.
Celan se refusait toute biographie hors du vivant de la parole poétique. Il n’empêche que son existence, de la naissance en Bucovine jusqu’au suicide à Paris, incarne le destin d’une Europe qui vit au xxe siècle son identité mutilée par le mal totalitaire. Il importait alors de retracer le décor du parcours de sa vie, ce à quoi s’emploient des vignettes rédigées en fonction des lieux qu’il connut et insérées en tête de chaque chapitre, étapes d’un déplacement le long du méridien celanien et d’un apprentissage de sa reconnaissance.
Aujourd’hui, la reconnaissance de Paul Celan, et même l’engouement pour ce grand poète est universel. Il incarne la réalisation de l’impossible, non seulement l’écriture de la poésie après Auschwitz, mais l’écriture dans « ses cendres », en parvenant à « fléchir cet anéantissement absolu » tout en se maintenant en quelque sorte dans l’extermination. Irrécupérable, le poète est approché, dans le livre d’Alexis Nouss, au terme d’une formidable tentative de plongée dans les profondeurs du monde celanien. (Extrait de la préface d'Antoine Spire).
Alexis Nouss est professeur à l’Université de Cardiff où il occupe la chaire d’études culturelles à l’École d’études européennes. Ses thèmes de recherche et de réflexion portent sur la théorie de la traduction, la culture européenne, les problématiques du métissage et la littérature du témoignage. Il est également traducteur et librettiste.
•André Pieyre de Mandiargues
°Écriture ineffable, précédé de Ruisseau des Solitudes, de L’ivre Œil et suivi de Gris de perle, édition établie par Claude Leroy
Poésie/Gallimard, n0 454
9,90 €
et
°L’âge de Craie, suivi de Dans les années sordides, Astyanax et Le Point où j’en suis, Poésie/Gallimard, n° 455
A l’occasion du centenaire de la naissance d’André Pieyre de Mandiargues, la collection Poésie/Gallimard réédite en deux volumes l’intégralité de son œuvre poétique, soit l’ensemble des textes publiés par ses soins augmenté de quelques inédits. Aux côtés des romans, récits, nouvelles, pièces de théâtre et essais qui ont fait le renom de l’auteur de La Marge et du Musée noir, la poésie occupe une place essentielle, peut-être même centrale, tant elle semble, par bien des surgissements, surprises et courts-circuits, au cœur de toute l’œuvre, à la fois comme révélateur intime et comme enjeu formel. Le poète a confié que s’il écrivait des poèmes c’était « dans l’espoir de ressentir à nouveau la fièvre qu’il avait éprouvée à la lecture d’Agrippa d’Aubigné, des élisabéthains, des romantiques allemands, de Coleridge, de Lautréamont et des surréalistes ».
•Sylvie Durbec
Comme un jardin (BLEU)
Éditions Potentille
7 €
Recoudre le pied à la terre
le bleu à l’encre
le soulier au corps
travail de couturière
de cordonnier
ou de jardinier ?

•Yannick Mercoyrol
Géométrie des organes
Éditions Grèges
11 €
face à ce mur de dissonance cela
dans un précipité très impur
une outre de sens un chien de peine
que je dissémine renie parle encastre et trafique
qui aurait mon corps réel

•Isabelle Pouchin
Monet, la femme et l’enfant dans le champ aux coquelicots
Atelier de l’Agneau
15 €
D’un lyrisme parfois violent, ce livre propose de « retrouver » les premiers éclats d’un travail créateur, grand moment dans la vie de Claude Monet et l’histoire de la peinture.
Isabelle Pouchin est née en Normandie où elle enseigne la littérature.
•Laurent Azelvandre, Cordesse, J.-P. Numa
Notes d’esprit
Les Éditions du Petit pois.
Avec un CD musical, 20 €
Les Éditions du Petit Pois, 8, rue Suzanne Lenglen, 34500 Béziers.
Quinze textes, écrits et lus par Cordesse et sept morceaux musicaux de Laurent Azelvandre (guitare) et Jean-Pierre Numa (piano et orgue). La création de Notes d’esprit tient à la volonté des auteurs de croiser leurs disciplines.
•Romain Fustier
Une ville allongée sous l’épiderme, suivi de découpant l’asphalte en tranches de toi
Éditions Henry/Écrits des Forges
10 €
Les herbes de la pampa sous le ciel gris du
voisinage lui rappellent les devoirs d’école
à rendre les lundis les problèmes de maths
dont elle cherchait la solution jadis parmi
les écheveaux et qu’elle revoit maintenant
au-dessus du mur derrière lequel s’étirent
les vastes plaines et prairies d’amérique du
sud où pousse ladite plante déclinée ici en
série de pavillons à la déprimante banalité.

•Thomas Duranteau
L’Appétit de la mort
avec des créations originales de Lydie Arickx
Clapas
17 €
L’appétit de la mort est une œuvre fascinante par la rigueur de l’écriture, l’économie verbale qui me fait penser au mot de Guillevic : « écrire un poème, c’est sculpter du silence », par le mystère qui prend ici ou là l’imitative du discours et qui fait froid dans le dos. (Serge Wellens, dos du livre)