François Hollande ou la non destinée présidentielle

Publié le 11 janvier 2010 par Xylophon

Il est le premier à avoir déclarer ses intentions. Dans la course à la présidentielle, qui passe désormais par les primaires pour les candidats socialistes, il a voulu court-circuiter tout le monde.

Pressenti à la Cour des Comptes, le Maire de Tulle a décidé pour une fois de ne pas laisser passer sa chance. Comme un enfant dont on aurait longtemps freiné les ambitions, François Hollande a choisi d'être candidat à l'investiture des primaires du Parti Socialiste.

Pourtant, je doute que ce soit le meilleur candidat pour faire gagner la gauche. Certes, l'homme est brillant. Son talent d'orateur est reconnu par tous. Ses compétences sur les questions économiques et fiscales ne font pas de doute. Élève D'HEC, avant de faire Science Po et l'ENA, il a commencé sa carrière politique comme conseiller de François Mitterrand pour les questions économiques.

François Mitterrand, voilà sans doute le premier problème. François Hollande incarne l'image de cette vieille garde mitterandienne qui n'a pas su au fil des décennies se moderniser. L'homme reste un homme d'appareil par excellence, malgré l'exercice de quelques mandats locaux, il n'a jamais exercé de fonctions ministérielles. Secrétaire général du Parti Socialiste de 1997 à 2008, sa direction est marquée par l'échec de Lionel Jospin au 1er tour de l'élection présidentielle 2002. Si les régionales de 2004 lui ont redonné crédit, il n'a pas su redonner-malgré 10 années passées la tête du Parti Socialiste-la dynamique nécessaire à un parti marqué par les divergences idéologiques et personnelles.

L'autre difficulté de F.Hollande tient plus à sa personnalité. L'homme manque de charisme. Il reste encore peu identifiable dans le paysage politique français. C'est à la fois une force mais surtout une faiblesse. C'est une force dans la mesure où étant sans courant, il peut être un point de ralliement au delà même du Parti Socialiste. Mais c'est aussi sa faiblesse car pour les militants, sa vision "trans-courant" peut donner l'image d'une difficulté à se positionner. Or il reste bien des sujets sur lesquels le Parti Socialiste n'a pas encore exprimer une position claire et audible.

François Hollande, malgré ses compétences aura donc du mal à convaincre. Homme des synthèses, des compromis, il a les qualités d'un médiateur, d'un porteur des idées socialistes, mais pas celles d'un leader qui mèneraient un parti vers la victoire.

Tortue plutôt que lièvre, F.Hollande se lance tôt dans la bataille avec l'assurance que pour ce type de combat "il faut partir à point". Et si cette dernière course n'arrivait pas trop tard. Comme quelqu'un qui touchant " presque au bout de la carrière" se serait égaré à l'image d'un Philippe Seguin sur le chemin de sa destinée présidentielle...