La Mourre (Denise Miège)

Par Arbrealettres


Je suis au fond du vide, je veille un mort
Je chavire et ça ne se voit pas.
Je perds pied je crie sans bruit
Mais personne ne s’en aperçoit.
Je mets des masques sur la nuit
Je craque je détraque je dis depuis longtemps des mots
Qui n’ont pas cours dans le langage des prisons
Dont vous avez refermé les fenêtres
Dans les villes sans joie où l’on s’en va bientôt mourir
Où nous marchons, reflets, sans jamais nous rejoindre,
Où tu parles un langage que je ne comprends pas
Où je peux très bien ne pas exister
Dans l’ordre des caresses
Où tu pourrais peut-être ne jamais avoir été
Qu’un mirage qu’un corps à deux dimensions une image
Qu’on peut annuler
Etouffer étouffer
Sans que personne ne s’étonne,
Ma petite musique de nuit,
Mon cheval pâle, mon attente,
Un amour de chat du Chester s’efface
Lentement autour de son propre sourire!

(Denise Miège)