La BD s’en va-t-en-guerre

Par Gicquel

« La BD s’en va-t-en guerre » de Art Spiegelman à Joe Sacco :histoire du BD Journalisme ( Arte Editions)

« Art Spiegelman, traits de mémoire »  de Clara Kuperberg et Joëlle Oosterlinck . ( Arte Editions )

A l’occasion du festival d’Angoulême, (28-31 janvier) Arte Editions propose une nouvelle collection DVD consacrée à la bande dessinée.

La BD, c’est juste un trait de crayon. Quelques bulles aussi et puis basta. Rajoutons quand même une histoire et , le tour est joué. Mais avec cette nouvelle collection, le neuvième art prend malgré tout une autre dimension.
Pas  question  de raconter ce qu’est une bande dessinée, comment elle se fabrique et ses moyens de subsistance. En imaginant « Univers BD », chez  Arte Editions, ses concepteurs ont pris acte de l’existence « d’un nouvel âge d’or (… ) avec des styles diversifiés à l’extrême empruntant à la peinture, à la photographie, à la vidéo… »


Les deux premiers dvd de la série illustrent bien le propos. Avec « La BD s’en va-t-en-guerre » et « Art Spiegelman, traits de mémoire » on voit ici se profiler les contours d’une activité multiple, approchée par des professionnels qui il y a encore quelques années ignoraient qu’ils deviendraient des bd journalistes, des bd reporters.
Quand SACCO Joe quitte sa planche à dessin pour Bagdad  ( ci-contre) c’est une véritable exploration qu’il engage, en se mettant lui-même en scène, en racontant son quotidien. C’est un peu « l’œil témoin » dont parle Keji Nakazawa qui ne pouvant situer la tragédie de Hiroshima en fonction des images ou des films (« aucune caméra n’a résisté à l’explosion ») rapporte sa propre vision d’après les témoins oculaires. Le célèbre mangaka signe alors Gen d’Hiroshima, en dix volumes.
A chaque fois les séquences sont parfaitement animées entre interview, dessins et animations, voire même parfois des images prises in situ et recadrées par la grace du « trait de crayon » dans un imaginaire très réel.


« La BD s’en va-t-en-guerre » décrit ainsi comment des auteurs comme , Marjane Satrapi (« Persepolis »), Joe Sacco ou JOE KUBERT. transposent des récits douloureux et violents en mots et dessins.
Ce volume consacre une séquence à l’album qui a révolutionné  le genre : « Maus » de Art Spiegelman. En 1986, l’artiste raconte la guerre et le génocide de la seconde guerre mondiale en figurant les juifs comme des rats, et les Allemands comme des  chats. Il décroche le prix Pulitzer.  On le retrouve dans « Traits de mémoire », un documentaire qui retrace son parcours hors du commun, sa vie personnelle, les deux étant bien souvent

indissociables de son travail.

Ainsi « Maus » s’appuie sur le témoignage de son père déporté à Auschwitz. Mais le suicide de sa mère, ou les événements du 11 septembre sont autant de traumatismes qui nourrissent son imagination. Et avec l’humour juif qui le caractérise, il arrive malgré tout à surpasser ses handicaps , par une ironie, une autodérision aussi ravageurs que son crayon .

20  € , le dvd. Si la sortie commerciale est prévue le 02 février, les deux premiers volumes sont présents au festival d’Angoulême sur le stand Actes Sud.


DERNIERE MINUTE ( vendredi 15 janvier)

Où l’on ne quitte pas le sujet du BD journalisme : Denis Robert ,journaliste d’investigation  décroche ce jour le Prix France Info de la Bd pour « L’affaire des affaires » ( Dargaud) qui relate par le détail le dossier  Clearstream. De nombreuses procédures judiciaires ont été  intentées à son encontre par la société Clearstream à la suite de la publication d’enquêtes la concernant. En 2008, une polémique l’oppose à l’ancien patron du journal Charlie Hebdo, Philippe Val. Ce dernier est depuis mai 2009 le patron de France-Inter . Mais ce n’est pas France-Info …