Au jardin d’amour (Henri Gougaud)

Par Arbrealettres

Au jardin d’amour
des sources ruissellent
l’on se baigne autour
d’elles.
Les enfants dans l’eau
blanches gerbes d’anges
croquent l’or de l’o-
range.
Le fruit défendu
par dieu sait quel diable
au soleil immu-
able
rudoie les vertus
gonfle les joues rondes
comme le sein du
monde.

Au jardin d’amour
des licornes rêvent
tournant alentour
d’Eve
qui dort dans un val
près d’un alchimiste
sous l’arbre idéal-
iste.
Les mains des amants
s’ouvrent comme roses
toute vie est en-
close
dans les chants d’oiseaux
qu’amour fait éclore
enivrant les au-
rores

Au jardin d’amour
il y a des cavernes
que des dragons sourds
cernent.
Qui chante aux tréfonds
des sombres domaines ?
Des rois et des fon-
taines.
Des reines aussi
languissantes dansent
sur l’orgue du si-
lence
mais jamais l’azur
n’a vu ces merveilles
que les dragons sur-
veillent.

Au jardin d’amour
sept tours d’ivoire
s’ouvrent sur des tours
noires.
La nuit et le jour
s’y baisent sans masques
sur un lit de bour-
rasques
engendrant la vie
taureaux et chimères
cailloux fleurs et vi-
pères
humains et bourgeons
arbres feux et flammes
j’ai dit vrai sur mon
âme.

(Henri Gougaud)