Hommage : cela fait dejà plus de 14 ans que le chef touareg Mano Dayak nous a quitté

Publié le 17 janvier 2010 par Loic Charm



__Mano Dayak__ : Je suis né avec du sable dans les yeux. C'était à Tidène, au coeur des montagnes de l'Aïr, au début de la saison des pluies. Ma mère me disait : Mano, le miel se cache sous ta langue, mais ne quitte jamais le désert car le désert purifie l'âme. 
Loin de lui, tu es sourd et aveugle. Ainsi parlent les mères touarègues. Par décence, elles enveloppent leurs inquiétudes dans les allégories. Un pouvoir qui les fait poètes et souveraines.

Je ne savais pas qu'un autre monde existait. Comment aurait-il pu exister alors que, juste derrière nos tentes, c'était le sable, la soif et le néant ?

Quand du haut de mon rocher je regarde ce désert qui a vu voyager mon père, et avant lui le père de mon père, et tous les pères de mes frères touaregs, je sais que c'est de lui que nous tirerons la force et la sagesse nécessaires à la construction du monde dont nous rêvons pour nos familles et pour nos enfants.

__MANO DAYAK.__

A propos de l'auteur :

__Mano DAYAK__ est un Touareg originaire de l'Aïr, en bordure du Ténéré. 
Il a fait des études brillantes dans son pays, puis aux Etats-Unis et en France. Il a créé une agence de voyages à Agadez. C'est à cette époque qu'il a rencontré Thierry SABINE, qu'il a aidé à tracer des étapes du Paris-Dakar. Mais Mano DAYAK restait un homme du désert et, déchiré par les souffrances de son peuple, il s'est engagé politiquement pour défendre les Touaregs. 
Il a été un des grands artisans de la paix au Niger. Le destin fascinant de cet homme a été brisé par un accident d'avion en décembre 1995. 
Mano DAYAK avait monté un spectacle dans le Ténéré autour du Petit Prince, un livre qu'il aimait particulièrement. 
Mano Dayak (1949 - 15 décembre 1995) était un entrepreneur touareg du Niger, l'un des chefs de la rébellion des années 1990. 
Il est né dans la vallée de Tidene, au nord d'Agadez et appartient à la tribu des Ifoghas, originaire du Mali voisin. A l'âge de 10 ans, il suit avec réticence les cours de l'école française nomade d'Azzel, forcé par l'administration française. 
Mais il prend goût aux études et continue sa scolarité au collège d'Agadez avant de partir travailler à Niamey. A 20 ans, il part aux Etats-Unis où il poursuit ses études (bac et études supérieures) entre New York et Indianapolis, tout en travaillant. En 1973, il part à Paris, et s’inscrit dans la section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes Technologiques en Anthropologie culturelle et sociale du monde berbère. 
Il s'y marie avec Odile, et ils ont eu ensuite deux fils : Mawli (ou Maoli) et Madani. De retour au Niger, il devient guide dans le désert, salarié d'une agence de voyages française. Puis il fonde sa propre agence de tourisme Temet Voyages, qui devient la plus importante d'Agadez. 
Il a ainsi contribué efficacement à l'essor du tourisme dans la région. 
Il a également participé à l'organisation du rallye Paris-Dakar, devenant proche de Thierry Sabine et à l'organisation de films tels que "Un thé au Sahara" de Bernardo Bertolucci. 
En tant que leader de la CRA (Coordination de la Résistance Armée), il devient l'un des principaux chefs de la rébellion touarègue des années 1990, au même titre que Attaher Abdoulmomin chef du Front de Libération du Nord Niger, Rhissa ag Boula du FLAA (Front de Libération de l'Aïr et de l'Azawak) et Mohamed Anako de l'UFRA (Union des Forces de la Résistance Armée). 
Le 15 décembre 1995, en vue des négociations, il doit rencontrer le président nigérien Mahamane Ousmane et embarque à bord d'un avion affrété par un chargé de mission du gouvernement français en compagnie d'un journaliste français, Hubert Lassier, et deux autres chefs de la rébellion touarègue, dont Hamed Ahmed ag Khalou et Yahaha Willi Wil. Mais juste après son décollage, l'avion s'écrase. Tous ses passagers sont tués. 
Cet accident tragique a contribué à forger sa légende, et il est aujourd'hui connu comme celui qui a rappelé au monde l'existence et la souffrance du peuple touareg. Son charisme lui a valu l'amitié et l'admiration de nombreuses personnalités telles que Bernardo Bertolucci, Jean-Marc Durou. 
En 1996, un artisan touareg nommé Assaghid a créé en son honneur un bijou sur le modèle des croix des tribus du Niger, bijou qui reste le symbole de la rébellion. L'aéroport d'Agadez s'appelle aujourd'hui "l'aéroport international Mano Dayak". 
Dans leur dernier album intitulé Aman Iman, Tinariwen lui rend hommage dans une chanson portant son nom. 
Si vous avez des informations sur le film documentaire suivant : Sahara : Touaregs, les princes du désert de Howard Reid 
Un film tourné au Niger et présenté par Mano Dayak, figure emblématique du mouvement de révolte des Touaregs du Niger. 
En lutte contre un gouvernement qui souhaite sa soumission, dispersé par la misère, constamment ballotté entre les états avoisinants, le peuple touareg tente de conserver ses traditions et son indépendance. 
Une description, avec le support de très belles images de la vie nomade façonnée par le désert : les activités quotidiennes, l‛école, l‛écriture tifinaght enseignée par les femmes, la musique, le pourquoi des révoltes, l‛alliance avec leurs anciens ennemis les Toubous pour le commerce des armes. Comme il y a des siècles la caravane de sel de la tribu Ebéra traverse le Ténéré pour faire le troc de sa marchandise à l‛autre bout du désert. 
Collection : Géo Vidéo, Les grandes expéditions. Production : Géo Film, 1994 Réalisation : Howard Reid Durée : 50‛ Réf. Médiathèque TJ4453 (vidéo documentaire) 
ou sur le spectacle dans le Ténéré que Mano Dayak avait monté autour du Petit Prince, merci de nous envoyer les éléments à votre connaissance par mail : contact@drapeaurouge.fr. 
Voir une vidéo sur Mano Dayak