Revue Grumeaux, n°1 (lecture d'Alain Helissen)

Par Florence Trocmé

 Dirigées par Benoît Casas, les éditions NOUS, auxquelles on doit d’excellentes livres, tentent l’aventure de la revue. Le ton est donné d’emblée : Dans la flaque de production littéraire uniformisée et inoffensive qui se répand Grumeaux n’entend pas se dissoudre, mais rassembler les pratiques poétiques contemporaines, du côté d’une langue travaillée, vivante, réflexive qui rompt par l’invention formelle le consensus des langues mortes d’avoir omis de s’affronter au réel…Cette première « coagulation » tient toutes ses promesses. Elle s’intéresse aux VOIX de l’écrit, posant cette question-support : Pourquoi/comment lire à haute VOIX ? De nombreux poètes, parmi ceux qui pratiquent régulièrement des lectures publiques, témoignent ici de leurs expériences et motivations. Je lis à voix haute pour tester l’efficacité d’un texte, répond laconiquement Gwenaëlle Stubbe. Lire à voix haute c’est dire à quelques uns, ce qui était écrit pour tous et pour personne, note, entre autre, Benoît Casas. On retiendra encore, sans pouvoir les détailler, les interventions de Cécile Mainardi, Vincent Tholomé, Christian Prigent, Christophe Manon, Jérôme Game, mais aussi celles de poètes américains qui furent les invités des lectures bilingues organisées par l’association Double Change. Ainsi, Charles Bernstein, Stephen Ratcliffe, Jerome Rothenberg, Keith Waldrop, Norma Cole…Des textes de tous les participants accompagnent leurs réponses plus ou moins développées, comme autant de grumeaux restés dans la passoire après égouttage. Fort de 288 pages, ce premier numéro constitue une magistrale somme de voix aux résonances diverses. Souhaitons le meilleur avenir à Grumeaux qui se place déjà au premier rang des revues poétiques actuelles. Son prix modique, par ailleurs, (10 €) ne pourra que plaider sa cause.

Contribution d’Alain Helissen
Grumeaux, n°1
Editions NOUS
10 €
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