Les illusions perdues

Par Christophe Le Vaillant @mceogroup
Billet d'humeur.

Faut-il exprimer des émotions, donc des faiblesses dans notre environnement professionnel, quand en plus on fait le métier de communicant(e) ?
J’ai lu dans le numéro d’octobre du « Courrier cadres » le témoignage de Camille.A, directrice de la communication, rabaissée pour absence de diplômes lors d’un comité de direction. A-t-elle subi cette charge parce qu’elle est femme ? Parce qu’elle est en charge de la communication ?
C’est intéressant de faire rimer émotion avec humiliation ; je préfère faire rimer émotion avec libération ! Pourquoi les femmes et les hommes de l’entreprise seraient-ils exsangues de tous sentiments, de toutes réalités humaines en franchissant la porte de leur bureau ? Au risque de passer pour un donneur de leçon (tant pis pour vous lecteur !), il me semble que nous devons absolument rester nous-mêmes dans l’entreprise. En toute occasion, rester soi-même. Oh la !
Je sens ma plume pleurer... je sens ma plume se révolter…
Et bien oui ! Nous crevons à coups de formatage, à l’ère de l’uniformité !
A force d’être obligé de partager des valeurs qui ne sont plus les nôtres, nous perdons notre âme.
Nous oublions ce que nous sommes. Beaucoup d’entreprises sont tristes. Beaucoup de communicants le deviennent.
La raison est connue : c’est la fin du temps des illusions.
Une société ce n’est pas une seconde famille ; la sienne suffit déjà amplement.
Une société ce n’est pas une institution humanitaire ; sa vocation est de gagner de l’argent.
Une société ce n’est pas une machine à créer de l’emploi ; elle doit « dégager » des profits en boutant les charges hors de la case ETP (Equivalent Temps Plein).
Il y a quelques années, la recherche de productivité et de rentabilité n’altérait pas l’enthousiasme du communicant, sa révolte même ! Mais dans les boîtes, on n’a plus le temps de tout le temps, refaire le monde. Y a plus de place pour le rêve. Alors que justement, il faut recréer du rêve pour emmener des collaborateurs vers de nouveaux succès, de nouveaux horizons. Remontons le temps ! Bousculons les nouvelles habitudes ! C’est vrai que c’est plus facile à écrire qu’à faire, surtout quand on n’est plus responsable de la communication en action. Bon sang, il faut qu’on retrouve notre capacité à être heureux ! Pour ceux d’entre vous qui viennent régulièrement consulter ce blog, vous connaissez ma marotte, mon principe de vie : « pour recevoir, il faut d'abord savoir donner ». En tant que conseiller en communication, c’est ce que j’essaye d’apporter aux clients avec lesquels j’ai la chance de faire un bout de chemin. Pendant un moment, plus ou moins long, on essaye de redonner de la vie à tel ou tel événement, telle ou telle situation. C’est vrai, c’est plus facile quand on est extérieur de l’entreprise. On vit la « logique de résultats » d’abord pour soi.
Mais bon, on a beau dire ce qu’on veut, écrire de belles phrases, délirer dans des envolées lyriques cosmiques, la réalité est toujours là qui vous rattrape : en 2007, les communicants sont recrutés dans les écoles de commerce. Dans le fond, tout s’explique.
Nota Bene : Promis pour le prochain « post », je me ressaisis ! Je ne me laisserai plus gagner par mon émotion…

A lire : « Courrier cadres », dossier sur la gestion de l’émotion, octobre 2007.

Dans "Le Monde" du 23/24/09/07, propos d'Hedi Slimane, ancien directeur artistique de Dior Homme "Le formatage n'est pas la performance ; la performance, c'est de savoir penser autrement".