La merditude et la grâce

Par Alchiemy

La merditude des choses est un OVNI cinématographique.
Sorti ce mercredi, ce film est l'oeuvre du réalisateur belge Félix Von Groeningen, et se base sur le roman autobiographique de Dimitri Verhulst.
Sa force : concilier le burlesque et le répugnant de l'environnement familial du héros, à la poésie, qui naît dans la vocation littéraire du personnage principal, et son regard à la fois tendre et acerbe sur la vie.

En effet, ce film raconte l'enfance et les débuts chaotants du jeune Gunther Strobbe dans la vie, au sein d'une famille marginale composée de son père et de ses oncles, alcooliques, violents, paresseux, irresponsables.
Il regorge des scènes amenant le spectateur au dégoût - scènes de beuveries, de sexe sans retenue devant le jeune héros - ou au rire, les situations frisant souvent l'ignoble , le mauvais goût, l'exagéré.
Mais ce film n'est pas qu'un voyage dans la lie de la Belgique profonde : c'est aussi l'histoire d'une vocation, celle de l'écriture, à laquelle se vouera le héros sans y démordre. D'abord, en réalisant des nouvelles en guise de punitions pour ses profs ( il est, évidemment, un élève indiscipliné ) ; ensuite, en faisant des souvenirs de son enfance, de cet extraordinaire environnement dans lequel il a grandi, un roman, refusé à maintes reprises par les éditeurs jusqu'au succès.
Ce film, dont les scènes ne se suivent pas chronologiquement, mais font le va-et-vient entre l'enfance du narrateur et l'âge adulte, est ponctué de réflexions à la fois candides et profondes. L'écrivain - personnage principal porte un regard en même temps affectueux et intransigeant sur sa famille, et sur l'existence.
Ainsi, de scènes presques barbares, on passe à des moments de grâce, et le sentiment de la liberté naît peu à peu dans l'esprit du héros et du spectateur.
Voué à la reproduction de sa condition sociale sordide, le héros s'en extraiera finalement, sans pour autant renier ses racines.
Mais assez parlé ! Voici de quoi se mettre dans l'ambiance...