Moi qui pensais être trop alarmiste..

Publié le 23 janvier 2010 par Lgdeluz

J’ai trouvé plus alarmiste que moi avec cet Excellent Billet signé Olivier Brumaire sur le blog de Paul Jorion

Ça s’appelle le syndrome Bisounours. Il nous amène dans le cycle classique du deuil 1/ déni, 2/ colère, 3/ accepter, 4/ reconstruire. Olivier nous explique qu’en ce qui concerne la crise financière actuelle, nous ne sommes encore que dans la phase de déni.

«on constate finalement que ce déni s’alimente d’une analyse en poursuite de tendance. Cela fait 60 ans que les États-Unis et le dollar dominent la planète donc cela continuera, le pétrole coule à flots donc ça continuera, nous vampirisons depuis toujours sans trop de problèmes la planète donc ça peut continuer. Sans doute que, quand une tendance dure très longtemps par rapport à une vie humaine, notre esprit a-t-il du mal à concevoir que les choses puissent changer brutalement, ou, si nous le savons, imaginons-nous que cela surviendra toujours plus tard, car face à une perspective difficile avec peu de solutions

J’en parlais déjà en avril dernier dans ce billet: grands changements. Ce qui m’atterre le plus c’est le désert idéologique dans toutes nos institutions. Aussi bien au sommet de l’Etat que dans les états majors des grands partis, des organisations syndicales et de la presse. On veut continuer a vivre dans un monde qui n’existe plus. On veut faire durer l’illusion. Alors on emprunte, on parle de reprise etc.. etc..

Pourtant cette crise globale n’est pas née d’hier, ce sont les dérives économiques des ces 30 dernières années qui nous ont conduit au bord du gouffre. Et la génération qui a présidé a ce désastre est toujours au pouvoir dans toutes les administrations, les grandes entreprises, les syndicats et les partis politiques. Ils vivent dans un monde virtuel , qui n’existe plus ! Pourtant on ne résoudra pas les problèmes de demain avec le schéma de réflexion dépassé, que l’on nous propose aujourd’hui. Au niveau local comme au niveau national!

Dans Les Poulaillers de Ville, j’expliquai que les USA connaissaient un niveau de chômage, de dette et de colère bien plus haut que le notre, tout en rappelant que la différence entre l'ordre social et le désordre, c'est 36 heures sans nourriture!

Olivier Brumaire parle de la seconde phase d’un deuil, qui est malheureusement la colère. Il en parle en ces termes:

"Comment réagira un peuple lorsqu’il réalisera qu’il aura été berné par ses dirigeants politiques, par les médias, par des économistes en vue complices ? Comment réagira une jeunesse dont le seul avenir se réduira à un choix entre le chômage et du travail précaire destiné à rembourser les dettes de leurs parents, a fortiori dans un contexte de rationnement des ressources ? Comment réagira la première génération, droguée depuis sa prime jeunesse au matérialisme, à la gloriole éphémère, à la croissance et la consommation de produits inutiles, quand elle comprendra que son destin sera de vivre bien moins confortablement que la génération précédente, et pire, pour le maintien des standards de vie de ladite génération, cupide et irresponsable ?"

Ça me fait penser à Tim Jones et à cette phrase «Pour la première fois de ma vie j'ai entendu des adultes calmes et matures parler de révolution. C'est fou non?», que j'ai trouvé sur ce blog

La critique principale de ce genre de billet c’est mais que proposes tu toi pour éviter cette crise? Et c’est le problème de tous les réalistes, ils savent qu’aujourd’hui plus rien ne peut éviter le grand choc économique qui va engendrer la baisse massive du niveau de vie des classes moyennes des pays occidentaux. Les lecteurs et les électeurs veulent entendre un seul discours, ça va s’arranger, la reprise d’est pas loin. Ils veulent des solutions pour que le monde virtuel se perpétue. Souvenez vous, il aura fallu Dunkerque pour que le peuple Anglais accepte d’être dirigé par un leader qui ne leur promettait que «du sang, de la sueur et des larmes». Le Dunkerque économique n’est pas encore arrivé, et le peuple français ne veut pas en entendre parler, il préfère La Star Académie.

Alors la solution Laurent? On fait quoi? Et bien c’est simple on passe rapidement aux phases 3 et 4 du cycle de deuil, 3/ accepter et 4/ reconstruire. On ne peut pas arrêter ce qui se profile, ça nous dépasse et il faut l’accepter. Donc nous devons préparer nos populations aux conséquences de la crise et réfléchir à de nouveaux modèles de développement pour le futur. Mais la priorité des priorité c’est de protéger les populations les plus fragiles. Pas en misant sur la reprise avec des investissements stériles, mais en réorganisant les finances publiques pour mieux gérer les années de rigueur qui pointent à l‘horizon.

Mais allez expliquer ça à élus locaux (mes copains y compris) qui pensent préparer l’avenir en construisant de nouvelles remontées mécaniques. Et tout le débat démocratique local tournant autour de l’emplacement géographique des dites remontées mécaniques! C’est absurde.