Lorsque l'historique du navigateur trahit les parents

Publié le 25 janvier 2010 par Jhenno

crédit photo : Miika S

Extrait de la conférence que j'ai donnée le samedi 28 novembre dernier à la médiathèque de Lucé (près de Chartres - Eure-et-Loir) sur le thème des enfants et des nouvelles technologies.


La médiathèque de Lucé a eu la gentillesse de me faire parvenir l'enregistrement vidéo de mon intervention. Dans cet extrait, j'explique pourquoi les parents ont le droit d'aller, de temps en temps, jeter, discrètement, un coup d'œil sur l'historique du navigateur ou de l'ordinateur utilisés par leurs enfants. Il ne s'agit pas de "fliquer" sa descendance, mais de la protéger : "Confiance ne signifie pas absence de contrôle". J'explique également quelle attitude adopter si l'on s'aperçoit que l'historique a été effacé. Inutile de sortir immédiatement l'artillerie lourde et d'exiger sur le champ des explications de vos adolescents. Ces derniers ont le droit de ne pas vouloir vous parler tout de suite d'un sujet qui les préoccupe. Les brusquer serait même contre-productif.
Surtout, ce chapitre sur l'historique constitue pour moi un prétexte pour parler d'un cas - de plus en plus fréquent - d'exposition des jeunes à des contenus inappropriés. En effet, l'historique marche dans les deux sens : beaucoup d'adolescents s'amusent à aller voir l'historique de leurs parents et en particulier de leurs pères. Et quand ils s'aperçoivent que leurs chers papas surfent sur des sites X, ils rient, invitent parfois leurs copains à venir voir les pages Web consultées par leur paternel, mais, au fond d'eux, ils en souffrent…
Je ne porte pas ici de jugement moral sur la pornographie : tout adulte est libre d'employer ses loisirs comme il le souhaite. Là n'est pas le problème. Ce qui me préoccupe est l'exposition des mineurs à la pornographie (rappelons qu'elle est interdite en France*). Les adultes qui se rendent sur ce genre de contenus doivent y penser et prendre la précaution d'effacer leurs traces.**
Ne nous y trompons pas : ce problème concerne tous les milieux sociaux. J'ai pu vérifier l'histoire suivante : un énarque, haut fonctionnaire dans un ministère parisien, avait ramené son ordinateur portable professionnel chez lui pour visionner de la pornographie. Son fils de 15 ans est passé derrière lui, a découvert le pot aux roses et a rameuté ses amis pour une bonne partie de rigolade. Mais au-delà du rire, bonjour l'image que ce père possède désormais auprès de son garçon ! Le pire est que l'histoire ne s'arrête pas là : notre énarque a rapporté son portable au bureau et a infesté tous les autres ordinateurs de son département. Un informaticien du ministère a dû travailler pendant plusieurs jours pour nettoyer tout cela. Notre haut fonctionnaire est ainsi devenu la risée de son service !
*«Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur», dispose l’article 227-24 du code pénal.
** Lorsque l'option "navigation privée" proposée par les navigateurs Firefox, Google Chrome, Internet Explorer et Safari est activée, aucune trace n'est conservée sur l'ordinateur.
(extrait diffusé ici avec l'aimable autorisation de la médiathèque de Lucé)