Le chat qui venait du ciel, Takashi Hiraide

Par Grazyel
J'ai voulu m'essayer à lire des romans japonais plutôt que mes habituels mangas, et bien, je dois dire que je reste mitigée pour le moment. Bien sûr, un seul livre n'est pas représentatif, je retenterai avec d'autres titres, mais quoiqu'il en soit, celui que j'ai lu m'a à la fois plu, et à la fois rendu indifférente.
Résumé : Quand le narrateur et sa femme emménagent un jour dans le pavillon indépendant d'une ancienne demeure japonaise, ils ne savent pas encore que leur vie va s'en trouver transformée. Car cette demeure est entourée d'un immense et splendide jardin, et au coeur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes. Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va tisser avec ce chat qui se fond dans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe avec une rapidité fulgurante au sommet des pins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier après une brouille.
C'est la première fois que je lis un livre où toute l'intrigue est centrée sur un chat ainsi que sur d'autres animaux et la nature en général,  c'est assez étrange, mais on s'y habitue. Ayant moi-même eu un chat que j'aime toujours aujourd'hui (alors que je ne l'ai plus depuis au moins huit ans), je comprends tout à fait l'amour qui relie le narrateur et sa femme au petit chat, Chibi.
Ce roman plutôt court (131 pages) est plus prenant que ce que j'aurais cru. En effet, durant les premières pages, j'ai failli décrocher, les descriptions des décors (aussi beaux soient-ils) sont vraiment trop longues, trop précises aussi, on s'ennuie totalement pendant une dizaine de pages, je crois. Bien sûr, ce n'est pas non plus un livre palpitant, il ne se passe pas grand chose, en fait, on suit simplement le déroulement de la vie du narrateur et de sa femme. Ainsi, on découvre l'amour qu'ils éprouvent pour un petit chat et leur envie de l'avoir pour eux, de pouvoir dire "c'est notre chat" alors qu'il appartient aux voisins qui finiront par les "mépriser" pour on ne sait quelle raison réellement.
Le roman est particulièrement centré sur le côté mystérieux et inhabituel du chat, de l'attachement qui est éprouvé à son égard. Le couple principal n'a pas d'enfant, ainsi, peut-être que Chibi apparaît comme une sorte d'enfant qu'ils auraient trouvé. On ne sait pas trop, en fait. Ils l'aiment, le cajolent, mais jamais ils n'ont pu le prendre dans leur bras. Chibi est aussi sauvage que tendre, tout comme il est aussi mystérieux que pris dans un quotidien de chat. 
Ce que j'ai trouvé particulier dans ce livre, c'est que jamais on ne sait comment se nomment les personnages de l'histoire, le narrateur reste "je" et sa femme, reste "ma femme", tout comme on retrouve "la vielle", "le vieux", "la voisine", "l'enfant de la voisine"... etc, seuls les animaux sont nommés, les chats surtout : Chibi, Fangette, Mike, Papa, Soeurette... etc. Je trouve que c'est assez amusant dans ce roman, comme si les êtres humains étaient tous similaires, qu'ils n'avaient même pas leurs noms pour se distinguer, juste un aspect physique (vieillesse, jeunesse) ou un statut (femme, voisins) comme nous, nous appellons les animaux quand on les croise par hasard ("le chat", "le chien du voisin"...etc), alors que les chats ont tous un nom pour se différencier, à la façon de l'Homme. Bref, c'était plutôt sympa.
Par contre, s'il y a une symbolique particulière dans ce livre, et bien, je ne l'ai pas trouvé. Peut-être que cela se trouve plus facilement dans les kanji plutôt qu'à travers une traduction française. Le narrateur semble avoir joué sur l'écriture japonaise à un moment, il le montre par l'exemple d'un mot que lui et d'autres poètes n'orthographient pas de la même façon. Un trait ou un accent sur le kanji étant sans doute porteur d'un sens tout à fait différent.
Les descriptions que j'ai trouvé si ennuyantes sont malgré tout assez intéressantes dans le sens où le roman commence par la description d'un endroit particulier et finit par décrire ce même endroit d'une façon tout à fait différente, montrant à quel point le lieu a changé durant le roman. En fait, ça revient à dire que la situation initiale revient à son point de départ à la situation finale mais en ayant un aspect complètement différent. L'équilibre est de nouveau là, mais les péripéties du roman ont tout transformé (ou comment défendre son cours de méthodologie du travail universitaire...).
Ce roman est aussi fort autobiographique, le narrateur est un homme qui démissionne d'un travail dans une maison d'édition et qui décide de devenir lui-même poète. Je suppose que c'est en parti le récit de la vie qu'a mené Takashi Hiraide pour en arriver à être écrivain (tout d'abord poète). De plus, la description des décors semblent sortir tout droit d'un souvenir qu'on se remémore, ainsi que l'histoire avec Chibi et les habitants du petit quartier. Tout est peint dans une couleur similaire et on ressent beaucoup de nostalgie à travers le texte.
En somme, c'est un beau roman pour les amoureux des chats, mais pas que... Je le conseille, cela dit, il se lit vite et est très agréable. En plus de cela, malgré une intrigue pas si palpitante que ça, on rentre vite dans l'histoire et on voit se dérouler la vie des personnages et de Chibi.