L’oeil est celui de Romain Sylvestre. Parisien,...

Par Fabrice @poirpom

L’oeil est celui de Romain Sylvestre. Parisien, trentenaire, binoclard. Longtemps chevelu-touffu, hygiène douteuse et calvitie naissante auront eu raison de son aspect négligé. Il apparait désormais tondu comme un lapin albinos fournisseur d’Angora.
Romain est un parasite. De la pire espèce. Il abuse des prestations sociales (qu’il ose publiquement appeler salaire). Il consomme des produits stupéfiants comme des retraitées regardent Les Feux de l’Amour - méthodiquement et quotidiennement. Il possède même une Playstation.
Et c’est la France qui paye pour ce tétard qui vit en pyjama.
Lorsqu’il a un spasme d’énergie (une fois par mois), il sort marcher, un sac sur le dos. Dans sa besace, un Lomo LC-A+, un Diana F+, un Polaroid 600 et du papier périmé… des appareils gros comme des autoradios et monotâches comme Windows. Bouton, photo. On s’emmerde pas pour les réglages.
Et sur les images de Romain, rien de spécial. Une vague impression, tout au plus. Une sensation pour laquelle on cherche longtemps ses mots. Pas bien sûr, il faut faire défiler les clichés. Un sentiment diffus…
L’espèce humaine est un souvenir.
Ce sont des photos d’anticipation. Paris, Berlin, New York, Londres… Où qu’il soit, Romain réussit cet exploit: photographier le futur.

Quand le dernier bébé de l’espèce humaine crèvera de faim en beuglant sur un banc public dans les bras du cadavre de sa mère, notre planète civilisée ressemblera à cela. Un silence radio photographique.