London river

Par Gicquel

«  London river » de Rachid Bouchareb

Sortie cinéma : 23 septembre 2009
En DVD le : 3 février 2010

«Little Senegal » il y a neuf ans, c’était déjà lui.Rachid Bouchareb, le réalisateur, mais aussi, lui, Sotigui Kouyate, un comédien prodigieux qui lorsqu’il ne se produit pas sur scène, aux côtés de Peter Brook, fait de sublimes apparitions au cinéma. A l’époque, il jouait un vieux guide d’un musée africain ; le voici dans « London River » , garde forestier d’un vaste domaine qu’il parcourt avec la sagesse de celui qui sait.

Le réalisateur et l'acteur, une belle osmose

Depuis qu’il a quitté son Afrique, y laissant femme et enfants, l’homme est reclus dans son monde, qu’il doit maintenant abandonner  : Londres vient de subir plusieurs attaques terroristes, et son fils ne donne plus de nouvelles.
Pas très loin de là à Guernesey, une femme vit la même histoire. Elle laisse sa ferme, son potager et ses certitudes pour tenter de retrouver sa fille elle aussi sans voix depuis les attentats.
Leur rencontre dans la capitale sous tension est le sujet principal du film. Une rencontre contre-nature, inattendue, désespérée, puisqu’au malheur de l’absence, s’ajoute la répulsion immédiate de cette femme blanche pour un homme d’une autre civilisation. C’est l’autre sujet du film auquel  Rachid Bouchareb ajoute bien évidemment celui du terrorisme.

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Le tout mêlé avec discernement, intelligence et une perspicacité de mise en scène qui confine à l’épure. Une caméra très proche des acteurs, qui ne s’en éloigne quasiment jamais, même pour donner le ton d’une ville en peur. Ce qui se passe tout autour des protagonistes suffit à l’objectif . On est loin de la lourdeur insistante de «Indigènes » du même Bouchareb, pour des portraits dessinés tout en nuance, au milieu de cette quête menée à la façon d’un thriller.

Dans une ville qui lui est devenu étrangère, une mère cherche sa fille

Que sont réellement devenus les deux jeunes gens ? Aucun signe de vie sur les répondeurs téléphoniques, et pourtant un peu de lumière  ici ou là quand un témoin, un voisin, un ami soulève peu à peu le voile de leur vie londonienne. Une photo maintenant apparaît, un chemin nouveau, un espoir …
Sotigui Kouyate a reçu l’Ours d’argent à Berlin en 2009 pour son interprétation, et c’est tout à fait logique . Avec un minimum de moyens, de gestes et de paroles, le comédien révèle toute la tragédie de ses ancêtres, ce fardeau de l’Histoire dont il se charge à son tour, à sa manière.

Sotigui Kouyaté et Brenda Blethyn. Tout les oppose, et pourtant , ils se rencontreront

Par contre, je ne comprends pas que Brenda Blethyn soit absente du palmarès. Une grande comédienne elle aussi qu’il faut absolument voir dans « Secrets et mensonges » de Mike Leigh . Pour « London River » elle donne toute la mesure d’une mère éplorée par le doute et l’incompréhension, dépassée par des événements qui n’arrivent que chez les autres.
Car le réalisateur parle aussi de tolérance, tout aussi discrètement qu’il évoque le dialogue nécessaire entre les cultures. Ca peut paraître rabâché, prévisible,mais il faut sans cesse le répéter. Et de cette manière, il n’y a rien à dire.

AUCUN BONUS