Journal d'Italie. Trieste - Bologne, de David B.

Par Clementso
Des carnets de voyages, les bibliothèques en contiennent au kilomètre : d’Afrique, d’Inde, de Chine et d’ailleurs ; racontant des expéditions, des conquêtes et même des pillages. Ils s’appellent Segalen, Kessel ou Bouvier. Et David B., dans un autre style. Ses voyages se passent surtout dans sa tête. En Italie, au passage.
Entre Trieste et Bologne, il y a quelque deux cents bornes pour tout le monde. L’auteur de L’ascension du haut mal, lui, compte un peu plus de cent cinquante pages. C’est qu’il voit les choses différemment, avec un œil qui croque poétiquement les situations banales pour en tirer des histoires, des contes magnifiques qui prennent le sens qu’on a envie de leur donner, selon l’humeur du moment.
Qu’est ce qui s’est concrètement passé pendant ce voyage ? Il est resté un moment chez la grand-mère de son amie Ilaria, à Parme. Elle ressemble à un lutin. À la terrasse du café, il a lu le journal, en s’arrêtant plus particulièrement à la rubrique des faits-divers. Et… C’est à peu près tout. Le reste, il le connaissait avant : les films de mafia à commencer par Le Parrain et Lucky Luciano. Pourtant…
 
On lui envie cette façon de sortir de soi et de se glisser dans les méandres des événements qui l’entourent, pour ensuite les faire exploser dans de grands dessins.
Les personnages prennent des formes étranges, faces de pistolet, rats géants ou humains minuscules, malfrats à la petite semaine grimés en mutants, tous y passent, et on a du mal à en revenir. Gébé aurait parlé d’un pas de côté ; lui, c’est un bond qu’il fait.
On peut le lire, et le relire. Pour se délecter de ces planches savamment organisées, de ces petits détails qu’on ne voit qu’à la deuxième, ou troisième lecture. Et repenser, encore et toujours : comment sa copine a pu supporter un type constamment dans sa tête, pendant deux mois ?

Le tome 2 est attendu avec impatience.