Ciné Mix [Janvier 2010]

Par Lulla

COMPLICES

   Dès le premier regard, Vincent et Rebecca se sont aimés. Insouciants, du haut de leurs 18 ans, ils brûlent la vie par les deux bouts. Lorsque Vincent lui annonce qu'il se prostitue pour gagner sa vie, Rebecca demande à assister à ses passes. Quelques semaines plus tard, le corps mort du jeune homme est repêché dans le Rhône. Rebecca a disparu. Que s'est-il passé ? Les inspecteurs Cagan et Mangin mènent l'enquête et découvrent une réalité sordide... // Complices n'est pas le film le plus fun de ce début d'année, c'est certain. Il est glauque, à l'image de la prostitution; il est cru, mais fait preuve d'un grand réalisme; et il est bon, car les acteurs ont beaucoup de talent, que ce soit le duo de jeunes acteurs (Cyril Descours et Nina Meurisse) ou le duo d'adultes (Emmanuelle Devos et Gilbert Melki), qui nous font entrer dans l'intimité de leurs personnages avec naturel. L'alternance présent/passé est la bonne idée (pas révolutionnaire) qui permet de faire d'un meurtre sordide mais tristement banal quelque chose de plus complexe et de plus en plus inquiétant. L'enquête en elle-même, bien qu'un peu bâclée parfois, vaut avant tout pour ses deux protagonistes loin des flics clichés habituels. Ils sont plus humains donc plus émouvants. Je ne regrette qu'une seule chose : que les motivations de Vincent pour se lancer dans la prostitution ne soient pas explicitées. Même si on s'en doute, ça aurait permis de rendre ses faits et gestes plus compréhensibles. A part ça, chapeau bas.   



UNE PETITE ZONE DE TURBULENCES

   Jean-Pierre, récemment retraité, est hypocondriaque. Anne, sa femme, le trompe avec un ancien collègue de bureau. Sa fille Cathie, divorcée et mère d'un petit garçon de cinq ans, vie avec Philippe, un "brave" garçon, que Mathieu, le frère homo de Cathie, appelle "Bac moins six". Alors lorsqu'il se découvre une tâche au niveau de sa hanche droite, Jean-Pierre imagine le pire et traverse ce qu'il appelle "une petite zone de turbulences" en embarquant toute sa famille avec lui... // Quand une comédie française est bonne et sans prétention, il faut le dire ! C'est le cas de ce film hautement sympathique qui ne révolutionne rien mais qui ose quand même aborder des sujets délicats (la peur de la mort, la crise de la cinquantaine, l'homosexualité) sur un ton léger et jamais vulgaire. Tous les acteurs sont bons. Michel Blanc fait du Michel Blanc. Son personnage n'est jamais loin du pathétique mais c'est ce qui le rend si drôle et si attachant. Miou-Miou brille encore et toujours pas son naturel. Mélanie Doutey est fraîche et ravissante même au bord de l'hystérie et Cyril Descours est une jolie révélation. L'ensemble est grinçant et séduisant mais aurait mérité une réalisation un peu plus inspirée, histoire de ne pas passer aux yeux de certains pour un  simple "téléfilm". 


PLEIN SUD

  C'est l'été, Sam part à la rencontre de sa mère qu'il n'a pas vu depuis des années et qui habite désormais en Espagne. En chemin, il prend en stop un frère et une soeur un peu perdus qui fuient sans but précis leur quotidien... // La promesse d'un road-movie sensuel n'est pas tenue : au lieu de ça, on nous emmène dans un voyage au bout de l'ennui, que même le soleil n'arrive pas à éclairer. La peau dorée des acteurs jeunes et beaux ne suffisent pas à rendre leurs dialogues intéressants. Ils sont pourtant talentueux mais tout sonne creux. On ne nous épargne aucun cliché, les personnages en représentent tous un, à l'extrême. Rapidement, l'histoire ne se centre plus que sur l'un d'entre eux, au point d'effacer les autres, devenus inutiles. On se demande alors pourquoi avoir entamé des intrigues les concernant. De l'émotion, il n'y a presque pas. Quand elle commence à poindre, elle est balayée par une ligne de dialogue inspide ou une scène d'une lenteur inexplicable. Le réalisateur, Sébastien Lifshitz, raconte en plus une histoire semblable à celle de son premier film, Presque Rien, mais en beaucoup moins inspiré. Plein Sud est complètement à l'Ouest.


I LOVE YOU PHILLIP MORRIS

   L'histoire vraie d'un ex-flic, ex-mari, ex-arnaqueur aux assurances, ex-prisonnier modèle et éternel amant du codétenu Phillip Morris. Steven Russell est prêt à tout pour ne jamais être séparé de l'homme de sa vie. Ce qui implique notamment de ne pas moisir en prison. Jusqu'où peut-on aller par amour? Très loin si l'on en croit l'histoire incroyable de Steven Russell, un génie de l'évasion rattrapé par son romantisme. // Jim Carrey était sans doute plein de bonnes intentions en voulant faire ce film mais comme souvent, sa maladresse a pris le dessus. Du coup, c'est raté et le message de tolérance souhaitant être véhiculé, entre autres, ne passe pas. On assiste au départ à une liste de clichés qui n'honorent personne puis à une tentative d'émouvoir qui restera vaine jusqu'au bout car Jim Carrey n'est pas un acteur multi-facette. Il sait faire rire, parfois, mais il ne sait pas faire pleurer. Il entraîne Ewan McGregor dans sa chute et c'est ça le plus terrible. J'ignore à quel point cette histoire vraie a été romancée pour le cinéma mais rien ne paraît jamais crédible, c'est une suite de coups de chance et d'heureux hasards et c'est juste super irritant de les voir s'aligner pendant 1h30. Au final, on ne sait pas bien si l'on vient d'assister à une comédie à peine amusante ou à un drame complètement raté. C'est surprenant dans un sens mais des surprises comme celle-là, on s'en passerait bien !