Haenel, Sollers, Karski, Lanzmann and Co

Par Sergeuleski

Pourquoi ce qui est dit serait-il nécessairement ce qui nous est donné à comprendre ?

Toutes les déclarations, les analyses, tous les commentaires ne sauraient en aucun cas prétendre à une exhaustivité qui forcerait le silence.

 Un nouvel angle de vue et d’attaque nous est proposé, et c’en est fini : tout est à re-penser.

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Au sujet de l'ouvrage de Yannick Haenel et de la polémique que Claude Lanzmann semble vouloir lancer contre son auteur, six mois après sa sortie chez Gallimard - ouvrage consacré à Jan Karski, héros de la résistance polonaise qui aura vainement alerté les alliés sur les risques d’extermination des juifs d’Europe...

On mentionne la thèse suivante : les Alliés (USA et Grande Bretagne) ont été complices de la Shoah en ne faisant rien. Aussi, l’attitude des Américains ressemblerait fort à un crime pour non-assistance ; crime à la racine duquel l’on trouvera un « antisémitisme d’État », avéré : du point de vue des Américains, il était heureux que les nazis exterminent les Juifs.

L’auteur réfute l’idée de thèse et parle de fiction, d'œuvre d’imagination.

Quant aux liens entre la fiction et l’Histoire...

Gratuites et stériles, cette affirmation fictionnelle, cette gaffe en forme de thèse appuyée par un éditeur nommé Sollers, pas mécontent de mécontenter ceux qui pensaient l’avoir comme allié… et pour que l’on ne l’oublie pas entre deux publications ?

Avec cette affirmation d’écrivain attaché à la fiction dans des faits qui touchent à l’Histoire, on parle de l’idée que le monde civilisé s’est opposé au régime Nazi en traînant les pieds.

D’aucuns aimeraient en appeler à la controverse intellectuelle et historique avec cet ouvrage derrière lequel se cachent un auteur et des opinions qui sont les siennes ; opinions qu’il peine manifestement à assumer…

Et pour cause…

Disons les choses : Haenel, c’est Lanzmann à qui l’on coupe l’herbe sous le pied ; un Lanzmann relégué au rang de Fanfan la tulipe de la Shoah.

Nombreux sont sans doute ceux qui l’ont rêvé ;  et Haenel l’a fait : le crime de tous les crimes doublé d'une trahison de toutes les trahisons cette non-assistance à un peuple en danger de mort  ! Coup de poignard dans le dos de la part de deux alliés que l’on disait irréprochables : après l’Allemagne, la Pologne, le régime de Pétain, l’Europe incurablement antisémite, arrivent alors les USA et la Grande Bretagne.

Même Lanzmann n’aurait pas osé ; Lanzmann s’ étant toujours contenté d’une Pologne dans laquelle il n’y a rien à sauver, selon lui, une Pologne retorse sous l’URSS, muette dans l’Europe, et d'une Allemagne moralement à genoux, repentante à souhait, même si économiquement elle n’en fait qu’à sa tête.

Une Pologne bouc émissaire dans l’entreprise de condamnation et de culpabilisation de l’Europe au sujet de son antisémitisme, en échange d’une immunité pour les Etats-Unis devenus depuis la fin des années 60 le bailleur de fonds d’Israël, une fois l’Europe muselée, interdite de parole critique quant à la politique déshonorante de cet Etat vis à vis des palestiniens.

Haenel brise ce consensus (tabou ?) en plaçant les Etats-Unis sur le banc des accusés de l'antisémitisme (à moins que ce tabou ait été transgressé à dessein, avec le soutien de ceux qui l'ont entretenu, contre l'Amérique d'Obama, à titre préventif ?!).

Car enfin...

Secret de Polichinelle l’indifférence des Etats-Unis face aux menaces d’extermination des juifs d’Europe (et pas seulement sur cette question !)

Mais il est vrai que cela va toujours tellement plus mal en le disant !

Lanzmann qui a un grand, très grand souci d’Israël ne peut que s’en désoler, confronté à une jeune génération sans doute ignorante des enjeux géopolitiques qui se cachaient et se cachent aujourd’hui encore, derrière cette immunité accordée aux USA et une Pologne bouc émissaire pour expier les crimes antisémites d'une Europe qui s'étend de Brest à Vladivostok.

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   In fine, beaucoup de bruit pour pas grand-chose cet ouvrage et la polémique qui oppose Haenel et Lanzmann, quand on sait qu’aucune nouvelle « vérité » historique ne sortira de cette confrontation factice ; et sur le plan littéraire, on n’y aura trouvé aucune écriture digne de ce nom… dans le dernier ouvrage de Haenel.

   Aussi…

   Perdant pour perdant…

   C'est encore la littérature que l'on passe à la trappe.

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