(UK) Being Human : series 2, episode 4

Publié le 02 février 2010 par Myteleisrich @myteleisrich

Being Human continue sa progression dans une saison 2 décidément solide et qui semble plus maîtrisée que la première. La série suit désormais une routine bien huilée, confirmée par ce quatrième épisode qui permet de s'intéresser à chaque membre de notre trio, en continuant à développer leurs storylines. La tonalité reste à dominante sombre, et le téléspectateur ressent de plus en plus fortement que tout ne pourra pas se terminer bien.

Dans cette atmosphère assez pesante, c'est à nouveau à Annie qu'échoit les quelques bulles d'optimisme de l'épisode. La jeune femme rencontre un autre fantôme, plus ancien, Sykes, qui va accepter de lui enseigner quelques fondamentaux sur sa condition de morte. Cela commence par une technique vitale : parvenir à échapper aux gardiens de la porte conduisant dans l'au-delà, qui ne cessent leur offensive contre Annie. N'ayant encore jamais eu d'enseignants/mentors, à la différence de George, par exemple, la saison passée, c'est intéressant de donner à la jeune femme l'occasion de s'épanouir. Même si la conclusion de l'histoire ne fait guère de doute, en dépit du faux suspense assez artificiel que les scénaristes tentent d'instaurer, c'est un perfectionnement bienvenue pour ce personnage, elle qui est désormais de nouveau invisible. De plus, la storyline va permettre de clôre définitivement l'enjeu autour de la porte, qui la hantait depuis le début de saison : désormais, cette épreuve réussie, elle ne traversera la porte que de sa propre volonté, sans y être forcée.

J'ai bien apprécié cette storyline pour plusieurs raisons. Le personnage d'Annie apporte incontestablement une fraîcheur et un certain optimisme, ou une insouciance, que ses compagnons ne peuvent atteindre actuellement. Son dynamisme est contagieux ; et, finalement, elle offre un parfait contraste par rapport aux histoires plus sombres et pessimistes qui entourent George et Mitchell. Cela confère une équilibre de tons intéressant à la série. De plus, la présence de l'excellent Bryan Dick en guest-star est toujours un plaisir à savourer ; la dernière où il lui confie son histoire était particulièrement touchante et très bien jouée.

Heureusement qu'Annie permet d'apporter un peu plus de légèreté à un épisode qui, sinon, semble avant tout destiné à nous montrer le glissement toujours plus dangereux de nos deux autres héros.

Désormais "roi" des vampires de la ville, Mitchell s'efforce de les canaliser. Pour cela, il ordonne de cesser toute attaque contre les humains et, finalement, parvient à une nouvelle idée qui ne manque pas d'originalité : instaurer des réunions pour "Blood-Addict Anonyms".

Dans cette optique, Mitchell reçoit l'aide quelque peu inattendue d'Ivan, toujours présent pour assister à l'éventuel plongeon dans le chaos de la ville. Ce personnage versatile apparaît toujours aussi difficile à cerner. S'il apporte un soutien décisif aux projets de Mitchell, en entraînant plusieurs autres vampires à sa suite dans le programme mis en place, il contribue également à saper un peu plus les bases morales de leur dirigeant. En effet, Ivan se révèle incapable de résister à l'appel du sang ; et Mitchell incapable de le lui imposer. Les deux vampires parviennent à un compromis encore plus pernicieux : Ivan continuera d'intervenir dans les réunions, alors même qu'il n'essaie plus de se sevrer.

La scène où Mitchell lui offre une victime, attachée et enfermée au fond d'une des cellules de leur quartier général, est hautement symbolique. C'est un sacrifice moral de plus réalisé au nom d'un intérêt collectif supérieur : le soutien apparent d'Ivan est déterminant pour la réussite du projet de Mitchell. Mais jusqu'où ce dernier peut-il aller sur cette dangereuse pente sans franchir le seuil de non-retour qui paraît, à chaque épisode, se rapprocher dangereusement ? Ses contours moraux sont de plus en plus flous ; la responsabilité d'une communauté achève de relativiser nombre d'actes qu'un observateur extérieur ne pourrait que réprouver.

Enfin, en parallèle, le contrôle du loup est la thématique qui transcende la dernière grande storyline.

En réaction à sa rupture avec Gina, après l'apathie de la semaine précédente, George manifeste soudain le besoin de reprendre sa vie en main. Pourquoi ne pas repartir de l'avant, sa condition de loup-garou ne l'handicapant qu'une nuit par semaine ? En quelques jours, il va réussir à décrocher un nouveau travail, rencontrer une nouvelle petite amie potentielle... Mais le jeune homme commet la naïve erreur de croire qu'en lui, ses deux natures seraient soigneusement cloisonnées, le loup n'apparaissant qu'avec la pleine lune. Ayant acheté une cage, il absorbe des somnifères la nuit de la pleine lune, de façon à ce que sa transformation se passe le plus calmement du monde. Si, pour la première fois, il peut se rassurer sur ses actions lors de son "black-out", les choses échappent ensuite rapidement à son contrôle. Le loup qui est en George s'agite et se manifeste en pleine journée, George ayant des sautes d'agressivité et de violence brutales. Il apprend là une cruelle leçon : il n'est pas possible d'écarter, d'oublier le loup qui est en lui ; ce dernier est une part de sa nature bien plus profonde qu'il ne l'avait admis jusqu'à présent.

La pleine lune est aussi l'occasion pour l'organisation secrète d'expérimenter sur un sujet volontaire : Nina. Cependant, à mesure que nous découvrons les ressorts et les motivations qui gouvernent ses membres, le téléspectateur constate que tous n'ont pas exactement les mêmes aspirations. Lucy apparaît sous un jour bien plus humain que la révélation finale de la semaine passée aurait pu nous le faire croire. Loin d'être aussi manipulatrice que son collègue, elle connait la nature de Mitchell, mais elle paraît prête à se raccrocher à la volonté de changement affichée par ce dernier. (Elle risque cependant de vite déchanter en découvrant la réelle ampleur de ces "changements" au vu du chemin emprunté récemment par le vampire.)

La tension continue donc de monter ; la confrontation chaque épisode plus inéluctable... mais le téléspecatteur n'est pas vraiment surpris que Nina survive grâce à l'intervention de Lucy ; c'est à peine s'il a resenti une petite inquiétude : dans Being Human, tout est toujours très policé. En un sens, il était encore trop tôt pour un tournant si dramatique alors que nous abordions la mi-saison.

Bilan : La série poursuit le développement de ses intrigues sur un rythme de croisière qui est loin d'être déplaisant. L'équilibre est bien trouvé entre chaque personnage, aucun n'étant privilégié au détriment des deux autres ; ce qui donne un ensemble soudé et homogène qui se suit aisément. Sans sortir du lot, cet épisode se révèle solide et sans temps mort, tout en posant des pistes nouvelles pour la suite de la saison.


NOTE : 7,5/10