Monumenta mortifera

Publié le 03 février 2010 par Rendez-Vous Du Patrimoine


Cliché I. Rambaud
Après Kieffer et Serra, Boltanski donc, sous la verrière du Grand Palais avec "Personnes", ses oripeaux et sa désespérance.Trois années, trois artistes vivants, trois monuments, trois façons de donner à voir le monde. Réellement trois façons ? Avec le recul, l'esprit commun aux trois saisons saute aux yeux.Le lieu se prête avec bonheur au gigantisme et à la représentation monumentale d'oeuvres "en 3D", des installations qui occupent magistralement l'espace. Mais ce n'est pas le bonheur qu'on y vient chercher. La réflexion, l'interrogation, la surprise, l'étonnement, l'émotion grave oui, mais le bonheur, l'espérance nullement.  On sait l'homme dominé par la nature, écrasé par ses propres démons. L'au-delà reste une hypothèse, un pari au sens pascalien. Le XXe siècle nous a terrassé avec deux guerres mondiales, la bombe atomique, les camps d'extermination... Le XXIe siècle poursuit ces atrocités avec le 11 septembre et ses conséquences. Que les artistes ne s'en soient pas remis et nous proposent autre chose que de la peinture sur porcelaine, c'est dans l'ordre du monde, qui est ce qu'il est.Mais faut-il imposer aux générations suivantes, à la jeunesse si malmenée (et à nous-mêmes) une vision si mortifère, en sus de celle qu'elles découvrent quotidiennement à la télé, sur internet et dans leurs jeux vidéo ?2011 ne pourrait-il offrir aux visiteurs du Grand Palais un artiste lucide, grandiose et tonique à la fois, s'il existe ? Un artiste qui n'aurait pas besoin du prétexte du patrimoine et de son usage pour s'exposer au plus grand nombre ? Un artiste d'une certaine façon moins académique ?Ou l'art monumental ne peut-il engendrer que douleur et introspection tandis que l'espérance se logerait dans les petites choses, humbles, discrètes et mesurées ? Ailleurs que sous la verrière du Grand Palais ?Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !