Vive la crise du disque ! Emmanuel Torregano

Par Clementso

Vive la crise du disque ! est en soi un titre très provocateur. Emmanuel Torregano journaliste, témoin de la révolution numérique dans le milieu de la culture, s’intéresse de très près au monde de la musique. C’est une enquête de plusieurs pages qui réunit cinq chefs d’orchestre de l’industrie de la musique (de la production en passant par la SACEM) avec entre autres Pascal Nègre (PDG d’Universal Music France).
C’est la fête de la musique ? pas pour tout le monde
Une enquête version back stage de l’industrie qui donne des chiffres, des questions, des réponses et une évidence, le boom de l’ADSL est une des raisons de la crise. Début des années 90, on troque sa platine vinyle pour les compacts disques, le minitel pour internet et nous voilà dans la diffusion du son dans l’éther du net avec P2P. (Comprenez Peer to Peer).
Cette France pense être le crabe qui ne tombera pas dans le panier et se considère comme une exception culturelle ! Vous n’y pensez tout de même pas ? Le virus frappera plus fort.

« Je dis, argent, trop cher, trop grand, la vie n'a pas de prix… » (Telephone)

Chaque intervenant de l’industrie du disque va donner de son point vue autour d’un disque rayé des raisons aux conséquences ne pointant jamais du doigt directement le piratage. En effet, pour eux, il y a une réelle logique : pourquoi payer alors que tout est en libre accès ? Alors que faire ? Des nuances existent et pour cause : tout est une question d’argent, d’intérêt. On joue avant tout à « j’essaie de perdre le moins de plume au passage ». Le livre met bien en évidence que l’industrie du disque est avant tout une start-up. Alors dit comme ça forcément, il faut de grandes mesures aux grandes urgences. Et l’urgence est indéniablement l’argent.
Une vision des PDG, très bien, mais où est celui du consommateur ?
L’enquête de 172 pages se place indiscutablement du côté de l’économiste. Inutile de sortir de HEC pour comprendre l’enquête, encore qu’une bonne culture des répartitions des rôles s’impose. Avec des chiffres, des propositions de taxes, des graphiques et des références à la nouvelle manière des auteurs-compositeurs de promouvoir leur album. Chacun y va de son histoire, de son expérience.
Pendant plusieurs années, les maisons de disques n’ont pas cru que le support en lui-même (CD) était à remettre en question. Les compiles en tous genres furent la perte de toute crédibilité musicale. Le manque de réactivité pour imposer une bande de téléchargement en temps et en heure (mettant un argent fou dans les verrous numériques (DRM, ou Digital Right Management, ou encore verrous anti-copie), chose qui a accru considérablement le piratage) pousse les maisons de disques à camper sur des positions obsolètes, demandant à l’État d’intervenir au plus vite… et qui dit vite dit plusieurs années plus tard !

Crise du disque et après ? On fait quoi ?

Après avoir passé en revue l’histoire de l’économie du disque et les nouveaux outils de diffusion de la musique (mp3), à la question « on fait quoi ? » la réponse n’est pas donnée. Et après ? Après rien… à suivre… le titre, « Vive la crise du disque » n’est autre qu’un titre qui met en relief le problème de fond. La crise du disque serait en fait le moyen de contrer la crise du cinéma et du livre. Voilà en quoi cette crise serait si « géniale ». L’idée serait d’apprendre de tous ces rendez-vous manqués pour ne pas être de nouveau empêtré dans une crise plus complexe avec le livre ou la presse.