Musée du Louvre : L'esprit d'escalier

Publié le 05 février 2010 par Louvre-Passion

Faire appel à des artistes vivants pour décorer le Palais est une tradition au musée du Louvre. En 1851 Delacroix peint « Apollon vainqueur du serpent Python » pour le plafond de la Galerie d’Apollon, en 1953 ce sont « Les oiseaux » de Georges Braque pour le plafond de la salle Henri II et en 2007 le décor de l’escalier nord de l’aile Sully, crée par Anselm Kiefer.

La nouvelle création, inaugurée la semaine dernière, est « L’esprit d’escalier » commandé à François Morellet, un artiste contemporain français, peintre, graveur et sculpteur, considéré comme l’un des acteurs majeurs de l’abstraction géométrique. Il est l'auteur en France de plusieurs commandes publiques, dont une à la Défense et une autre dans le jardin des Tuileries (Arcs de cercle complémentaires, 1999).

Le décor est installé dans l’escalier Lefuel, une des réalisations les plus emblématiques de l’architecture du XIXe siècle, qui fut édifié entre 1852 et 1858 dans l’aile nord du Louvre, appelée aussi aile Richelieu. Cet escalier monumental en pierre blanche, très richement décoré de multiples sculptures, est éclairé par des ouvertures qui donnent tantôt sur l’extérieur, tantôt sur l’intérieur du musée.

François Morellet a redessiné les baies et les oculus de ces ouvertures. Le terme oculus est synonyme d'œil-de-bœuf, c’est une ouverture ronde ou ovale destinée à donner du jour. Pour chaque baie, il a réalisé un dessin inversé de la grille existante, qui se superpose de manière décalée à l’ancien découpage. J’ai bien aimé ce décor bien visible mais qui laisse passer la lumière sans écraser l’ouverture existante. Le démontage des verres anciens de l'oculus central a permis de retrouver l'ancienne perspective traversant les salles des objets d'art. L'artiste a souhaité la laisser libre, ne tenant pas "à faire un décor symétrique et identique sur tout l'escalier", mais préférant "s'adapter à chaque contexte et profiter du hasard". Son dessin me fait penser à une sorte de représentation astronomique avec des orbites de planètes.

Le titre « L’esprit d’escalier » fait référence au lieu, mais c’est aussi une expression populaire. Il arrive parfois que dans une conversation on ne trouve pas la bonne répartie au moment voulu, elle nous vient plus tard, au moment où on descend l’escalier. C’est ce que l’on appelle précisément « avoir l’esprit de l’escalier ». Même un grand écrivain comme Rousseau raconte dans ses Confessions comment il aurait pu faire d’excellentes conversations …. par correspondance.