Vie et Vanités.. au Musée Maillol-Fondation Dina Vierny

Publié le 06 février 2010 par Artyficielles

Jan Fabre, L'oisillon de Dieu, 2000 Crâne, ailes de coléoptères, perruche empaillée Collection particulière © Didier Michalet / Adagp, Paris 2010

J’ai un lien très personnel et particulier avec le Musée Maillol : je m’y sens comme à la maison. Les expositions y sont aussi inattendues que magnifiques : la dernière ne déroge bien sûr pas à la règle : « C‘est la vie ! » sur les Vanités.

Depuis la nuit des temps, la mort est le grand drame de l’homme. Les vanités, expression de la fuite du temps qui passe, ont à travers l’Art, traversé les siècles.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’une vanité ? Wikipédia dit : « Une vanité est une catégorie particulière de nature morte dont la composition allégorique suggère que l’existence terrestre est vide, vaine, la vie humaine précaire et de peu d’importance. Très répandu à l’époque baroque, particulièrement en Hollande, ce thème de la vanité s’étend à des représentations picturales comprenant aussi des personnages vivants comme Les Ambassadeurs d’HolbeinLeur titre et leur conception sont issus de la rengaine de l’Ecclésiaste, un livre de l’Ancien Testament (Bible) : « הֲבֵל הֲבָלִים הַכֹּל הָֽבֶל » (vanité des vanités, tout est vanité). Le terme traduit par « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ». Le message est de méditer sur la nature passagère et vaine (d’où « vanité ») de la vie humaine, l’inutilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette. C’est en même temps un élément essentiel à l’émergence de la nature morte en tant que genre. Si la nature morte existe pendant la Grèce (rhopographie) et la Rome antiques (mosaïques de Pompéi), elle disparaît pendant un millénaire de la représentation picturale classique car l’art byzantin ne l’utilise pas.

Si les objets au Moyen Âge peuvent figurer dans la peinture traditionnelle (groupe, situation…), c’est parce qu’ils ont un sens. Dans les vanités, les objets représentés sont tous symboliques de la fragilité et de la brièveté de la vie, du temps qui passe, de la mort. Parmi tous ces objets symboliques, le crâne humain, symbole de la mort, est l’un des plus courants. On retrouve ce memento mori (souviens-toi que tu mourras) dans les symboles des activités humaines : savoir, science, richesse, plaisirs, beauté… Les vanités dénoncent la relativité de la connaissance et la vanité du genre humain soumis à la fuite du temps, à la mort (…). La nature morte n’apparaît comme genre qu’au xviie siècle (…). Le temps et la mort ne cessent de vouloir être captés par les artistes. On retrouve à travers cette volonté de capter l’insaisissable, la liaison entre les vanités classiques et contemporaines.

Zurbaran, Saint François agenouillé

Ce qui m’a littéralement coupé le souffle dans cette exposition c’est bien :

- d’une part, la rareté des pièces : par exemple, un Caravage issu d’une collection particulière Saint Jérôme écrivant (quand l’on sait que les œuvres de ce grand maître sont rarissimes – il a très peu produit – et que la plupart de ces dernières se trouvent soit dans les musées soit dans les églises italiennes, on est bluffé par le travail de la commissaire de l’exposition)

- d’autre part, la scénographie qui juxtapose avec finesse le Contemporain à l’Ancien.

Est ainsi (dé)montré le côté éphémère de la Vie qu’il faut donc « croquer » pleinement comme si chacun de nous allait demain la quitter.

160 œuvres réunies : crânes, squelettes et «Memento mori» (« Souviens-toi que tu mourras ») à tout va ! Peintures, photographies, sculptures, bijoux, manuscrits….

Tous les artistes présentés, Zurbaran (Saint François agenouillé), Jean-Michel Basquiat, Spoerri, Georges de La Tour, Jan Fabre, Damien Hirst, Caravage, Yan Pei-Ming, Philippe Pasqua, Mapplethorpe (dans un Autoportrait saisissant au regard fixe et lointain, l’artiste se met en scène, condamné par la maladie, et anticipe sa mort proche), etc., se côtoient avec aisance et conversent avec le plus profond des respects..

De Pompéï au XXIème siècle, le Vanité est éternelle et son expression artistique sans limites ..

Caravage, Saint François en méditation, Collection particulière

http://www.museemaillol.com/index2.html

Fondation Dina Vierny-musée Maillol
61 rue de Grenelle 75007 Paris
Tél: 01 42 22 59 58
Métro: Rue du Bac
www.museemaillol.com
Jusqu’au 28 juin 2010
Tarif: 11 euros
Tarif réduit: 9 euros
Gratuit pour les moins de 11 ans