Du karcher à la burqa

Publié le 07 février 2010 par Xylophon

D'abord il y a eu ce discours méprisant sur une banlieue qui fallait nettoyer au karcher. Cette stigmatisation de la banlieue pendant la campagne présidentielle, avait sans doute fait plaisir à quelques électeurs, mais les jeunes qui y vivent avaient subi la double peine: en plus d'y subir un taux de chômage de 20%, ils étaient désormais considérés comme de la "racaille" principale responsable du taux de délinquance en France.

Depuis Sarkozy n'a pas réédité le mépris verbal, mais n'a pas pour autant proposé de réponses autre que policière. Le plan banlieue-Marshall de Fadela Amara- l'ensemble des éditorialistes le reconnaisse-est un échec. Le discours sarkozyste n'a fait que renforcer les antagonistes sociaux entre une France d'en haut "irréprochable" et des jeunes de banlieues "sauvageons irrécupérables".

Toujours dans la continuité de cette thématique de la banlieue qui aura été donc volontairement rattachée à la question de l'insécurité, sans poser les questions de mixité sociale ou d'aménagement du territoire, on est passé rapidement à la question de l'immigration.

De la questions des sans papier à Sangatte, on a rapidement glisser vers le débats sur la thématique de l'identité nationale. Le quota des sans papiers expulsés de France ont été bien respectés à la fois par Brice Hortefeux et par Eric Besson, le discours sur qu'est-ce qu'être français a délié les langues de certains qui ont saisi l'occasion pour exprimer le fond de leur pensée. Enfin, certains français depuis des générations eux même, ironie de cette triste histoire, ce sont retrouvés pendant un temps sans papier. On a parlé de personnes connues dans les médias comme Anne Sinclair, mais cette dérive administrative a touché de nombreuses personnes en France.

Finalement comme un point d'achèvement nécessaire, on a fini par associé la thématique de l'immigration à celle de la religion. En parlant des minarets, des mosquées, puis du voile et en particulier du voile islamique, la burqa. Comme si le sujet était un sujet vital pour une France menacée par des islamiques barbus menaçant notre cher pays catholique, un projet de loi est en attente.

Banlieues-Insécurité-Immigration-Identité-Burqa sont la construction d'un programme linéaire médiatiquement construit par Sarkozy pour mettre en exergue des thématiques porteuses électoralement qui sont bien loin de la préoccupation des français. Pire, cette idéologie de la peur, du rejet de l'autre, installe des schémas cognitifs dont on n'a pas encore mesuré les effets.

Jeudi, je suis assise dans le métro qui est stoppé. En face de moi sur le quai, se trouve une jeune femme voilée. Ce n'est pas une burka mais un simple voile qui couvre les cheveux et laisse apparaitre le visage. La jeune fille est souriante, moderne, elle a un téléphone portable rose à la main. Je m'arrête sur son visage et commence à m'interroger sur son choix de porter ce voile. Je commence à regarder autour d'elle pour voir si un homme ne l'accompagne pas, à m'interroger si elle parle français.

Puis je cesse cette réflexion absurde. J'ai tout à coup honte de moi. Elle est jeune, sans doute française, elle a peut-être mon age, suit peut être des études d'ingénieur ou de commerce dans une des prestigieuses écoles de la capitale. Elle est musulmane. C'est son droit et qui suis-je pour porter un quelconque jugement sur ce choix.

Voilà le danger à mon sens de le danger de politique de Sarkozy: à force de multiplier les sujet, sans poursuivre la réflexion et le traitement nécessaire à chacun d'entre eux, à force de vouloir additionner les thématiques sans qu'elles aient cohérences entre elles, le risque est grand de voir se multiplier les amalgames et donc de stigmatiser et d'exclure une partie de la population française.

Sous couvert de l'unité républicaine, Sarkozy s'essaie à la construction d'un monde homogène.
Sa politique n'est pas construite mais distillée par petites touches sur des sujets,certes sensibles médiatiquement, mais qui n'ont pas d'impacts sur la vie quotidienne des français. Son programme présidentiel est construit par antagonismes.

Après presque 3 années sous Sarkozy, Du karcher on s'est pour l'instant arrêté à la burqa.

Il nous reste encore sans nul doute pendant les 2 années à venir d'autres thématiques passionnantes à découvrir...

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