Saltarello, Matthieu Dhennin

Par Clementso

Loin des prouesses pyrotechniques du roman historique à l’américaine, SALTARELLO prend le parti des troubadours. Un récit médiéval à l’ancienne mode, que je verrais bien à l’écran façon Fanfan La Tulipe : l’image tremblante sur les côtés, la couleur quelque peu grisée, et Gérard Philippe sautillant dans ses guêtres, l’épée à la main.
Sur le fond, rien de commun pourtant avec les aventures de Fanfan, soldat qui rêvait d’épouser l’une des filles de Louis XV. SALTARELLO concentre l’intérêt sur le personnage de Nicolas Flamel, bourgeois parisien, libraire et copiste de son état, à qui sa réputation d’excellence vaut les faveurs de la famille royale. Autour de lui, gravitent des membres représentatifs de la société de cette époque : bouchers, scientifiques, femmes de lettres et membres du clergé.
La légende attribue à Nicolas Flamel des talents d’alchimiste tels qu’ils lui auraient permis de découvrir la pierre philosophale, qui garantit l’immortalité à son détenteur et permet de changer les métaux en or. La particularité du récit est de se cristalliser sur cette question sulfureuse - Nicolas Flamel possédait-il les talents qu’on lui prête ? – sous l’angle d’une enquête quasi policière.
Le père Alix de Rougemont tient en effet Flamel responsable de la mort, il ya des années, de son mentor Nicole Oresme, et n’aura de cesse de prouver son commerce avec le démon. Alors, qu’en est- il ?
La santé mentale du père de Rougemont se révèle de plus en plus fragile à mesure que son désir de vengeance grandit. Mais Nicolas Flamel et son frère Jehan entourent leurs activités d’un certain mystère.
Sous ce prétexte, SALTARELLO donne à voir, et même respirer, le Paris du XIVe siècle, avec des descriptions hautes en couleur, qui présentent sous un angle inédit ces lieux familiers aux Parisiens : la place du Chatelet, le château de Vincennes ou encore l’île Saint-Louis. Je donne une mention spéciale aux personnages du boucher Aubry Haussecul et son ami le cuisinier Taillevent, au franc-parler pas piqué des hannetons. Ils permettent de rehausser le ton du récit, qui au reste m’a semblé assez lisse et parfois trop didactique.