La burqa, «c’est pas ce qu’il faut sous nos climats»…

Publié le 08 février 2010 par Kamizole

Je récidive ! J’espère qu’Alain Souchon ne m’en voudra pas de cet emprunt à «Poulailler song». L’actualité des hold up à main armée m’en donne à nouveau l’occasion : après une bijouterie dévalisée par des individus en djellaba, ce sont maintenant des hommes porteurs d’une burqa qui viennent de dévaliser la Poste d’Athis-Mons dans l’Essonne lis-je dans 20 minutes Deux hommes habillés d’une burqa braquent un bureau de Poste : Les employés les ont pris pour des femmes… Ils ont donc ouvert le sas d’entrée sans se méfier.

Une fois à l’intérieur, ils ont relevé le voile – ce n’est peut-être pas du dernier malin : leurs visages sont peut-être dans les enregistrements vidéo - et braqué les employés et les clients. Tout ça pour 4500 euros. Butin minable ! J’ai beau être chroniquement désargentée et même si j’aimerais bien avoir cette somme sur mon compte en banque – et mon banquier, donc ! il cesserait de me faire les gros yeux… - si je devais un jour me faire voleuse, qu’à cela Dieu me garde ! il faudrait qu’il y ait vachement plus de zéro pour prendre de tels risques.

Mais cela pose aussi le problème de la burqa en général. J’y suis opposée en tant que femme et féministe, je n’y reviendrais pas sinon pour dire que je ne conseillerais pas à Olivier Besancenot et au «NPA de relire Marx» comme le suggère Aurélie Filipetti selon ce que je lis sur 20 minutes.

Certes, ce retour aux sources pour stigmatiser la religion comme «opium du peuple» lui mettrait le nez dans ses contradictions mais je ne partage pas ce point de vue sur les religions qui, bien comprises, peuvent tout à fait être émancipatrices. Je l’ai déjà souligné plusieurs fois notamment avec ce que disait Saint-Paul «Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme». Dans son ouvrage «Les femmes au temps des cathédrales» Régine Pernoud, remarquable historienne médiéviste, disait combien cela avait contribué à changer la situation des femmes que le droit romain mettait sous l’entière sujétion du pater familias qui avait droit de vie et de mort sur elles.

A mon avis, il serait mieux inspiré sur le chapitre de la libération des femmes de plutôt relire le «Deuxième sexe» de Simone de Beauvoir. Que l’on cesse de me dire que les femmes qui se cachent sous un voile – quelque soit sa taille – expriment leur liberté. La religion est un prétexte et je n’y vois qu’une revendication identitaire provocatrice - prosélytisme qui vise à islamiser la société - totalement déplacé dans une République laïque.

Mais c’est encore une vieille antienne : libérons la société et ensuite les femmes se libéreront. Ben voyons ! Je l’ai entendu ad nauseam dans les grandes années du féminisme chez les “Pétroleuses” – tendance lutte de classes à laquelle je n’adhérais absolument pas. Quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre à nouveau à l’occasion du Forum social européen qui s’est tenu à Saint-Denis en 2003.

Il n’est guère étonnant qu’avec de tels discours chez des personnes qui prétendent changer la société la situation des femmes n’ait fait qu’empirer depuis les années 70. Une sorte “d’opium des femmes” : restez bien soumises, le paradis de la liberté est pour demain. Ben, non ! C’est hic et nunc que nous vivons. La liberté un pied dans la tombe sinon carrément dedans, très peu pour moi.

J’étais déjà assez outrée en apprenant par des titres de presse – je me suis contenté de les survoler - que le NPA présentait une femme voilée dans le Vaucluse. Je ne sais si le parti de Besancenot entend ainsi ratisser large dans les banlieues… Démagogie à la petite semaine qui ne grandit pas la politique. Sans doute est-ce surtout pour redonner quelques couleurs à un parti qui prend eau de toute part… Ce qui n’est pas fait pour me surprendre, le NPA n’étant qu’une resucée de l’ex-LCR ce que n’avaient sans doute pas compris les militants altermondialistes enthousiastes qui l’ont rejoint. Et se sont débinés à la vitesse grand V.

Le résultat des urnes sera sans doute aussi éloquent que le bilan d’anniversaire épinglé par 20 minutes Soupe à la grimace pour le premier anniversaire du NPA qui pointe l’hémorragie des militants : Depuis sa création, le parti a perdu 1.000 adhérents et peine à se faire une place aux élections…

Je ne peux donc qu’être d’accord avec Aurélie Filipetti quand elle affirme «qu’afficher une conviction religieuse – dans une élection - n’est pas dans les valeurs de la laïcité et cette laïcité, c’est aussi une garantie d’égalité entre les citoyens». Entendre que les femmes voilées – qu’elles le fassent de leur plein gré ou contraintes par les pères, les maris ou les grands frères – ne sont ni l’égales des hommes ni libres.

Elle annonce qu’elle votera pour une loi interdisant le port du voile intégral : «en tant que députée socialiste, profondément de gauche et féministe, je ne vois pas comment je pourrai ne pas voter un projet de loi d’où qu’il vienne, qui dirait qu’il faut interdire la burqa sur le territoire national (…) Il faut une loi générale, ça donnera une vision claire. Après toutes ces questions ne se poseront plus».

Voire… Parce que sans verser dans la détestable islamophobie qui a pollué le débat sur l’identité nationale, force est de constater que les islamistes – le terme convient à ceux qui ont une vision conquérante et prosélyte de leur religion contrairement à la grande majorité des musulmans qui n’aspirent qu’à vivre en paix – trouvent toujours de nouveaux prétextes et chevaux de bataille pour tenter d’islamiser la société française.

J’avoue par ailleurs être aussi divisée sur le chapitre d’une loi visant à réprimer le port du voile intégral. Non pas que je ne le veuille bannir de nos rues et lieux publics, à fortiori les lieux institutionnels de la République mais il me semble être d’une application fort difficile. Certes, cela peut servir d’exemple et dissuader d’autres femmes de l’endosser pour mener un combat contre la République laïque.

Mais il faudrait alors que le texte de la loi qui serait adopté soit très mesuré et surtout exempt de toute manifestation d’islamophobie et reflète un large consensus entre les parlementaires de tous les bords politiques. Ce à quoi l’UMP ne nous a guère habitués. Les surenchères que j’ai pu lire ces derniers temps me font plutôt craindre le pire.

Sans même parler de Xavier Bertrand: «Une personne qui porte la burqa ne pourra pas acquérir la nationalité française». quid de celles qui le sont déjà ? On pense la leur retirer… Ensuite, on refusera de leur verser les allocations familiales et autres mesures du même style. Voilà qui ne me semble guère susceptible de les reconcilier avec les valeurs fondamentales de la République. La voie du “juste milieu” prônée par Aristote m’a toujours semblée préférable. Elle évite les excès d’un côté comme de l’autre tout en interdisant le laxisme.

J’ai été outrée de la pauvreté du débat. Entre Nadine Morano «La burqa, ça fait un peu Belphégor, ça fait peur aux gens» ? et Frédéric Lefebvre qui compare la burqua à un masque de MIckey. Je ne vois pas du tout le rapport sinon que le “Journal de Mickey” doit représenter le summum de son niveau intellectuel

Il n’empêche : cet épisode de braquage sous le déguisement d’une burqa pose de surcroît un très sérieux problème de sécurité publique. Pour l’instant, il n’y pas mort d’homme. Mais imaginez que des extrémistes - qu’ils soient hommes ou femmes peu importe - cachent des armes ou une ceinture d’explosifs sous la burqa et qu’ils se fassent sauter dans un lieu de grande affluence comme cela se passe régulièrement en Israël, en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan.

Rien ne dit que des individus de la mouvance d’Al Qaïda ne veuillent un jour exporter leurs conflits en France. Les exemples de l’attentat du RER Saint-Michel et plus récemment à Londres doivent nous faire comprendre que ce n’est pas une simple vue de l’esprit.