Les réseaux sociaux encouragent l’exclusion et les faux amis

Publié le 10 février 2010 par Claire Romanet

Coup sur coup, ce sont deux articles passionnants qui nous font réagir sur la dimension sociale des réseaux dont nous faisons usage.
Commençons par la notion d’exclusion.
Sur le site Psy et Geek ;-), Yann Leroux nous explique qu’internet est loin d’être le système méritocratique que l’on imagine. Il cite l’intervention de Dana Boyd, chercheuse chez Microsoft , qui montre comment les internautes ont prôné l’exclusion sociale (sans le savoir, on leur pardonne) avec, à l’appui, l’exemple des réseaux MySpace et Facebook.
Explication :
MySpace a été un réseau social précurseur. Facebook, lui, est né d’une communauté d’étudiants d’Harvard, puis s’est élargi aux autres universités ainsi qu’aux grandes écoles avant d’être ouvert au grand public. Partant du principe que les premiers membres donnent une tonalité d’ensemble, Facebook a donc développé une communauté composée d’étudiants (donc instruits) et de leurs proches (donc plutôt aisés).
A partir de là, tous les utilisateurs de MySpace qui se sont sentis proches de cette communauté ont rejoint Facebook, les autres sont restés sur MySpace.
Dorénavant, on se retrouve avec 2 sites distincts qui ne communiquent pas entre eux et un MySpace qui clairement subit une forme d’ostracisme. Exactement comme dans la lutte des classes : les bourgeois d’un côté, les prolétaires de l’autre.
La conclusion de la chercheuse est simple : internet n’est en aucun cas égalitaire, le système de classes est le même que dans le monde réel. Pire encore, il est probable qu’il développe de nouvelles inégalités qu’il faudra ajouter aux anciennes.
Article original à lire ici : L’internet comme miroir des exclusions.
Continuons avec les faux amis et la proximité émotionnelle.
A partir d’un article de William Deresiewicz dans the Chronicle, Alex Gaudin, sur son blog L’œil du Xeul, s’interroge sur l’évolution de la notion d’amitié, transformée par l'usage des réseaux sociaux.
Là aussi, la méritocratie en prend un coup. Pourtant, l’amitié est, historiquement, une valeur qui a toujours été très importante dans nos sociétés, car difficile à acquérir et rare.
Un ami était une personne à qui on pouvait se confier, qui était prêt à rendre service, avec qui on construisait une relation dans la durée.. Et pour cause, puisqu’on partageait ses problèmes.
Aujourd’hui, des réseaux comme Facebook montrent bien que quelques commentaires suffisent à devenir amis.
On croit qu’on a un groupe d’amis, c’est ça la proximité émotionnelle. Elle a remplacé la relation amicale. Et Alex de conclure que ses propres amis, qui se comptent sur ses deux mains, ne sont pas sur Facebook.
L’article complet est disponible là : faux amis.