Invictus

Publié le 20 janvier 2010 par Anthonynaar

Invictus [Trailer]
C’est un bon film Invictus. Un très bon, même. Bon, ce n’est pas le meilleur Clint Eastwood, mais il en a fait de si bon qu’on ne peut pas lui en vouloir de ne faire qu’un bon film.
Résumons : en Afrique du Sud, le président fraichement élu Nelson Mandela tente désespérément de garantir les légitimes aspirations des noirs, de ne pas se couper totalement des blancs, de faire repartir l’économie, et de réduire l’insécurité. Comprenant que son peuple (ses peuples ?) a besoin d’un symbole capable de les unifier tous, Mandela va motiver son équipe de rugby afin de la faire parvenir en final de la coupe du monde, coupe du monde se tenant justement en Afrique du Sud, la difficulté étant de faire que les noirs soutiennent une équipe de blancs jouant un sport de blancs. Le problème, c’est que les Springboks ne sont pas vraiment au niveau des grandes équipes de rugby internationales.
Je l’ai dit, ce film est très bon, avec des moments de franche rigolade (les relations entre les gardes du corps noirs et blancs de Mandela notamment), et il se finit bien. Très bien même.
Et c’est ça qui est triste.
Au sortir du cinéma, je ne pouvais m’empêcher de me sentir mélancolique. Voir ces populations en liesse, noir et blancs réunis dans la même joie, quand on sait ce qu’est devenu l’Afrique du Sud quinze ans plus tard, c’est franchement déprimant.
Aujourd’hui, l’Afrique du Sud a vu 20% de ses habitants blancs fuir le pays. Ceux qui restent sont soit super pauvres et vivent dans des townships, soient se barricadent dans des forteresses. Les noirs, mis à part une minorité d’entre eux qui ont rejoint les rangs de l’hyper-classe mondialisé, n’ont pas vu leur situation s’améliorer. L’Afrique du Sud a un président corrompu, violeur, polygame, qui pense que prendre une douche après l’acte sexuel permet de se protéger du Sida. Aujourd’hui en Afrique du Sud, les fractures raciale et sociale sont plus profondes que jamais.
C’est drôle, ça rappelle la France.
Philippe Séguin (supposé grand commis de l’Etat qui n’a, il faut rien le dire, jamais fait quoi que ce soit d’exceptionnel) a dit dans une interview posthume que pour lui, l’identité nationale c’était la victoire à la coupe du monde de 1998. Quel est le résultat à long terme de la grande fraternité black-blanc-beur issue de la victoire de l’équipe de France ? A peu près aussi brillant que celui de la victoire des Springboks en 1995.
Le néant total.
Les commentateurs officiels français voyaient, en 1998, la victoire de l’intégration à la française, le signe que tout allait bien et que nous allions tous communier dans la joie et la bonne humeur et devenir tous frères.
Les cons.
C’est étonnant de voir à quel point des gens imprégnés de marxisme sont incapable de tenir compte de la différence entre l’infrastructure et la superstructure.