Dépression

Publié le 15 janvier 2010 par Anthonynaar

Je zone sur le site du Figaro, et je tombe sur un sondage proposé par Public Sénat. Êtes-vous prêt à donner pour Haïti ?
Est-ce parce que je ne regarde plus la télévision ? Mis à part le duel d’hier soir et deux ou trois séries intéressantes, je ne l’allume jamais. Toujours est-il que je n’ai strictement rien à foutre d’Haïti. Je m’en contrebalance. Je n’arrive pas à être touché. Certes, c’est terrible. Certes, 100 000 morts c’est énorme. Certes, souffrance, sans-abris, épidémie, enfants qui meurent.
Mais je m’en moque. Je ne regarde pas les articles qui sont consacrés au sujet, et… Et puis c’est tout. Mine de rien, quand on ne regarde pas la télé et n’écoute pas la radio, tout paraît beaucoup plus simple. Pourquoi est-ce que je m’en balance à ce point ? Aucune idée. Parce que ce ne sont pas les miens. Parce que je n’ai aucune espèce de lien quelconque avec les haïtiens. Et aucune envie d’en avoir.
Diantre, j’espère bien que c’est réciproque.
On nous dit ça et là que l’absence d’Etat est une des causes du nombre aussi élevé de mort. Sans doute. On nous dit aussi que c’est la faute de la colonisation. La bonne blague. Haïti est indépendante depuis 1804, et les seuls moments de stabilité et de prospérité de son histoire sont les moments où elle était occupée par l’armée américaine. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? Les haïtiens sont les premiers responsables de la merde noire dans laquelle ils se trouvent.
Un de mes amis s’est acheté un écran plat. Et il regarde Plus Belle la Vie avec. J’ai voulu lui explique que c’était stupide, qu’avoir un écran plat imposait au moins d’acheter un lecteur blue-ray avec pour regarder du Kubrick et Apocalypse Now. Mais après tout, qu’est-ce que j’ai à lui dire ? Je suis jeune, en pleine forme, en pleine santé, et qu’est-ce que je fais de ma vie ?
Franchement, qu’est-ce que je fais de ma vie ?
J’ai été déçu par le débat hier. Vraiment déçu. Je voulais un choc frontal entre deux conceptions de la France. Entre une France charnelle, vieille de 2 000 ans, et une France républicaine, vieille de 200 ans. Je voulais que Marine Le Pen ressorte la citation de De Gaulle et que Besson lui oppose l’universalité de la République. Je voulais l’affrontement entre l’héritage des celtes, des romains et des germains face à la terre d’immigration et de métissage.
Et il n’y a eut que dalle.
Besson a été minable, en n’osant même pas assumer sa vision de la France face à Marine Le Pen en face à face. Mais Le Pen a été à peine moins mauvaise en n’attaquant pas à fond comme elle aurait dû le faire.
Ce matin, en me réveillant, j’avais fait un rêve complètement déprimant. Vraiment déprimant. Le genre à vous faire broyer du noir toute une journée. Le genre qui me rappelle l’ennui de mon existence.
Je suis jeune, en pleine santé, au sommet de ma forme, et il n’y a strictement rien qui me donne envie de me lever le matin. Je n’ai ni guerre, ni cicatrice, ni rien du tout qui pourrait me dire que malgré tout, malgré l’inutilité profonde de mon existence, je suis encore vivant.
Une copine m’a raconté qu’un de ses ami était amoureux d’elle. Du coup, elle s’en veut parce qu’elle ne veut pas qu’il souffre à cause d’elle.
Quelle erreur de perception. Même si je ne l’ai jamais vu et ne le verrai sans doute jamais, j’envie ce type. S’il est vraiment amoureux, il va souffrir le martyr pendant des mois. Elle offre à ce mec l’un des moments les plus intenses de son existence.
Vivement que le soleil revienne, je vais finir par me jeter du balcon sinon.