Vivre,se soigner,mourir autrefois

Publié le 12 février 2010 par Goure

Un lecteur m’écrit :” L’espérance de vie s’est quand même sensiblement allongée depuis des décennies. Pourquoi pensez-vous que l’on ne vit pas plus vieux ? Prenez-vous les âges canoniques uniquement ?

Dans mes articles relatifs aux objets de jadis ,j’ai été amenée à parler de personnes de ma famille et j’ai  donné leurs dates de naissance et de mort par souci de situer mon propos dans le temps  et non pour dire l’âge “canonique” de certains d’entre eux . Voici l’âge de mes  grands-parents,de mes parents  et quelques remarques à ce propos.

Grand-père paternel Louis Dauphin :77 ans - Grand-mère paternelle Madeleine Meiffret épouse Dauphin : 89 ans

Grand-père maternel Fortuné Villeneuve :76 ans -  Grand-mère maternelle Elisa Mouret épouse Villeneuve :53 ans

Père Emile Dauphin :87 ans - Mère Henriette Villeneuve épouse Dauphin : 84 ans.

Tous ,sauf ma grand-mère maternelle Elisa , ont atteint des âges respectables allant de 76 à 89 ans.Je suis sûre qu’elle aurait vécu plus longtemps si elle avait été suivie par la médecine comme nous le sommes de nos jours. Mes grands-parents  ont vécu avant les bienfaits de la Sécurité Sociale et de la médecine moderne, avant tous les examens utiles pour déceler telle ou telle maladie, avant les remèdes pour guérir telle ou telle affection et avant le concours de médecins dévoués. Mes grands-parents ne voyaient presque jamais un docteur et quand celui-ci était appelé , c’était souvent trop tard. Ma grand-mère maternelle souffrait d’hyper-tension chronique . Pour tout médicament -Je m’en souviens très bien malgré mon jeune âge (6/7ans)-elle avait des sangsues qu’on lui appliquait sur le haut du cou pour lui tirer le sang. Ces sangsues étaient dans un bocal , sur une étagère de la cuisine , prêtes à l’emploi.Voilà son seul remède…appelé hirudothérapie .

Alors , oui, cher lecteur , je suis d’accord avec vous, on vit plus vieux de nos jours parce qu’on est mieux soigné , parce qu’on mange mieux , parce qu’on est plus aisé (en majorité seulement ), parce que la vie est considérée comme plus précieuse. Bref ,tout un ensemble de facteurs favorisant la longévité.

Mes grands-parents n’ont pas contribué au “trou” de la sécurité sociale pour la bonne raison qu’ils ne se sont pas soignés ou presque. En revanche mes parents ont bénéficié des avantages de la sécurité sociale et se sont fait soigner autant qu’il le fallait.D’ailleurs ils ont tous les deux vécu plus que leurs parents. Mon père 10 ans de plus que son père et ma mère 31 ans de plus que la sienne.

Pour les jeunes qui lisent le Toupin et qui pensent que la sécurité sociale a toujours existé et peut “toujours tenir le coup” quels que soient les  abus passés , présents et à venir ,je conseille de lire les phrases suivantes et d’y réfléchir. Ce bien précieux , on doit le sauvegarder, pas le gaspiller.

En France, la sécurité sociale a été définie juste après la Seconde Guerre mondiale, par le Conseilnational de la Résistance. Selon l’ordonnance du 4 octobre 1945 :« art. 1er — Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent » Mais en 1945 ,le régime de la sécurité sociale s’adresse aux fonctionnaires,marins, cheminots, mineurs,etc…Pour les professions agricoles (nombreux à Ampus), un régime transitoire (et beaucoup moins performant) va durer encore de longues années. Je peux vous dire la hantise des familles qui craignaient le gros pépin de santé et les frais qui s’ensuivraient. Je sais que mon père avait souscrit une assurance volontaire “la chirurgicale” en cas d’opération qui ne serait pas couverte par son régime .Vous savez : un enfant perçoit très bien les soucis financiers de sa famille et il n’oublie jamais plus cette blessure d’enfance. Je comprends d’autant mieux ceux qui , de nos jours, n’ayant pas de mutuelle , ne peuvent faire face aux dépenses de santé.A ceux-là, l’espérance de vie ne va pas croissant…

 L’espérance de vie :  En 2008,continuant à augmenter pour les hommes, elle a légèrement reculé pour les femmes.
Un garçon né en 2008 vivrait 77,5 ans et une fille 84,3 ans. En 2007, l’espérance de vie pour les femmes était de 84,4 ans.Ces chiffres sont valables pour la plus grande partie des Français , mais les défavorisés ont une espérance de vie bien moindre, elle est d’une quarantaine d’années.