La plus grande chanson du monde

Par Ernestoviolin

Madame Violin est partie. En Italie. Rejoindre Adriano Celentano. Il y a des soirs où, il faut avouer, on n'en a plus rien à foutre de Tintin. On compose une chanson dans la matinée, juste après les adieux, la joue encore humide. On ne sait pas trop ce qu'elle vaut, mais tant pis, elle ressemble déjà à la plus grande chanson du monde. Elle intégrera directement le dernier quart du prochain disque. Dans les chansons de dévotion. Il y a une piste qui s'appelle "mouchoir". L'enregistrement commence demain. Sept heures de trajet, sept jours d'ascétisme pour résumer sept mois. Ou vingt-quatre ans. Si tout n'est pas réussi, on sait bien qu'on détestera le disque. Les gens pourront bien dire quelque chose comme "tu joues tout dessus ? waw, ça sert d'être chômeur." On sait qu'on aura loupé quelque chose. Une nouvelle fois. Ce n'est pas faute d'essayer — chaque tentative est la dernière, jusqu'à la prochaine. Mais cette fois-ci, juré, c'est la bonne. Si le monde ne succombe pas à ça, à quoi bon alors ?

Et madame Violin reviendra, quand tout sera en boîte. Je me tiendrai debout, si on veut. Le corps un peu, beaucoup, voire atrocement fatigué. Nous échangerons des souvenirs. J'étais à Florence. Moi en Enfer. Tu as toujours aimé être pompeux. Oui. Nous nous aimons quand même. Ah ça oui. Mais en secret. Quand nous sommes en public, je pourrais tuer. Mais dans le boudoir... Charlie Rich a tout dit. Une des dix plus grandes chansons du monde. Avec — le comble — un couplet raté. Qui ne repose que sur la voix. Mais ce refrain... Ceux qui ne tombent pas doivent quitter ce blog. Trente écoutes d'affilée. Comme ces trente écoutes de "Just Like The Rain". Richard Hawley est passé en concert à Paris il y a deux jours. Je l'ai appris hier. Tant pis, il faudra faire mieux que lui. Envie d'appeler tout le répertoire, toutes ses connaissances, pour dire quelque chose — mais quoi ? Quelque chose qui donne envie d'imiter ses héros, même si, quelque part, on sent que ce sera le dernier, cette fois-ci — place à des choses plus sérieuses, ensuite. Enfin, tout ça pour changer d'avis dans six mois.

On retient sa respiration. Dix jours, pas un de plus. Je serai prêt, oui, non, ou merde ?