Seigneurs des anneaux

Publié le 13 février 2010 par Pascal Boutreau

Pour commencer, un bravo à Petite Scarabée pour avoir su sagement écouter ses tendons et renoncer à son doublé Transjurasienne skating et classique. Agnès, même si tu as le noeud au fond de la gorge, dans six semaines, pendant les étapes du Marathon des Sables, tu seras heureuse de cette décision... Et mon duvet est en plus super content ! (je sais que ça ne te console pas mais je fais ce que je peux hein !)

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Et voilà, c'est parti pour les Jeux olympiques d'hiver ! Et qui dit Jeux avec décalage horaire, dit nuits courtes... Souvenirs souvenirs de ces nuits blanches de 1984 (j'avais 15 ans) et de tant d'autres. Evidemment, avec la mort du lugeur géorgien, ça ne commence pas de manière très gaie... Une pensée pour lui. Je ne suis pas spécialiste mais ces poteaux en sortie de virage, c'est quand même bizarre...

Les Jeux c'est unique. Pour avoir eu la chance d'en couvrir deux éditions, à Athènes et Pékin, je peux vous promettre que rien n'est comparable à l'esprit qui règne durant des Jeux olympiques. Succomber à la magie des Jeux, ça ne veut pas forcément dire être naïf et oublier tout le business qui se cache derrière tout ça. Mais encore une fois, je me répète, on n'est pas chez Mickey ou chez les Bisounours, et quel que soit le domaine, les sousous restent le nerf de la guerre. Alors autant faire avec.

Je suis peut-être bon public, mais moi, une cérémonie d'ouverture par exemple, toutes ces nations qui défilent, tous ces athlètes qui s'apprêtent pour certains à jouer une partie de leur destin, pour d'autres à juste participer, tous les volontaires qui bossent au service de leurs invités venus de toute la planète, le drapeau olympique, l'hymne olympique, les derniers porteurs de la flamme (le mec qui courait à l'horizontale à Pekin, c'était quand même géant, non ?), la vasque olympique qui s'enflamme, eh bien moi, ça m'émeut ! Oui oui, ça m'émeut. Et pendant deux semaines, je ne vais rien louper. Les yeux seront cernés quand la flamme s'éteindra (surtout que je suis en formation vidéo toute la première semaine), mais ce n'est pas très grave.

Et pendant ces deux semaines, je monterai debout sur le canapé pour pousser derrière chouchous et chouchoutes. Vincent Vittoz, Jean-Marc Gaillard, Alex Rousselet, Manu Jonnier et tous les gars du fond de Pierre Mignerey et Roberto Gal, les filles du fond, Jason Lamy-Chappuis (voir fin de cette news) et les combinés nordiques d'Etienne Gouy et Nicolas Michaud, les freestylers, Ophélie David et Guilbaut Colas, le skeletonneur Grégory Saint-Geniès et mon coup de coeur pour Dawa Sherpa, le Népalais champion de trail qui sera au départ du 15km skating lundi soir (j'y consacrerai ma chronique lundi sur lequipe.fr).

Voici la version longue de ma chronique publiée sur lequipe.fr dans une version un peu plus courte.

Seigneur des Anneaux

L'écalt de l'or olympique est unique. Beaucoup en ont fait le rêve. Ceux qui le réaliseront verront leur vie bouleversée.

Dans l’esprit de beaucoup, les Jeux olympiques, ce sont d’abord ceux d’été. Ceux où l’histoire du sport s’est écrite au rythme des exploits des Jesse Owens, Mark Spitz, Nadia Comaneci, Carl Lewis, de la Dream Team américaine de basket de Barcelone avec les Michael Jordan, Magic Johnson ou Larry Bird, et de tant d’autres dont quelques Français (Alain Mimmoun, Pierre Jonquères d’Oriola, David Douillet, Laure Manaudou etc). Si la neige et la glace n’auront il est vrai jamais l’impact de la cendrée puis du tartan d’une piste d’athlé ou d’un bassin de natation, si l’universalité hivernale reste incomparable avec celle de l’été (82 pays présents à Vancouver contre 205 en 2008 à Pékin), les Jeux olympiques d’hiver demeurent un événement majeur.

Majeur car eux aussi ont couronné des légendes du sport. Les Français citeront Jean-Claude Killy bien sûr, mais aussi Marielle Goitschel, Franck Piccard, Jean-Luc Crétier, la regrettée Karine Ruby, Antoine Dénériaz, Vincent Defrasne, Fabrice Guy, les Duchesnay etc. A la dimension planétaire, le patinage artistique a eu ses Sonya Henie, Katarina Witt, Peggy Fleming, Jayne Torvil et Christopher Dean. Le ski nordique a couronné des Matti Nykänen en saut, Bjorn Dählie en ski de fond, recordman du nombre de médailles aux JO d’hiver (8 titres et 4 médailles d’argent en 3 olympiades), Ole-Einar Björndalen (déjà neuf médailles dont 5 titres en 2002). Sur la glace, le patineur de vitesse américain Eric Heiden et ses cinq titres de Lake Placid en 1980 a lui aussi marqué l’histoire de son sport. Les amateurs de hockey n'oublieront jamais cette demi-finale du tournoi de Lake Placid, le 22 février 1980, entre les maîtres d’alors venus d’URSS et les Etats-Unis. Dans un match rebaptisé par la suite "le miracle sur glace", les jeunes Américains (on était encore loin de l’intégration des stars de la NHL) l’emportèrent 4-3 avant d’aller chercher l’or deux jours plus tard. Un succès qui alla à cette époque bien plus loin que le sport et changea le destin de ces jeunes gens.

Car à l’image des hockeyeurs américains, les Jeux d’hiver bouleversent eux aussi des existences. L’un des plus beaux exemples est évidemment celui de l’Australien Steven Bradbury, sacré sur le 1000m du short-track, le 17 février 2002, à Salt Lake. Un titre auquel lui-même n’aurait jamais osé rêver. Ce jour-là, un heureux concours de circonstances l’avait d’abord expédié dans une inespérée finale. L’incroyable se produisit alors. Largement distancé, il profitait d’une chute collective des quatre autres finalistes dans le dernier virage pour l’emporter. Une improbable issue.

Ce vendredi, avant même la cérémonie d’ouverture, un autre athlète pourra témoigner de cette magie olympique. Au sommet du tremplin de Whistler où se dérouleront les qualifications du petit tremplin, le Suisse Simon Ammann aura sans doute à l'esprit des images du passé. Il y a huit ans, son destin bascula lui aussi à Salt Lake. Celui que le monde entier allait vite surnommer "Harry Potter" y réussit le doublé petit et grand tremplin à seulement vingt ans. Ce fils de paysans du Toggenburg, dans l’arrière pays de Saint-Gall, sorti de pratiquement nulle part, voyait sa vie chamboulée. Après une période difficile de "digestion" de ce bouleversement, Ammann est revenu au sommet de son sport (champion du monde 2007). En tête de la Coupe du monde, il partira une fois encore à la conquête de l’or. Le premier des 86 titres décernés durant ces Jeux. Dix-sept jours qui une fois encore bouleverseront de nombreux destins.

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Opération UTMB toujours en cours avec un calendrier de préparation qui continue à se remplir. La nouveauté est l'apparition de la Course d'Orientation. Eh oui, je me lance. Mon dossier pour ma licence partira en début de semaine direction... Tours et le COTS où évolue of course Super Copine Pauline.

Voilà donc en gros où j'en suis au niveau du calendrier.... Et y a de quoi faire. Je rassure ceux qui vont se dire que ça fait beaucoup pour un gros comme moi, je sais ne pas me tromper d'objectif et la plupart des courses ne seront que des prétextes à des sorties d'entraînement, sans aucune intention de me rentrer dedans. 14 février : Semi de Bullion. 7 mars : Semi de Paris. 14 mars : Semi de Rambouillet. 28 mars : Lyon Urban Trail (40km, 1000 D+). 2 mai : Triathlon CD de Cepoy (course club Meudon Triathlon). 7-8 mai : Championnat de France des Clubs de Course d'orientation à Dijon (avec mon nouveau club du COTS). 15 mai : Merell Oxygen Challenge au Lioran dans le Cantal (70km, 3350m D+). 16 mai : CO moyenne distance du Merell au Lioran (si j'ai survécu au trail). 24-28 juin : Stage trail UFO (Ultrafondus) à Chamonix sur le parcours de l'UTMB. 18 juillet : Triathlon CD de Paris (au pied de la Tour Eiffel, ça va être top). 27 août : UTMB (166km, 9500 D+).  

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Pour finir, et parce que c'est vous, la chronique consacrée à Jason Lamy-Chappuis en ligne sur lequipe.fr, dimanche matin.

Depuis des semaines, Annette, la maman américaine de Jason Lamy-Chappuis tombée en amour de Daniel, comme elle, professeur de ski au Club Med de Copper Moutain dans les années 80, n’en finit plus de coudre des "Allez Jez" sur les bonnets et les écharpes tricotés par Jacqueline, la grand-mère. Au moment où "Jez" s’apprête à débuter ses seconds Jeux olympiques, le fan club n’aura donc pas froid aux oreilles. Loin de Vancouver, à la salle polyvalente de Bois d’Amont, le ski club qui a vu grandir le petit Jason attend également la grande foule pour suivre l’épreuve sur écran géant. Probablement même au son de "Nous sommes tiens", l’hymne créé par le collectif "Allez Jason" en hommage au héros local (lien ICI). Au bout de la nuit, l’espoir d’une médaille. Un espoir partagé par beaucoup.

Parce que depuis des semaines, le rêve a grandi au rythme des succès accumulés dans une Coupe du monde promise au Français. Parce que l’on aimerait tant voir à nouveau Daniel, le papa, verser sa petite larme comme l’hiver dernier dans la grisaille des Mondiaux à Liberec, en République tchèque, à l’arrivée d’une course où Jez alla chercher sa première médaille mondiale (bronze). "C’est la première fois que je vois mon père pleurer", confiait alors le skieur. On aimerait qu’il y en ait une seconde, aujourd’hui, vers 14h20 heure locale, 23h20, heure jurassienne. Si ces larmes du clan tricolore emmené par l’entraîneur Etienne Gouy et Nicolas Michaud, le patron du nordique qui suit Jason depuis ses débuts, n’ont pas l’occasion de couler dès cette première épreuve, on saura même patienter jusqu'au mardi 23 ou au jeudi 25 avec le par équipes puis l’épreuve sur le grand tremplin.

Mais voilà, on a peur. Peur d’être déçu. Peur de l’avoir vu trop beau notre Bois d’Amonier. Peur aussi que ses principaux rivaux aient finalement pris la bonne option en sacrifiant le reste de la saison pour se tourner exclusivement vers leur destin olympique. Le Finlandais Hannu Manninnen, maître incontesté du début des années 2000 sorti de sa retraite pour les Jeux, l’Américain Todd Lodwick, double champion du monde l’an dernier, le Norvégien Magnus Moan, formidable fondeur capable d’incroyables retours sur les 10km de fond, ont multiplié les impasses pendant que Jason écumait le circuit. Oui on a peur. Peur que le jaune du dossard de leader de la Coupe du monde, si lumineux une saison ordinaire, nous semble terne dans quelques jours. Peur finalement que la transparence et la pureté d’un Globe de cristal ne nous paraissent bien fades comparées à l’éclat de l’or olympique.

Alors certes, pour nous rassurer, Jason a sorti les meilleurs sauts d’entraînement. Sur son site internet à l’architecture inspirée d’un cockpit d’avion (le pilotage est la deuxième passion et surtout le futur métier de Jason), son formomètre est depuis longtemps coincé en position "Top". Pas l’ombre d’un doute non plus au cours des dernières semaines. Jason suit sa route. Toujours aussi zen et imperméable à la pression (au moins en apparence), toujours aussi disponible, courtois et serein face aux sollicitations toujours plus nombreuses. Il y a quatre ans, à Turin, sa route s’était arrêtée à seulement 13 secondes du podium (4e). Le fumet de la médaille sans sa saveur, sans pouvoir mordre dedans. Vendredi dans L’Equipe, Fabrice Guy l’homme qui a sorti le combiné nordique de l’anonymat en remportant l’or à Albertville en 1992 devant son pote Sylvain Guillaume, affichait son optimisme. "Cette médaille, il l’a dans la tête et il va aller la chercher, c’est sûr", prédisait-il. Espérons donc que "Little Bird" (petit oiseau) comme le surnomme sa grand-mère américaine, ne se sera pas trop brûlé les ailes ces dernières semaines. Espérons que dès ce soir, "Jez" prenne son envol pour aller se poser sur un nuage où nous lui souhaitons de rester le plus longtemps possible.