Dimanche exceptionnellement poétique: "Invictus" de William Ernest Henley

Par A_girl_from_earth
Je l'ai clamé à de nombreuses reprises, je ne suis pas particulièrement fan de la poésie, j'affirme même - car des fois ça ne semble pas assez clair pour certains - que la poésie, Bouerk! (oui, avec un grand B), enfin pour dire les choses de façon moins crue et catégorique, je n'y suis pas vraiment sensible (et ça on n'y peut rien)... sauf exception!
Exception ici avec ce poème d'un Britannique, William Ernest Henley, ami de Robert Louis Stevenson et dont le handicap inspira son personnage de Long John Silver dans L'île au trésor (non pas que j'aie une connaissance pointue de ce poète mais je viens de découvrir tout ça sur Wiki...).
Le poème en question, c'est "Invictus" ("invincible" en latin), découvert dans le dernier film de Clint Eastwood, et qui est vraisemblablement le poème préféré de Nelson Mandela.
J'avoue que, proclamés par Morgan Freeman, ces mots ne m'ont pas laissé indifférente, je trouve ce poème très beau, très fort, vivifiant, ça me parle complètement, limite si je ne m'identifie pas un peu, aussi je souhaitais l'immortaliser ici (deuxième poème archivé sur ce blog après "La conscience" de Victor Hugo, pas mal, moi qui pensais qu'il n'y en aurait jamais qu'un seul!):

Out of the night that covers me,
    Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
    For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
    I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
    My head is bloody, but unbow'd.
Beyond this place of wrath and tears
    Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
    Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
    How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate,
    I am the captain of my soul


Traduction littérale
Depuis l'obscurité qui m'envahit,
Noire comme le royaume de l'enfer, 
Je remercie les dieux quels qu'ils soient
Pour mon âme indomptable.

Dans l'étreinte féroce des circonstances,
Je n'ai ni bronché ni pleuré
Sous les coups de l'adversité.
Mon esprit est ensanglanté mais inflexible.

Au-delà de ce monde de colère et de larmes, 
Ne se profile que l'horreur de la nuit.
Et pourtant face à la grande menace
Je me trouve et je reste sans peur.

Peu importe combien le voyage sera dur,
Et combien la liste des châtiments sera lourde,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.



Traduction littéraire
Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les Dieux qui me donnent
Une âme, à la fois noble et fière.
Prisonnier de ma situation,
Je ne veux pas me rebeller.
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout bien que blessé.
En ce lieu d'opprobres et de pleurs,
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrai pas la peur.
Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme.