Chômage Et Droit De Grève.

Par Mélina Loupia

A vrai dire, j'ai pas trop cherché dans les textes des lois et les règles du jeu de piste du parfait petit chômeur.

Pour autant, alors que demain, dans les villes, ceux qui se lèvent plus tôt pour travailler et gagner plus vont emmerder jusqu'à la lie ceux qui vont devoir se lever encore plus tôt, je me rends compte que je n'ai aucun droit.

Déjà, pas le droit d'aller dans la rue hurler ma colère quand la caméra et le micro en fourrure passe. 
Par chez moi, le train se fait rare, comme la télé régionale. En plus, les rues, elles sont trop petites pour dérouler les banderoles.
Ensuite, si je veux marcher bras dessus, bras dessous avec mes compagnons de galère, faut que je me tape 70 bornes et vu le prix du baril, ce serait donc du luxe tapageur que de m'offir une balade en ville.
Enfin, je vois pas en quoi les soucis des gens qui conduisent les trains, et ceux de la semaine prochaine qui remplissent la tête de nos enfants ou surveillent la pendule devant la machine à café me concernent.

Pourquoi tant de haine envers les cheminots ou les fonctionnaires? Vous vois-je venir avec vos grandes gueules et vos poings sur les hanches.

Parce que je suis au chômage.

Et me semble bien que le chômeur, bien que faisant partie de la population active (oh, ça, ça me fera toujours hurler de rire), n'a pas le droit de grève dans le texte. Ou alors j'ai mal cherché.

Mais c'est logique, quand on sait que le travailleur qui chôme se fait sauter le salaire, on en vient à penser que le chômeur, lui, finalement, il fait que ça toute sa période de traversée du désert, jusqu'à plus soif.

Du coup, même si j'en ai plein les bottes d'en ce moment comment ça pue dehors, je fais comment pour être solidaire?

Je me mets à bosser, pour une durée illimitée, votée et reconductible tous les soirs avant d'aller au lit?