Aubry qui court

Publié le 15 février 2010 par Ruminances

Joseph Jacotot le proclame par la bouche de Jacques Rancière : un ignorant peut apprendre à un autre ignorant ce qu'il ignore lui-même. J'interprète ? A peine. Ce même Jacotot, une drôle d'escopette, allant plus loin, proclamait « l'égalité des intelligences ». Un scandale ! Ce sieur Jacotot disait ça au début du XIXème siècle ! Pensez bien que très vite ces idées sont tombées dans l'oubli. Aucune oreille sensible pour les accueillir. En les ressortant, les lustrant et les mettant au goût du jour, Jacques Rancière nous rappelle une évidence : nous sommes toujours aussi cons et aussi fiers de l'être. Imaginez l'idée révolutionnaire : un con. Un vrai de vrai. Un qui en a des couches sous la couche. Et bien, sans le savoir, par pur génie intuitif, s'affranchissant du poids encombrant des atavismes, faisant fi du matraquage culturel dont il est l'objet sinon la victime, comme ça, par enchantement, malgré ces brutes de papa-maman qui n'ont rien fait d'autre qu'envoyer la sauce, le rejeton expulsé, livré au démerde-toi-avec-la-jungle-que-voici, devenant, sans crier gare, l'être émancipé dont parle Rancière. Géant, non ?

Je vous le donne en cent comme en mille, ce gars-là est né pour emmerder tout le monde. A commencer par lui-même. Vous vous rendez compte ? Au début du XIXème siècle. Même Fourrier avec ses phalanstères a oublié de nous parler de Jacotot ! Mais où est la vérité dans tout ça ? Ne serait-elle que le simple reflet d'une idée dans la vitre des utopies ? De telles interrogations dans la nuit de dimanche à lundi, ne vont pas arranger ma semaine. Ça démarre très mal.

Je sortais de ma nuit, très tôt, à vrai dire. Trop tôt. L'avais-je seulement démarrée ? J'étais en sueur. Mon ti-short baignait dans une sorte de jus que je me dépêchais de rincer sous la douche. Je m'étais frotté avec un savon qu'on disait actif et énergétique. Un savon miraculeux, qui quand tu es mort te ressuscite. Aussi revigorant que le bouillon du soir chez les vieux. Soudain, je me suis senti très bien. Pas trop quand même. Mais assez pour récupérer le bout de nuit qui manquait à mon cerveau. Il n'était que 2h40. Je venais à peine d'éteindre la lumière. Je m'endormais devant je ne sais plus quel programme quand j'ai appuyé sur le bouton stop.

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