La grece et le retour des pirates

Publié le 17 février 2010 par Chapitre5.com

Au Moyen Age, les Vikings ont ravagé les côtes d’Europe jusqu’à la constitution des Etats modernes. Ils débarquaient par surprise devant un port. Ils pillaient, incendiaient et violaient.
Puis ils prenaient la fuite avec leur butin avant que le roi n’ait eu le temps de rassembler ses troupes et n’arrive au secours de ses sujets.
Ce temps de sauvagerie semble revenu. Seuls les acteurs ont changé ; au lieu d’un casque avec des cornes, ils portent complet et cravate. Ce sont les salles de marché des grandes banques.

Elles ont flairé une bonne occasion de faire un profit rapide: attaquer l’Euro en profitant de la faiblesse de certains de ses membres, la Grèce d’abord. La Grèce est  surendettée (auprès de ces mêmes banques) après son effort massif pour se mettre au niveau de l’Europe, avec une classe politique arriérée ou corrompue et donc un budget incontrôlé. Sa situation financière est devenue intenable. Hier, elle eut dévalué, fuite en avant qui appauvrit le peuple sans qu’il s’en aperçoive. Mais elle est dans l’Euro. Et les traités européens ne prévoient pas l’intervention automatique des plus riches au secours des plus faibles : chacun doit régler ses affaires intérieures.
Leur plan de campagne: on commence par vendre de l’€ contre le $ (8 milliards à Chicago en début Janvier). On vend aux créanciers de la Grèce des assurances contre sa faillite (les CDS….). Puis on lui refuse tout crédit en annonçant cette même faillite comme imminente. L’€  semble menacé d’éclater,  les media s’affolent. L’Europe va-t-elle intervenir ? Bien sur, mais elle peine à se décider faute de gouvernement. Sans l’attendre, on inverse la position, on rachète les € qui ont baissé et les CDS dont plus personne ne voulait .Et on gagne sur 3 tableaux à la fois: sur la baisse de l’€, celle des CDS, et on prête ensuite à cette même Grèce à taux double de celui d’avant « puisqu’il y a un risque ».Au résultat, des super bonus pour ces nouveaux pirates.
Et si l’opération avait raté ? Car ça arrive, les affaires Kerviel ou Crédit Agricole l’ont bien  montré. Rien de grave si la banque est assez grosse pour que l’Etat soit obligé de l’aider afin d’éviter une catastrophe. Depuis la faillite Lehman en 2008 et la panique qui a suivi, il  garantit  ceux qui sont « too big to fail » (1). Et les dirigeants publiquement fustigés  déploient leur parachute doré pour aller s’embaucher ailleurs : voyez ceux de Merrill Lynch ou de Dexia.
D’un coté les profits pour les pirates; de l’autre, les pertes pour le contribuable.
Mr Obama voudrait interdire aux banques de jouer avec les dépôts de leurs clients. Comme c’était le cas avant que le Pt. Bush ne « déréglemente » le métier de banquier en supprimant la loi prise, justement, après ces mêmes excès en 1929… Les lobbies à Washington s’y opposent par tous les moyens. Mais le peuple américain semble outragé par la révélation des bonus dans les banques qu’il venait de sauver en 2008.
Un espoir dans un monde de brutes…
Et la démonstration que l’Europe a besoin d’un gouvernement. Pour éviter le retour des Vikings.

(1) trop gros pour tomber.
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