L'aéroport Toussaint-Louverture servait uniquement à l'acheminement de l'aide internationale depuis la catastrophe du 12 janvier.
"La première chose que je veux faire, c'est d'aller voir la tombe de mon cousin", explique Marie-Ange Levasseur, une passagère qui fond en larme au moment de retrouver sa terre natale.
Cette femme âgée de 45 ans vit à Miami mais a toujours beaucoup de famille en Haïti. Elle avait l'habitude d'être accueillie par son cousin, qui est mort dans le séisme, lors de ses retours à Port-au-Prince.
Aux Etats-Unis, beaucoup d'immigrés haïtiens attendaient, jour après jour, de pouvoir décoller pour Port-au-Prince et retrouver leurs familles, constater directement les dégâts, participer à la reconstruction, à l'image de la plupart des 132 passagers de ce premier vol.
"Je veux voir ma femme. Elle vit dans la rue à Port-au-Prince et elle m'a dit que nous avions tout perdu. Je voyage le coeur brisé", a expliqué Jean Felix, avant d'embarquer à Miami.
"Je n'ai pas de nouvelles de mes fils et de mes frères. Personne ne m'a donné de nouvelles", a raconté quant à lui Maurice Grenier. "Je dois y aller pour voir ce qu'ils sont devenus", a-t-il dit la voix tremblante, en attendant d'embarquer.
Le séisme avait partiellement endommagé l'aéroport de Port-au-Prince, dont la tour de contrôle a notamment été détruite. Le lendemain du tremblement de terre, le gouvernement haïtien avait remis les clés de la plateforme aux Américains qui avaient peu à peu amélioré la situation et augmenté le nombre de rotations quotidiennes.
L'armée américaine avait néanmoins dû se défendre de mal coordonner ces rotations aériennes après que Médecin Sans Frontières (MSF) eut regretté qu'un de ses avions, transportant 12 tonnes de matériel médical vital, ait été empêché d'atterrir à trois reprises.
Depuis samedi, les autorités haïtiennes avaient repris peu à peu le contrôle de l'aéroport.
Outre American Airlines qui dessert tous les jours la capitale haïtienne à partir des Etats-Unis, la compagnie française Air Caraïbes doit reprendre peu à peu ses vols commerciaux vers Port-au-Prince via la Guadeloupe, la Martinique et la République dominicaine.
Les passagers vont retrouver en ville les milliers de sans-abris qui vivent dans la crainte du retour de la pluie. La saison des pluies, qui précède celle des ouragans en juin, commence habituellement vers le mois d'avril en Haïti mais de fortes averses tombent déjà sur Port-au-Prince, suscitant l'inquiétude des secours.