Elections Régionales en Alsace : Politiques culturelles et bilinguisme

Publié le 20 février 2010 par Stb

Robert Grossmann est un homme de culture …J’ai envie de l’écrire à la fois au singulier et au pluriel. Sur son profil facebook puis sur son blog, il a lancé une lettre ouverte concernant la politique culturelle en région. « Vaste programme » serait-on tenté de répondre. Je me suis permis une courte réponse sur un sujet si vaste.

« La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers » disait André Malraux. Pour autant celle-ci s’exprime, se développe et parfois meurt à l’instar de ceux qui lui donnent vie.  Le rôle du conseil régional dans la « politique culturelle » est évidemment important, même si, là aussi, nous savons que le financement d’une œuvre, d’un projet et la somme de sous-commissions et de biens des réseaux.

En interpellant les candidats sur ce domaine, vous posez « des questions ». Qu’est-ce qu’une bonne politique culturelle ? Quels moyens veut-on peut-on (en temps de crise) pour développer celle-ci ?
J’ai un amour immodéré pour ces chemins d’Alsace qui mènent à de nombreux châteaux. Bien sûr, on pense Haut-Koenigsbourg, mais pour avoir dormi de nuit et vu le soleil se lever dans les cours du Spesbourg, de l’Ochstein, je sais aussi quel enchantement romantique peuvent générer ces vaisseaux de pierre transportant dans leur histoire, chevaliers brigands, noblesse d’Alsace et légendes. Les chemins existent, mais nous savons aussi que l’Alsace est la région qui en possède le plus. Dans notre société moderne où l’on ne souhaite prendre aucun risque, leur sécurisation est parfois un frein à leur maintien ou remise en état.  Y-aurait-il aujourd’hui un homme politique pour donner à Bodo Ebhardt le feu vert pour entamer les travaux du Haut Koenigsbourg dans l’état où il fut trouvé (félicitons-nous d’ailleurs des travaux entamés en ce moment).

Églises, cathédrales … Bien sûr que Yann Wehrling a raison de les citer.

Sur le livre, le multimédia et la culture numérique. Je pense qu’il faut aller plus loin. J’ai lu sur un site de campagne une proposition de numérisation des fonds culturels alsaciens. Il faut y aller et permettre à chacun de fouiner, de découvrir et de se cultiver. Concernant l’illustration en Alsace, des affichistes aux grands anciens et modernes, il y a de la quoi faire. Bravo pour le musée Ungerer, mais il y a tant d’autres, alsaciens et amoureux de la région ou formés dans la région qu’ils mériteraient une mise en avant. Schnug, Henner, Seebach, Waltz,  bien sûr,  mais aussi des contemporains en allant jusqu'à John Howe, Jacques Martin ( le plus bruxellois des alsaciens). Pour ne pas imaginer un musée de l’impression et de l’illustration où l’on passerait de la bible de Gutenberg aux créations numériques. L’Alsace a eu et a du talent.

Il y a aussi la culture rhénane, le bilingusime et là, outre le Museum Pass, on n’en fait pas assez pour découvrir la culture du voisin, les cultures communes et l’histoire traversée ensemble ( on ne connait pas par exemple, l’impact de la révolution française dans le pays de Bade).

Enfin, si la culture doit tirer vers le haut, elle ne doit pas oublier le public. Il y a des places pour « des cultures » populaires. Finissons en musique en évoquant la nécessité d’intégrer des musiques actuelles, de permettre la créativité en région.

Une autre interrogation peut-être, les atteintes permanentes à la culture générale, oubliées des élites et des politiques culturelles, le Général de Gaulle en faisait « la véritable école du Commandement ». Ne devrait-on pas l’encourager au lieu de la supprimer, de la réduire et de formater des moutons plutôt que d’élever des esprits ?

Que de budgets dira-t-on ! Peut-être faudra-t-il songer aussi à favoriser les mécénats, car les collectivités en charge du social, de l’emploi, devront naturellement trouver des sources de revenus complémentaires. Enfin, n’oublions pas d’autres domaines qui sont ou devraient être culturels : le sport et pourquoi pas l’environnement.

La nature n’est-elle pas le premier biotope qui servit d’écrin à la naissance de l’art et donc de la culture ?
Stéphane Bourhis


PS : J’avoue aussi souhaiter que des biens et ressources gastronomiques puissent, comme dans d’autres pays devenir des biens culturels. En Alsace, patrimoines viticoles et brassicoles gagneraient à être reconnus comme tels.

Et puisque je reposte cette note sur mon blog Hoenheimois, comment ne pas relier aussi l'idée de musée de l'impression et de l'illustration à l'histoire des Emailleries Alsaciennes de Strasbourg, sis à Hoenheimn justement.