Stations Vélib à Paris: le cadenas comme alternative

Publié le 16 novembre 2007 par Pierre

 Les veilles de grève il semblerait qu’à Paris (voir ici notamment), de nobles individus accrochent leur antivol à des Vélos arrimés à une borne Vélib proche de chez eux. Objectif : disposer aisément d’un moyen de locomotion le lendemain matin, à l’horaire qui leur convient, pour pouvoir aller travailler.

Quelle classe, quelle élégance de ces sinistres individus qui « puisque rien ne l’interdit dans le règlement » n’hésitent pas à pervertir un système de libre mise à disposition au motif que leur petite personne est plus importante que celle du voisin. Ce dernier se rendra lui tôt le matin sur la même borne pour tenter d’arracher le précieux vélo. Là, il découvrira stupéfait, puis affilgé, le niveau de mesquinerie et d’égoïsme atteint par son con…génère.

Du Vélib au bobof

Les auteurs de cette pratique ne sont-ils pas dénués de toute capacité d’empathie ? Et où est le respect des règles, le sens du partage, la solidarité dans la difficulté… Ils estiment probablement que l’important, c’est eux ; le reste, les autres, n’est qu’accessoire.
Ils sont malheureusement le résultat inquiétant de la dégénérescence du citadin : la promiscuité urbaine, censée rapprocher les gens, au sens propre come au sens figuré, exacerbe au contraire l’individualisme et le repli sur soi.

 Dans les cafés et salons, on entend encore beaucoup disserter sur la solidarité, la nécessité d’aider les pauvres, les vieux, de construire du logement social et j’en passe mais les comportements individuels ne réflètent pas cette générosité de façade : les citadins agissent en opposition à leurs discours : ceux qui s’arrêtent discuter avec le clochard ou lui donner une pièce, pour aider la grand-mère dans le métro (mais franchement, qu’y fait-elle à 18 h !!!), qui arrêrent leur voiture pour laisser passer le piéton… sont l’exception.

 Accumulés, ces petits détails crispent la vie collective et permettent de définir un profil-type, bien sûr un peu caricatural, celui du bobof parisien, mélange de bobo cultivé et égoïste (cadre qui fume des Marlboro lights et disserte dans les cafés lounge), et de beauf vulgaire et grossier ne respectant que lui-même (qui lui roule en 4X4, le téléphone portable scotché à l’oreille).

En fait, cet épisode des antivols sur les vélib n’est que le résultat d’une somme de comportements individuels : chacun répondant à un acte égoïste vécu par un autre acte encore plus égoïste. Cette spirale infernale du « chacun pour soi » est enclenchée depuis longtemps et n’est pas prête de s’arrêter.

François