Le premier administrateur de biens français est à vendre

Publié le 24 février 2010 par Julienviel

La Tribune

L'établissement bancaire n'a pas réussi à trouver de synergies avec la société de services immobiliers. Il souhaite sortir de cette filiale achetée au prix fort et qui n'entre plus dans ses priorités stratégiques.

L'heure des choix stratégiques a sonné. Et le groupe BPCE, après une longue série d'acquisitions entre 2005 et 2007, tant de la part des Caisses d'Épargne que des Banques Populaires, avant leur mariage, est bel et bien condamné aujourd'hui à en faire. Selon nos informations, François Pérol, l'homme fort de la banque, a ainsi prévu d'annoncer jeudi la vente du groupe de services immobiliers Foncia, détenu par les Banques Populaires. La décision est importante. Symboliquement, d'abord. Car elle concrétise la mise en oeuvre d'indispensables et de douloureux arbitrages.

Indispensable, car BPCE n'a jamais réussi à trouver de réelles synergies avec Foncia, dont le métier et la structure (l'un est centralisé, l'autre pas) ne faisaient pas vraiment bon ménage avec l'activité bancaire de son acquéreur. Douloureux, car acheté au top de la bulle immobilière, les Banques Populaires ont mis 1,3 milliard d'euros sur la table pour acheter cette entreprise auprès de son actionnaire majoritaire, Jacky Lorenzetti, en janvier 2007. Aujourd'hui, cet actif est valorisé environ 500 millions d'euros au bilan de la banque française...

Pour autant, le groupe BPCE n'a pas l'intention de vendre Foncia à n'importe qui ni forcément au plus offrant. Un fonds d'investissement aurait déjà manifesté son intérêt, sans retenir l'attention de François Pérol. Jacky Lorenzetti aurait, lui aussi, fait une offre pour revenir à ses anciennes amours, sans succès. Nexity, dirigé par Alain Dinin, serait, certes, un candidat idéal, mais il est déjà dans le giron de BPCE, qui n'a sûrement pas envie d'un mariage consanguin. La semaine passée, d'ailleurs, le patron de Nexity a assuré que son actionnaire de référence n'avait pas l'intention de vendre ses parts dans l'immédiat.

Dans le cas de Foncia, François Pérol a le choix entre trois types d'acquéreurs. Tout d'abord un autre groupe bancaire sans réseau d'administrateurs de biens. On pense ici immédiatement au Crédit Agricole, qui avait d'ailleurs, lors de la cession de Foncia par Lorenzetti en 2007, fait une offre. Autre genre de prédateur possible : les fonds d'investissement. Selon nos informations, cette solution n'aurait pas les faveurs du patron de BPCE, qui ne voudrait pas remettre ce dossier entre les mains de financiers qui se contenteraient de faire tourner leur portefeuille.

Nombreux homologues
En interne, cette option n'est pas davantage appréciée et comme nombre des salariés de Foncia ont des stock-options dont le plan arrive à échéance en septembre prochain, leur départ massif serait un coup dur pour le repreneur. Troisième et dernière piste envisageable, celle d'un professionnel du secteur en mal de croissance externe. Les homologues de Foncia sont nombreux. Mais pas forcément en état d'acquérir un tel morceau (Foncia réalise un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros et un résultat net de 14 millions). Parmi les leaders, Lamy est déjà entre les mains de
Nexity et ne peut donc prétendre à une telle opération. Le Crédit Immobilier de France, pour sa part, vient de récupérer le pôle services d'Icade et a donc d'autres chats à fouetter. Reste Citya, numéro quatre du secteur, qui réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.

Il sera donc très intéressant de voir quel sort François Pérol compte donner à ce leader de l'administration de biens et comment, au-delà, il va sortir de toutes ces acquisitions qui n'entrent plus dans son axe stratégique resserré. La réunion de jeudi prochain, à l'occasion de laquelle François Pérol doit annoncer les résultats 2009 du groupe et son plan stratégique, devrait apporter une première réponse à ces interrogations. En guise d'introduction, un porte-parole de BPCE a cependant d'ores et déjà démenti l'information du "Figaro" selon laquelle le groupe envisageait de céder la Société Marseillaise de Crédit (SMC). Il n'a en revanche pas souhaité faire de commentaire quant aux autres actifs cités par le quotidien comme Meilleurtaux.com ou encore la Coface, filiale d'assurances de Natixis. Cette dernière, cependant, on le sait, suscite déjà l'intérêt d'au moins un repreneur potentiel : Scor.

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