Gesaffelstein l’interview

Publié le 27 février 2010 par Hartzine

Quand d’autres de son âge s’adonnent aux vices de la fidget ou de la minimal, Gesaffelstein, lui, préfère s’abandonner à la techno sombre et puissante où Detroit croise le fer avec la New Wave, où le disco de Moroder fleurte avec l’EBM des années 90. Nous rappelant ainsi que les années 80 eurent elles aussi leur importance dans l’émergence de ce genre musical.
Après trois Ep sortis en 2008 et deux tracks parus sur le label crée en 2009 par David Carretta, Space Factory ,  il nous revient avec un nouveau maxi sorti  fin dernière sur sa propre structure fondée avec The Hacker et intitulée Zone.

Peux-tu nous raconter ton parcours, qu’est-ce qui t’as poussé à faire de la musique?
J’ai commencé à faire de la musique vers l’âge de 16 ans, c’était très abstrait au début puis, de fil en aiguille, je me suis intéressé aux techniques de production actuelles.  Je suis ensuite arrivé à Paris, j’ai sorti mon 1er maxi chez Od, j’ai rencontré Hacker qui m’a proposé de sortir un maxi chez GoodLife…J’ai fait mes premiers live …

Comment procèdes-tu lors de la création d’un track? Une idée précise où c’est comme ça vient?
Parfois je note des idées sur un papier, ça peux varier en fonction de ce que j’ai envie de faire…Parfois ça part juste d’un son que j’ai envie de mettre en avant. Tout ça reste finalement très aléatoire.

Tu ne te cantonnes pas à la seule utilisation de l’analogique, tu utilises aussi le digital. Penses-tu que cela apporte une touche de modernité à tes tracks ?
Je ne sais pas si le seul fait d’utiliser du digital apporte de la modernité dans mes musiques mais je travaille avec de vieux synthétiseurs analogiques et, grâce aux techniques digitales, je peux les séquencer avec un ordinateur ce qui facilite la construction de mes morceaux.

Tu t’inscris dans la lignée des producteurs électro fortement inspirés par la musique des années 80. A quel niveau tes influences interviennent? Qu’est ce qui t’as marqué dans ce genre?
Je ne suis pas non plus du genre focalisé sur les 80’s à essayer de refaire ce qui a déjà était fait. Les sons des machines de l’époque était de bien meilleur qualité qu’aujourd’hui hui, c’est tout … Regarde les premières  de kraftwerk dans les années 70 sont pour moi encore des œuvres d’avant-garde majeures. Qui, aujourd’hui, arrive à faire quelque chose d’aussi moderne?

La New Wave était, aussi, fortement basée sur l’esthétisme, la mode…Quels sont tes rapports avec la mode? Penses tu que c’est deux univers, la musique et la mode, soient liés?
L’un peu apporter un certain relief à l’autre et ce, dans les deux sens.


Au vu de l’importance des années 80, tu aurais pu faire de la New Wave. Pourquoi as tu choisis de faire de la techno?

Je n’ai jamais considéré la techno comme une réelle musique à part entière. Je vois ça plutôt comme un support, une façon moderne de travailler tous types d’influences musicales et autres genres, que ce soit le Disco, la Funk, la New Wave… C’est le moyen le plus simple de créer ce que j’ai dans ma tête et puis refaire de la New Wave exactement comme en 82 n’aurait aucun intérêt.

Les autres formes d’arts t’inspirent?
Oui, dernièrement je me suis intéressé au peintre Pierre Soulages, c’est très noir, c’est ultime.

La vie nocturne?
Paris/Zone/Champagne/Régine/Plan/Girls.

Tu viens de sortir fin 2009 ton 3ème ep, Zone 1. Quel regard portes-tu sur tes anciens maxi Vengeance Factory sorti sur Od Records en 2008 et Modern Walk sur Goodlife, la même année?
je les aime bien mais je ne reste pas bloqué non plus dessus…Je ne les joue presque jamais en live, j’ai l habitude de jouer les morceaux les plus récents.

Sur Zone 1, tu reprends Je suis venir te dire que je m’en vais de Serge Gainsbourg. Osez…non?
C’est tout le but de cette reprise, pas dégueulasse non plus …une provocation certes mais c’est aussi parce que j’aime beaucoup l’original.

C’est aussi ton premier morceau dans lequel tu fais appel à une voix. En quoi cela change-t-il au niveau de la production?
C’est plus simple avec une voix…C’est tout

T’as envie de renouveler l’expérience?
Oui, peut être …

Death Fagh, Midnight Anxiety theme non sorti et ta reprise de Gainsbourg ce sont tes tires les moins dancefloor. Est ce que tu t’imagines produire de la musique moins dansante sur un plus long format?
J’ai plus de facilités à faire des morceaux non dancefloor que des trucs destinés au club…A terme je sais que je ne ferais pas que çà, c’est évident.

Tu signes ce dernier ep sur le label Zone. Label que tu as crée avec The Hacker. Quelles ont été vos motivations? Ce n’est pas un peu galère de créer un label aujourd’hui? Quelle est ta position au sein du label?
On est sur la même longueur d’onde musicalement, on aime des trucs vraiment particuliers en musique, puis créer un label aujourd’hui oui c’est galère mais à ce moment là tu restes dans un coin et tu attends que ça se passe …Sinon, le label est géré par David Rimokh et Alexandre Reynaud, le graphisme par Pierre-Jean Buisson, enfin Michel (The Hacker) et moi gèront l’artistique.

Dans quel genre musical tu te situerais quand  la minimal, la house ou la french touch 2.0 inonde le marché?
On ne se situe pas, ça voudrait dire qu’il faut se poser quelque part et stagner. Nous sommes dans l’évolution, le mouvement.

Pourquoi as-tu choisis le live plutôt que le deejaying? Le live c’est l’avenir, une alternative vu le nombre croissant de deejay?
Mixer tout seul dans une ville perave de l’Europe pendant 3 heures c’est pas très marrant … Puis c’est aussi plus jouissif des gens qui te remercient à la fin d’un live pour ta musique qu’une petite mi putes/mi girl fan de dj qui te dit « j’adore ce que tu fais » alors que tu viens juste de passer Chase de Giorgio Moroder. .

Quelles sont tes plans pour cette année? Des futures sorties? Et pour ton label?
Je viens de terminer un remix pour Château Marmont qui sortira chez Institubes cette année puis un remix pour Ali Renault qui figurera sur le prochain maxi de notre label… Des lives aussi et un nouveau maxi.

Qu’est-ce qui au niveau musical t’as récemment marqué ?
J’aime beaucoup Château Marmont, leur prochain maxi est vraiment beau…J’adore aussi Function, le double album de Dj Hell que je trouve très bien … Il y’a aussi les nouveaux morceaux de The Hacker que j’ai écouté pour son prochain album solo ,qui sont vraiment excellents.

Propos recueillis par Cyrille