Encore une histoire de vampires, se diront les grincheux. Certes, la bit-lit envahit chaque jour davantage les rayons de nos librairies. Mais l’univers mis en place par Fabrice Colin, s’il n’est pas d’une folle originalité, ne manque cependant pas de charme. L’auteur de La malédiction d'Old Haven nous entraîne avec délectation dans l’Angleterre Victorienne en convoquant les personnages littéraires ou réels les plus célèbres de cette époque : Sherlock Holmes, Moriarty et le Docteur Watson, Jack l’éventreur, Abraham Stoker, la Reine Victoria… Il n’oublie pas de rajouter Dracula, Nosferatu ou Elizabeth Bathory, soit quelques références historiques incontournables en matière de vampirisme. Les descriptions sont parfaitement maîtrisées : les rues de Londres perdues dans le brouillard, les intérieurs cossus des maisons bourgeoises, les cimetières balayés par les vents glacés… Les personnages sont nombreux, parfois trop stéréotypés, mais l’intrigue avance relativement vite et l’alternance entre les nombreuses phases de dialogues et les scènes d’action évite que l’ennui s’installe chez le lecteur.
Il ne faut par ailleurs pas oublier que nous sommes ici en présence d’un ouvrage de littérature jeunesse. Et si le vieux schnock que je suis se mettait dans la peau d’un ado aimant ce genre de récit, nul doute que je serais comblé par cette première aventure des sœurs Wilcox.
Voila donc un roman qui constitue une belle introduction à la littérature fantastique pour les jeunes lecteurs qui souhaitent découvrir le genre. Ni révolutionnaire, ni incontournable, c’est juste un excellent divertissement et un agréable moment de lecture. Que demander de plus ?
Les étranges sœurs Wilcox T1 : Les vampires de Londres, de Fabrice Colin, Éditions Gallimard Jeunesse, 2009. 284 pages. 13,50 euros. Dès 12 ans.
L’info en plus : L’histoire racontée dans le roman par Abraham Stoker à Hyde Park est celle des Amants papillons, un magnifique album de Benjamin Lacombe paru aux éditions du Seuil en octobre 2007. On comprend mieux la dédicace de Fabrice Colin à son ami au début du livre : « Révérence et gratitude à Benjamin Lacombe sans qui [ce livre] n’aurait sans doute jamais existé. »