Incroyable mais vrai : le cricket, c’est fun !

Publié le 28 février 2010 par Leparikiwi

Retour sur le match NZ-Australie de ce dimanche à Christchurch – ou comment une soirée condamnée à l’ennui s’est transformée, contre toute attente, en palpitante fête sportive ! True story.

Je tiens à préciser que cet article a été rédigé en état de totale sobriété et qu’aucune substance euphorisante n’a été utilisée au cours de son élaboration. Ce qui suit est donc complètement assumé. ;)

De retour en Nouvelle-Zélande pour un second semestre loin de France, j’ai fait ma rentrée à la fac lundi dernier. Après trois mois et demi de vadrouille, c’était sympa de retrouver le campus, la sédentarité et les habitudes. Sympa aussi de retrouver les amis, pour de nouveaux jeudis soirs à la Foundry et de nouvelles sorties le week-end. Quitte parfois à se retrouver dans de drôles d’endroits… Genre un match de cricket.

Ce dimanche, nous étions une vingtaine à avoir répondu à l’appel d’un ami allemand. Notre mission : nous rendre au match de cricket opposant la Nouvelle-Zélande à l’Australie et, surtout, rester éveillé jusqu’à la fin de la rencontre. Impossible, dites-vous ? Il est vrai que le cricket, notamment en France, a mauvaise presse. Catalogué comme sport ringard, ennuyeux et incompréhensible, il est associé à des images de gentlemen anglais tout de blanc vêtus jouant des matchs pouvant durer jusqu’à cinq jours, avec une pause chaque après-midi au moment du thé.

Goscinny inspiré par le cricket ?

Il s’avère que, de son passé britannique, la Nouvelle-Zélande a hérité le cricket ; elle en a même fait son sport estival préféré. Derrière les indétrônables All Blacks et sans doute à égalité avec les longilignes Silver Ferns (netball féminin), les cricketteurs néo-zélandais (surnommés les « Black Caps ») sont parmi les sportifs les plus populaires du pays. Un coup d’oeil au merchandising Black Caps dans les magasins de sport est un bon moyen d’en avoir le coeur net. Reste à trouver la raison de cet engouement…

Nous arrivons à l’AMI Stadium vers 17h30, une demi-heure avant le début de la rencontre. Les joueurs sont à l’échauffement et le stade, fraîchement rénové pour la Coupe du monde de rugby, se remplit petit à petit. La presse du jour se montre assez pessimiste quant aux chances néo-zélandaises de l’emporter, surtout une semaine après une cuisante défaite kiwie face à ces mêmes Australiens. Youhou, voilà qui promet ! Allez, courage, dans quatre heures ce sera fini.

Batteur kiwi à l'échauffement

18h, les deux équipes font leur entrée sur le terrain. Les Black Caps battent en premiers : à eux de marquer des points en envoyant la balle le plus loin possible, pendant que les Australiens, au lancer, essayent de les éliminer en renversant le wicket (petite cible en bois protégée par le batteur) ou en rattrapant la balle au vol. La NZ commence sur un bon rythme et le public (26 148 spectateurs !) est derrière son équipe. Du fait du type de match joué (« Twenty20″, soit la version courte du cricket), la prise de risque est maximale et le spectacle au rendez-vous. Un homme va réussir à enflammer le stade : le batteur néo-zélandais Brendon McCullum, auteur d’une prestation exceptionnelle. Marquant 116 points sans se faire éliminer, il a tout simplement signé la deuxième meilleure performance de tous les temps en Twenty20 !

Dans les gradins, l’ambiance n’a rien à voir avec ce que je redoutais. Nous sommes dans la tribune non couverte, celle où visiblement tous les étudiants se sont donnés rendez-vous. Oubliez donc vos préjugés, ici personne n’a apporté son service à thé mais plutôt sa collection de « can coolers ». Les Kiwis aiment se déguiser et le prouvent une nouvelle fois, habillés en Hawaïens, en pomme de terre, en GI Joe ou en pom-pom girls. Les applaudissements sont généreux et des olas sont même lancées, jusqu’à atteindre une vague parcourant plus de quatre tours de stade avant de s’éteindre. Une ambiance bien meilleure qu’au rugby !!

"We're the Hawaiians, mate!"

Après les Néo-Zélandais, qui ont marqué 214 points, c’est au tour de l’Australie de battre. Les points s’enchaînent moins rapidement, c’est moins spectaculaire, mais les Aussies se font moins éliminer et du coup restent plus longtemps sur le terrain. Au fur et à mesure que les dernières balles approchent, les spectateurs réalisent que le match va probablement se jouer à un point près. Grâce à McCullum, l’exploit est possible et l’ambiance monte d’un cran. Alors que les supporters les plus chauds me permettent d’enrichir mon vocabulaire en invectivant le joueur australien le plus proche (« Smith is a wanker, Smith is a wanker »), le public se lève pour encourager les siens. Et lorsqu’un Aussie se rate, le kop ne le rate pas : « you fucked up! you fucked up! » Grosse ambiance !

Sur la dernière balle, l’Australie a besoin de quatre points pour l’emporter – pas facile, mais possible. Sous les hurlements du public, les Black Caps arrivent in extremis à contenir les Australiens à trois points, synonymes de prolongations (fait extrêmement rare en cricket). Grâce au sang-froid de Tim Southee, l’ultime manche de ce match complètement fou est remportée par les Néo-Zélandais, qui tiennent enfin leur victoire (relatée le lendemain jusque dans les journaux pakistanais). J’ai essayé de vous résumer ça en vidéo…

Si après tous mes efforts, le cricket n’est pas remonté (un tout petit peu) dans votre estime, je m’avoue vaincu. Car mon coloc néo-zélandais m’a bien confirmé que j’avais assisté là à un match d’une rare intensité… « You don’t get much better international cricket than what people saw tonight. » Ca, ce n’est même pas mon coloc qui le dit, mais le capitaine australien ! Et le Daily Telegraph de le formuler autrement, décrivant le match comme « perhaps the most thrilling Twenty20 clash in history ».

En plus, avec un bon zoom, ce serait photogénique

Plus de vidéo : De larges extraits du match sont disponibles en vidéo avec commentaires en cliquant ici.

Anecdote : Le cricket entre la NZ et l’Australie, c’est toute une histoire – et même toute une Histoire ! Ca remonte au « 1981 Underarm bowling incident », où un joueur australien avait fait rouler la dernière balle du match par terre afin d’empêcher les Néo-Zélandais d’inscrire les 6 points dont ils avaient besoin pour obtenir le match nul. « Nasty Aussies », avait en substance répliqué le Premier Ministre kiwi.