Bobby Fischer : le mythe, la réalité et le paradoxe d’un génie des Echecs.

Publié le 03 mars 2010 par Vinz

Il s’est éteint le 17 janvier 2008, à l’âge de 64 ans. La semaine prochaine, le 9 mars exactement, il aurait fêté son 67ème anniversaire. Beaucoup le considèrent comme le plus grand joueur d’échecs de tous les temps, y compris le meilleur «officiellement» Garry Kasparov. Il était l’homme de tous les paradoxes, de tous les contrastes et tous les extrêmes mais il a révolutionné les échecs.


De l’enfant prodige au jeune champion.

Robert James Fischer est né le 9 mars 1943 à Chicago. Son père, Gehrardt, est un physicien d’origine allemande (mais un journaliste américain affirma que son père biologique était un physicien hongrois qui a participé au projet Manhattan, programme d’élaboration de l’arme atomique). Sa mère d’origine juive polonaise travailla dans les écoles, fit des ménages et garda des enfants (Elle aurait même été inquiétée par le FBI, soupçonnée d’espionnage pour l’URSS). Ses parents se séparent quand Bobby a deux ans et avec sa mère et sa sœur, il s’installe à Brooklyn, celui de Jackie Robinson le premier et grand joueur de baseball noir de la MLB. Ce sport ne l’intéresse pas du tout.

L’aspiration du jeu.

Le petit Bobby se révèle agité et instable mais quand sa sœur Joan (qui a été une des premières à travailler sur l’informatique et l’éducation) lui offre un jeu d’échecs, il est subitement captivé, négligeant tout le reste. Plus tard, il affirmera que mener de front les études et les échecs est mauvais pour les seconds (Pourtant les grands champions ont réussi des études brillantes comme Emmanuel Lasker, mathématicien et ami d’Albert Einstein). Après avoir participé à une séance de parties simultanées, Bobby est inscrit au club de Brooklyn et à 11 ans, il est déjà le meilleur joueur du club. Il commence à disputer des petits tournois. Son premier grand tournoi remonte à 1956 (championnat open des Etats-Unis). Dans un autre tournoi disputé à New York, il affronte une forte opposition et termine dans les dernières places. Pourtant c’est une magnifique victoire contre Donald Byrne qui le met sous les projecteurs échiquéens: contre ce joueur expérimenté, il sacrifie la Dame puis mène impitoyablement une attaque de mat. En 1957, il dispute le premier de ses huit championnats des États-Unis: malgré ses 14 ans, il devance le meilleur joueur occidental Samuel Reshevsky et le champion du monde junior, William Lombardy. C’est son premier succès majeur. Le championnat national devient son bien puisqu’il l’a toujours remporté quand il a participé.

Voici une vidéo d’une émission télévisée américaine où apparaît le jeune Bobby pour la première fois. Il s’agissait de découvrir son secret (comme quoi on n’a rien inventé).

Bobby Fischer dans \ »I\’ve Got a Secret\ »

Le plus jeune grand-maître au monde.

Bobby Fischer en 1956. Il a alors 13 ans. Sa brillante victoire contre le grand-maître Donald Byrne lui vaut une renommée internationale. Il devient en 1958 le plus jeune grand-maître international de l'Histoire des Echecs.

Cette victoire confère à Bobby le titre de Maître International et le qualifie pour le tournoi interzonal de Portoroz en Yougoslavie (Le tournoi interzonal est un tournoi qualificatif pour le tournoi des candidats qui doit lui-même désigner le challenger du champion du monde). Il termine à la 6ème place, le dernier strapontin disponible pour le tour suivant. Il devient donc le plus jeune candidat au titre mondial, à 15 ans passés et le plus jeune grand-maître de tous les temps (son record ne sera battu que dans les années 90).

Ce tournoi des candidats, joué en Yougoslavie en septembre 1959, est une première déception, mais Bobby était le moins expérimenté de tous les participants. Dans cette épreuve marathon, il ne marque que 12,5 points sur 28 (7 victoires, 11 nulles et 10 défaites), subissant la loi du vainqueur Mikhail Tal (qui devient champion du monde en 1960) en perdant ses 4 parties contre lui. L’expérience rentre mais plus que jamais Bobby est certain de devenir champion du monde. Son heure n’est tout simplement pas venue.

Trois champions du monde sur la même photo. Prise lors de la cérémonie d'ouverture du tournoi des candidats en 1959. Bobby Fischer, Mikhaïl Tal (vainqueur du tournoi et champion du monde en 1960) et Tigran Petrossian (champion du monde de 1963 à 1969). Cette photo présente 3 détenteurs de records : l'invincibilité pour Tal (92 et 85 parties), le nombre de victoires consécutives pour Fischer (19 et une par forfait) et le plus petit nombre de défaites dans un cycle de candidats complet pour Petrossian (1 en 68 parties). On voit Fischer désintéressé du discours des officiels. Il ne pensait qu'aux Echecs, ne parlait qu'Echecs.

Parmi les meilleurs.

La rencontre de sa vie.

Les professionnels du jeu d’échecs (hors les Soviétiques rémunérés par l’Etat) ne gagnent pas bien leur vie; ils doivent donc jouer beaucoup et Fischer renforce ses connaissances en multipliant les tournois. Durant le printemps 1960, il est en Amérique du Sud. En mars à Mar del Plata, il fait la connaissance d’un jeune homme de 6 ans plus âgé. Il est déjà connu des échéphiles et connaît une période difficile. Tous les deux deviennent rapidement amis. L’autre s’appelle Boris Spassky, soviétique de sa nationalité. Dans la partie qui les oppose, Spassky bat Fischer qui l’avait pourtant dominé, mais les deux hommes finiront premiers ensemble du tournoi.

En juin, Fischer manque son tournoi à Buenos Aires: on attribue son échec à une demoiselle (dont la vertu et la générosité est encore à démontrer) qu’on a retrouvée dans son lit. Puis il participe à ses premières Olympiades (sorte de championnat du monde par équipes nationales) à Leipzig alors que son rival Reshevsky est absent car il réclamait la première place dans l’équipe. Après une nouvelle victoire dans le championnat des États-Unis, un match entre les rivaux est enfin organisé. Après 11 parties, les deux joueurs sont à égalité 5 et demi partout (2 victoires chacun et 7 nulles). La douzième doit avoir lieu un dimanche matin: Reshevsky, juif orthodoxe pratiquant, ne joue jamais pendant le Sabbat et la mécène Jacqueline Piatigorsky ne veut pas manquer un concert de son mari, violoncelliste connu. Fischer refuse de jouer, il perd par forfait et menace ensuite d’aller devant les tribunaux (le début de sa manie procédurière). Finalement, le match est interrompu et les prix partagés comme si le résultat était nul.

La désillusion et la retraite.

Fischer continue son apprentissage. Il réalise le meilleur tournoi de sa carrière jusque-là en terminant deuxième derrière Tal (qui venait de perdre son titre de champion du monde) à Bled en 1961, l’ayant même battu et lui-même restant invaincu. En 1962, Fischer écrase l’interzonal de Stockholm, devançant de 2,5 points son premier poursuivant. Il est un des favoris du tournoi des candidats qui se déroule en mai 1962 sur l’île de Curaçao dans les Antilles. Certain d’être vainqueur, il ne termine que quatrième, loin du premier le Soviétique Petrossian (champion du monde l’année suivante). Fischer accuse alors les Soviétiques de tricherie: en effet, les trois premiers du tournoi (tous soviétiques, Petrossian, Kérès et Geller) ont disputé entre eux des parties nulles assez courtes (moins de 20 coups en moyenne). L’Américain estime qu’il s’agit d’une entente illégale, leur permettant de se préserver avant de l’affronter. Si la FIDE (Fédération Internationale Des Échecs) a repoussé cette accusation, elle entend pourtant les réclamations de Fischer: désormais, le vainqueur du tournoi des candidats sera désigné par une série de match.

Bobby est déstabilisé après son échec: cela se voit à l’Olympiade de Varna contre le champion du monde d’alors, la légende Botvinnik. Il surprend ce dernier avec les Noirs, gagne un pion mais n’arrive pas à conclure dans une finale supérieure mais complexe ; la partie est finalement nulle. Le prodige se retire de la compétition, ne disputant que le championnat des États-Unis en décembre 1963, qu’il gagne avec le score parfait de 11/11!

Fischer ne fait son retour à la compétition qu’en 1965. Il dispute le mémorial Capablanca à La Havane mais étant interdit de se rendre à Cuba, il joue le tournoi par télex depuis New York (Il participera l’année suivante à l’Olympiade avec les Etats-Unis). A la fin de cette même année, il remporte le championnat des Etats-Unis mais perd ses premières parties après 5 participations! En 1966, «l’homme invisible» reparaît à Santa Monica, un des plus forts tournois de l’Histoire. Son manque de compétition le pénalise au début mais dans la deuxième moitié, il effectue une remontée spectaculaire pour échouer à un demi-point de Spassky -qui l’avait aussi battu au premier tour-.

Bobby Fischer contre Fidel Castro. La photo a été prise en 1966 lors de l'Olympiade qui s'est déroulée à La Havane. L'Américain marqua 15 points sur 17 (14 victoires, 2 nulles et 1 défaite) mais ce résultat remarquable ne lui donna pas la médaille d'or au premier échiquier. Elle revint au champion du monde Tigran Petrosian qui ne joua que 13 parties, marqua 11,5 points (10 victoires et 3 nulles), obtenant donc un résultat supérieur. Ceci irrita Fischer contre les Soviétiques.

Un champion ingérable.

En 1967, Fischer remporte le tournoi de Monte-Carlo, qu’il dispute grâce à l’appui de Marcel Duchamp. Il est le grand favori de l’Interzonal organisé à Sousse en Tunisie. Furieux de ne pas avoir de jour de repos alors qu’il doit jouer 4 parties contre les Soviétiques, Fischer s’en va, puis revient, puis s’en va définitivement. Un comportement incroyable quand on sait qu’il avait totalisé 7 victoires et 3 nulles en 10 parties.

L’attitude de Fischer devient source de problèmes. Ses caprices se multiplient, il arrive systématiquement en retard pour éviter les photographes qu’il exècre, il crie, s’agite mais réclame aussi l’amélioration des conditions financières et matérielles dans les tournois. Avec un tel joueur combatif, les organisateurs en ont pour leur argent et pour leurs souffrances. En compagnie du danois Bent Larsen, Fischer forme un tandem de joueurs qui met à mal la domination soviétique dans les grands tournois.

D’autre part, Fischer finit par adhérer à des comportements qu’il déplorait: au milieu des années 60, il adhère à une secte californienne (l’Eglise mondiale de Dieu), anticommuniste comme lui. Il doit respecter le Sabbat et impose aux autres joueurs ce que Reshevsky lui avait imposé dans son match de 1961. C’est aussi à ce moment-là qu’il révèle son antisémitisme. Au grand-maître Larry Evans, il aurait dit qu’il admirait Hitler car il avait imposé sa volonté au monde, phrase ambigüe de la part d’un Juif qui semble refouler ses origines.

A l’assaut (enfin) du titre mondial.

La période 1968-69 est marquée par une certaine discrétion de Fischer. Il ne dispute plus le championnat national car il voudrait augmenter le nombre de joueurs. Il remporte plusieurs tournois mais pas contre les meilleurs soviétiques notamment. Il finit par rencontrer Ed Edmonson, le président de la fédération étasunienne des échecs. Cet ancien militaire va jouer sur lui le rôle d’un père qu’il a semblé chercher. Fischer est plus sociable, son attitude est irréprochable et ses victoires plus impressionnantes (comme à Buenos Aires en 1970 où il ne concède que 4 nulles en 17 parties et continue de jouer pour le gain alors qu’il a tournoi gagné). Il n’est pourtant pas qualifié pour l’Interzonal de Majorque en 1970 car il n’a pas joué le championnat des Etats-Unis; le grand-maître Benkö se désiste. Il ne le regrettera pas. Fischer écrase le tournoi: il marque 18,5 points en 23 parties (15 victoires, une défaite et 7 nulles), remportant les 7 dernières parties dont l’ultime par forfait.

Le champion du monde Boris Spassky contre Bobby Fischer, lors de l'Olympiade de Siegen (RFA) en 1970. Spassky remporte la partie. C'est la dernière confrontation entre les deux champions avant leur championnat du monde. En cinq parties, Spassky s'était toujours imposé avec les Blancs (3 fois) et avait annulé ses deux parties avec les Noirs, restant invaincu.

La tornade Bobby.

Enfin candidat, Fischer sait qu’il doit défier toute l’armada soviétique, qui tient le titre mondial depuis 1948. Le premier adversaire est Mark Taimanov. Ce très bon joueur, pianiste aussi, n’est pas un adversaire qui peut battre Fischer mais l’inquiéter un peu oui. Que nenni! Taimanov est balayé 6-0 en ayant gâché plusieurs parties favorables.

Quelques semaines plus tard, c’est le Danois Larsen qui se présente. C’est la rivalité occidentale qui est en jeu. Avant le match URSS-Reste du Monde (qui s’est joué en 4 parties sur 10 échiquiers), joué en mars 1970, Larsen avait revendiqué le premier échiquier pour affronter le champion du monde Spassky. Fischer accepta de manière surprenante, probablement par crainte de perdre contre un joueur qu’il n’a jamais battu. La suprématie était en jeu, elle a été clair: 6-0. Larsen, trop optimiste, n’a pas résisté à l’Américain qui se voit proposer, en finale des candidats, l’ancien champion du monde Tigran Petrossian, dont la solidité et la tactique de match pouvaient faire plier l’Américain. Fischer avait affronté ce même joueur dans le match cité plus haut (2 victoires et 2 nulles pour lui). Il remporte la 1ère partie, étendant à 19 le nombre de victoires consécutives (record absolu) mais Petrossian gagne la 2ème. Après 3 nulles, Fischer fait plier l’Arménien par 4 victoires et s’impose 6,5 à 2,5.

Bobby Fischer et Bent Larsen coupant le gâteau en forme d'échiquier. La photo est prise avant le match de 1971. Fischer l'emporte 6-0 et mange tout cru le pauvre génial Danois qui ne s'en remettra pas tout à fait.

Le championnat du monde à Reykjavik.

Après bien des palabres, le championnat du monde tant attendu entre Fischer et le tenant Spassky a lieu en Islande, à mi-chemin entre le continent américain et l’URSS. Dans le contexte de l’année 1972, c’est donc un relent de Guerre Froide qui envahit la petite île. L’Américain solitaire, sorte de Zorro va défier tout un système incarné par Spassky.

Fischer a fait des siennes pour venir. Il réclame l’augmentation de la dotation du match et ne débarque qu’après l’octroi par un généreux mécène anglais, le banquier Jim Slater, d’une nouvelle bourse, alors que ses représentants affirmaient qu’il était malade. On dit que le secrétaire d’Etat Henry Kissinger l’aurait appelé pour le convaincre de jouer ce match. A posteriori, Fischer est un précurseur du personnage de Rambo ou de Rocky. Mais en réalité, l’Américain a peur, terrorisé : peur de prendre cet avion qu’il pense piégé par une bombe posée par les Soviétiques. Peur de l’environnement, peur de son adversaire qu’il n’a jamais battu.

Boris Spassky contre Bobby Fischer lors de la première partie du championnat du monde à Reykjavik. Le Soviétique remporte la partie mais s'écroulera sous le poids des circonstances, absurdes, et de la pression imposée par Fischer et par ses dirigeants, lui qui ne se disait pas communiste.

Ce 11 juillet 1972, la première partie a lieu. Spassky a les Blancs. Avant ce match, il a battu 3 fois Fischer pour 2 nulles. La partie va tranquillement vers la nulle quand soudain, Fischer capture un pion que tout amateur un peu connaisseur sait empoisonné: il perd une pièce mais continue. Spassky valorisera avec précision son avantage, tout heureux de marquer un premier point inattendu. Fischer va aussi voir l’arbitre pour se plaindre du bruit des caméras de la Fox. Il exige leur retrait pour la deuxième partie et refuse de jouer tant qu’elles n’ont pas été enlevées. L’arbitre déclenche la pendule, une heure s’écoule, moment critique puisqu’un tel retard signifie la perte de la partie par forfait.

Autre photo de la première partie du match. Fischer avait horreur des caméras et des photographes, ce qui expliquait ses fréquents retards, pour éviter les flashs.

On pense alors qu’à 0-2 Fischer ne viendra plus. La FIDE cherche à sauver ce match que les amateurs espéraient depuis longtemps et à éviter à l’Islande un naufrage financier. On acquiesce à la demande de Fischer. La 3ème partie est jouée dans une salle à part et plus jamais les caméras de la Fox ne filmeront ce match (à part la 8ème partie à l’insu du challenger) ; le gouvernement islandais décide de sauver le match en finançant les pertes engendrées par le départ de la société. Fischer entre enfin dans le match: il surprend Spassky dès l’ouverture et remporte une victoire sans contestation. Le champion du monde reconnaît qu’il n’aurait jamais dû accepter de jouer cette partie dans ces conditions et affirme que c’est à ce moment précis, avant de jouer son premier coup, qu’il perd le match.

Dans la 4ème, c’est Spassky qui prend l’avantage avec les Noirs mais il manque le gain et Fischer s’en sort avec la nulle. C’est le début de l’effondrement réel du champion du monde. Spassky ne marque en effet que deux nulles entre les parties 5 et 10 pour quatre défaites: son niveau de jeu est très faible ; mais le jeu brillant de son challenger (notamment dans les 6ème et 10ème parties) explique aussi et surtout son passage à vide. Mené 6,5 à 3,5, Spassky remporte une belle partie dans la 11ème mais perd la 13ème en finale. Puis suivent 7 nulles où Fischer résiste à la pression de Spassky. Après 20 parties, l’Américain mène 11,5 à 8,5. Pour conserver son titre, Spassky doit marquer 12 points (le match a lieu en 24 parties et en cas d’égalité le champion conserve son bien). La 21ème est bien engagée pour Fischer qui gagne du matériel et Spassky gaffe avant l’ajournement (Les parties étaient interrompues après 5 heures de jeu pour être reprises ensuite. Les ajournements ont été supprimés en 1991). Par 12,5 à 8,5, Fischer a mis fin à 24 années d’hégémonie soviétique.

Spassky paiera le prix de sa défaite. Dans ce match curieux, le KGB accuse la CIA de truquer le match en ayant installé des substances et des techniques capables de déstabiliser Spassky: c’est la série «Les Experts» avant l’heure: passage des fauteuils aux rayons X, examen de la lumière (on a échappé à l’autopsie des deux mouches trouvées mortes ), etc. L’ancien champion du monde a surtout payé son refus d’abandonner le match qu’avait demandé sa fédération.

Le jeu et la personnalité de Fischer: une apparente contradiction.

Une pierre brute taillée comme un diamant.

On a beaucoup parlé du jeu de Fischer. Les Soviétiques ont le mieux détaillé son style. Alors qu’on le pensait attaquant, le style de l’Américain se rapproche plus d’un autre grand champion du monde, le Cubain Jose Raul Capablanca (Champion du Monde entre 1921 et 1927). Fischer ne déclenche pas d’attaques violentes à sacrifices mais base son jeu sur une technique particulièrement développée et fine, renforcée avec ses progrès en fin de partie. Mais à l’opposé du Cubain, Fischer ne rejette pas la prise de risque car pour gagner il faut accepter de perdre. Il lui arrive de perdre (sa bête noire était le Soviétique Efim Geller) mais la tension, la précision qu’il exigeait pour qu’on lui résiste était si forte que la plupart des joueurs trébuchaient. Par exemple en 1970, il repoussa une proposition de nulle contre le Hongrois Szabo, dans une position égale. Ce dernier finit par craquer. Contre le dit Geller, ce dernier proposa la paix dès le 8ème coup et Fischer se mit à rire et lui mit la pression jusqu’à le faire craquer 60 coups plus tard.

« Do or die ».

Fischer ne déclenchait pas souvent de grandes combinaisons mais elles étaient bien calculées et précises. La tactique était au service de son but (la stratégie) même si le contraire était en apparence. Il calculait vite, n’était que très rarement en zeitnot (manque de temps en allemand). Pourtant l’Américain avait quelques points faibles : outre son répertoire limité, Fischer était glouton et prenait volontiers du matériel, ce qui lui joua quelques tours. D’autre part, il était plus fragile à subir la défaite, comme il l’a montré en 1962 après sa défaite au Tournoi des Candidats. Mais sur les dernières années, sa force mentale égalisait sa force pure : il était devenu imbattable (Sur 66 parties comptant pour le Championnat du monde entre 1970 et 1972, il n’a perdu que 5 fois dont une défaite par forfait, gagné 40 fois, dont une victoire par forfait, pour 21 nulles, soit 50,5 points sur 65 c’est-à-dire plus de 77% de points marqués !).

L’agressivité de sa personnalité (il voulait détruire l’égo de ses adversaires) contrastait avec la pureté, la limpidité de son style. Son répertoire d’ouvertures était limité, ce qui lui permettait de maîtriser plus facilement ses lignes mais facilitait la préparation de l’adversaire; mais il était tourné vers l’initiative, la création de tensions fortes sur l’échiquier. A partir de 1970, Fischer modifia sa stratégie d’ouvertures contre les Soviétiques: pour éviter les préparations, il changeait ses débuts et déstabilisait ses adversaires. Ce fut une des clés de la victoire de 1972. Spassky et son équipe de secondants furent surpris et ne surent pas réagir. Pourtant, les variantes choisies par Fischer avec les Noirs étaient quelquefois utilisées par ce dernier. Par contre avec les Blancs, l’Américain changea ses ouvertures, ne jouant jamais ou presque deux fois la même ligne. Spassky n’a pas su réagir ni psychologiquement ni techniquement.

De sa personnalité agressive rejaillit aussi parfois des moments de tendresse. Ainsi le grand-maître français Bachar Kouatly décrit la scène où il rencontra l’Américain: il lui offrit un sac et ce dernier le remercia sans arrêt, comme un enfant qui venait d’avoir son cadeau de Noël.

Après 1972 : la disparition, le retour , le délire et la fin.

Octobre 1972. Deux légendes du sport américain dans l'émission de Bob Hope. A gauche Mark Spitz (7 médailles d'or en natation aux JO de Munich en 1972) et Bobby Fischer. Ce dernier gagne des sommes énormes pour ses participations aux émissions, aux shows et aux sketches. Mais sa fortune s'envole, probablement dilapidée par la secte à laquelle il appartenait.

Millionnaire et invisible. Un traître des Échecs ?

Pour une personnalité comme Fischer, atteindre son but ne pouvait signifier qu’une chose. La peur de retomber. Un peu comme son illustre compatriote Paul Morphy (Entre 1857 et 1860, il écrasa tous les meilleurs joueurs du monde et prit sa retraite à 23 ans et abandonna le jeu), il disparut de la scène, on ne sait pas trop pourquoi. On retrouva sa trace en 1973 au cours d’un voyage aux Philippines et au Japon où il rencontra sa future compagne Mykyo Watai. Il était présent comme spectateur -discret-  au tournoi disputé à Manille. De l’archipel philippin, qu’il visita une première fois en 1967, il en a gardé des liens privilégiés.

Mais la Fox lui intenta un procès contre lui pour les événements de Reykjavik.

Il avait promis qu’il jouerait des centaines de parties, comme l’ont affirmé tous ses prédécesseurs. Il a gagné des sommes énormes pour des contrats publicitaires, mais tout a disparu. Sa secte l’a probablement spolié de ses biens et Fischer erra quelque part dans Pasadena. Jamais Fischer n’a expliqué cette période de sa vie. On ne connaît que quelques parties de lui contre un ordinateur.

Fischer doit pourtant défendre son titre contre l’espoir sur lequel toute l’URSS échiquéenne a misé : Anatoli Karpov. Le match est prévu pour 1975. Fischer pose un grand nombre de conditions mais la FIDE rejette une partie d’entre elles. Malgré les 5 millions de $ promis par le dictateur philippin Marcos, Fischer ne répond pas à l’injonction de la FIDE et Karpov devient champion du monde le 24 avril 1975 sans jouer.

Le retour, inattendu et polémique.

Depuis cette date, on ne sait quasiment rien de lui. Il envoya un télégramme de félicitations à Victor Kortchnoi quand celui-ci passa à l’Ouest à l’été 1976. En 1981, il est arrêté par erreur, accusé d’avoir cambriolé une banque. Il écrit dans un article qu’il a été torturé durant son incarcération qui a duré deux jours

A la fin des années 80, on retrouve la trace de Fischer. Il a séjourné en Allemagne. Il dépose un brevet d’une pendule électronique: à chaque coup joué, le joueur se voit crédité d’un temps de réflexion supplémentaire, on parle de «cadence Fischer» qui est utilisée de nos jours dans les grands tournois et le championnat du monde.

En 1992, Fischer reparaît en Yougoslavie. Pauvre, il accepte une offre mirobolante d’un milliardaire yougoslave pour jouer un match revanche (Qui doit être le vrai championnat du monde dixit Fischer) contre Spassky (naturalisé français depuis le début des années 80). Il a aussi conservé de nombreux amis dans ce pays. Le 1er septembre 1992, soit 20 ans après sa victoire, Fischer rejoue officiellement une partie. Il brave l’embargo de l’ONU et les sanctions américaines (Pour mémoire des footeux, les sanctions avaient amené à l’exclusion de la Yougoslavie de l’Euro 1992 et le repêchage du Danemark qui l’avait emporté). En pleine conférence de presse, il crache sur la lettre d’injonction du Département d’Etat (Il risquait en jouant 10 ans de prison), assure que les matches Karpov-Kasparov ont été truqués et profère des propos antisémites. Pour l’anecdote, Fischer gagne le match (10 victoires à 5 et 15 nulles). Même s’il est rouillé, si son adversaire est plus là pour s’amuser que pour gagner, il a montré dans quelques parties que son talent n’est pas perdu. Sa mémoire est encore prodigieuse mais sa culture est limitée: il ne s’intéressait qu’aux échecs, le reste ne valait rien. Son discours, ses écrits le montrent: un langage simple, direct, franc (en sa faveur ou pas) mais un discours qui n’est pas très élaboré, il n’y a pas de phrase complexe, malgré un QI de 184 qu’on lui attribue.

Boris Spassky (devenu citoyen français) et Bobby Fischer se serrent la main lors du match revanche en 1992. Ce match n'a jamais été reconnu comme officiel (en raison de l'embargo décrété contre la Yougoslavie où se déroule le match). Les deux hommes sont amis depuis leur première rencontre en 1960 et correspondaient relativement souvent, selon Spassky. Fischer gagne le match 10 victoires à 5 et 15 nulles, empochant 3,5 millions de $. Mais il ne peut plus rentrer aux États-Unis. Ce match est aussi la première compétition où la pendule dite Fischer est testée. A chaque coup, on ajoute du temps de réflexion au joueur. Ce système est aujourd'hui utilisé dans beaucoup des grands tournois, réduisant la durée des parties.

L’exil permanent jusqu’à la fin.

Ne pouvant rentrer dans son pays, Fischer erre ici ou là, en Hongrie, en Allemagne (?), au Japon. Il a inventé le «Fischer Random» (aujourd’hui Chess 960): il s’agit de tirer au sort la position des pièces au début de la partie pour limiter le travail théorique. Sur la fin, il ne voulait jouer qu’avec cette forme de jeu qui n’est pas encore très populaire.

Bobby Fischer et Susan (Zsuzsa) Polgar en 1996 à Budapest. L'aînée des sœurs prodiges hongroises joue une partie de Fischer Random où le placement des pièces est tiré au sort avant la partie. Elle a été aussi championne du monde, la seule des sœurs à tenter sa chance pour le titre féminin.

La recherche de Bobby Fischer s’apparente à une vraie course autour du monde. Il s’installe aux Philippines, pays de son ami Eugenio Torre et rencontre Marylin Young, la future mère de sa fille (Jinky née en 2000). Puis vint le 11 septembre 2001. Dans une interview à une radio philippine, il se réjouit ouvertement des attentats et proclame la fin de la domination juive et de l’Empire Américain, dont il est originaire, mais qui l’a abandonné estime-t-il. Ces déclarations suscitent la réprobation de ses admirateurs. Fischer s’enfonce dans sa paranoïa, son délire ; il écrit même à Oussama Ben Laden.

Une image que personne n'aurait pensé possible : Bobby Fischer papa, avec sa fille et la mère de celle-ci qui est alors âgée de 25 ans. C'était en mars 2004 quelques mois avant son départ pour le Japon.

Il se réfugie au Japon mais est arrêté en 2004 à l’aéroport de Tokyo car son passeport n’est plus valide. Durant son incarcération dans un centre de détenus étrangers, il aurait été agressé et torturé par des gardiens (peut-être même violé) mais on n’a pas plus d’informations à ce sujet. D’autres pensent qu’il a été emprisonné dans un endroit particulièrement radioactif, ce qui aurait déclenché sa maladie. De ceci, il est impossible d’infirmer ou de confirmer la thèse, surtout avec un personnage aussi particulier.

Une photo qui a fait le tour du monde des 64 cases. Bobby Fischer arrêté à l'aéroport de Tokyo.

En tout cas, c’est à ce moment qu’il épousa Miyoko Watai (qui était devenue présidente de la Fédération Japonaise) et renonça à sa nationalité. Il semblerait qu’il ait même demandé la nationalité allemande en rapport avec l’origine de son père.

Les États-Unis réclament son extradition mais il y échappe grâce au vote du Parlement islandais qui lui accorde la nationalité islandaise. En mars 2005, devant tous les médias islandais, c’est un homme avec une longue barbe, à l’allure du marginal (pour ne pas dire un clochard) qui débarque à Reykjavik. Obsédé par la presse, par le fait d’être vu, il se contente du minimum. Il s’installe et on lui demande de ne pas faire parler de lui; il ne doit pas quitter le territoire islandais.

Bobby Fischer en Islande en 2005. Rasé d'un peu plus près, les cheveux coupés. Il échappe à l'extradition vers les Etats-Unis grâce à un vote du parlement islandais qui lui accorde la nationalité islandaise, pour service rendu au pays (en faisant parler de lui malgré le gouffre financier qu'il a failli provoquer en 1972).

Il bénéficie d’une relative paix, il est très discret et mène une vie simple bien qu’il soit au courant des actualités échiquéennes (Il rencontra à sa demande l’actuel champion du monde l’Indien Anand qu’il semblait apprécier). Lorsqu’on le rencontrait et qu’il savait qu’on l’avait reconnu, il restait toujours difficile à aborder, c’est ce que raconta le joueur français Robert Fontaine quand il séjourna quelques jours sur l’île aux geysers. Un misanthrope se doublait d’un caractère difficile même s’il vivait aux côtés de sa compagne japonaise. Mais il est malade: une défaillance rénale l’emporte le 17 janvier 2008, à 64 ans comme les 64 cases de l’échiquier. Peu confiant dans le monde qui l’entoure, Fischer a refusé la médecine «officielle».

Bobby Fischer en 2007, quelques mois avant sa mort. On peut remarquer le creusement du visage, signe de sa maladie. L'approcher était toujours très difficile. Robert Fontaine (Grand-Maître français) raconta comment il croisa par hasard (en espérant le rencontrer quand même) le champion et qu'il fut délicat d'obtenir un autographe ou simplement lui parler.

La dernière demeure royale de Bobby Fischer (source Chessbase)

Tombe de Bobby Fischer (prise en juillet 2008 par Thierry Selva). Le champion repose à Hafnarfjordur en Islande.

Un précurseur, un révolutionnaire du jeu?

Un « religieux » du jeu.

S’il n’a été champion du monde que trois ans, l’apport de Bobby Fischer au jeu est énorme. Garri Kasparov voit en lui le fondateur des échecs professionnels. En effet, il a consacré toute sa vie, toute son énergie au jeu. Il a beaucoup fait pour le sort des joueurs professionnels: les prix ont été augmentés, les conditions de jeu meilleures. Cet individualiste forcené a fait beaucoup pour les grands maîtres. Cet homme seul a montré que face à un système de formation et d’entraînement on pouvait vaincre: après tout, deux hommes s’affrontent.

Cet état d’esprit se retrouve dans une anecdote qui se produisit en 1960 à Buenos Aires, lors du plus mauvais tournoi de sa carrière. Opposé à l’Ouest-Allemand Unzicker, Fischer toucha par mégarde son pion ‘h’ (Il avait l’habitude de tourner les pièces qu’il avait prises dans sa main pendant qu’il réfléchissait) ; la règle est claire, « pièce touchée pièce jouée ». Devant le désarroi du jeune américain, et sachant que bouger le pion amenait à la perte de la partie, Unzicker proposa sportivement de jouer un autre coup. Mais Fischer rejeta cette proposition et abandonna 10 coups plus tard. Pourquoi une telle attitude ? Se punir soi-même de son erreur et n’être redevable que de soi ? Ne pas demander la pitié pour ne jamais l’accorder ?

Fischer a révolutionné le jeu par la profondeur de son travail, de sa préparation. Quand il a introduit la dimension psychologique à son jeu, il est devenu imbattable (on parlait de «choc Fischer» car il poussait ses adversaires à s’écrouler). Il savait tout faire, tout jouer. Son apport dans la théorie des ouvertures n’est pas négligeable. S’il n’a rien créé, il a surtout approfondi certaines variantes qui avaient parfois mauvaise réputation.

Fischer n’a vécu que pour le jeu et que par le jeu, le reste importait peu ou pas. Son quotidien était assez occupé par le jeu qu’il n’était pas nécessaire de se préparer spécifiquement répondit un de ses amis, le grand-maître yougoslave Gligoric à un journaliste. Il était un grand amateur de smokings qui étaient devenus presque une obsession vestimentaire.

Boris Spassky qualifia un jour son ami Bobby de « religieux ». Il cherchait toujours le meilleur coup et ses grandes qualités à calculer les variantes ont fait qu’il dépensait beaucoup moins de temps et d’énergie que d’autres joueurs de cette nature. Le religieux cherche la vérité au plus profond de chaque coup joué. Les commentaires de ses 60 meilleures parties illustrent ce souci de trouver le vrai dans une position donnée.

Un révolutionnaire du jeu.

Fischer a révolutionné le jeu en inventant sa pendule. Les parties sont plus courtes, les ajournements supprimés (ils favorisaient ceux qui pouvaient avoir des secondants qui analysaient la nuit) tout en limitant les effets du zeitnot (avec l’ajout de temps).

Fischer est un révolutionnaire car il a toujours combattu les normes de son temps : la domination soviétique, les normes du jeu. Ses propos vont jusqu’à l’outrage, l’insulte et l’appel au meurtre. C’est surtout quelqu’un qui a vécu avec toutes ses contradictions: implacable mais un écorché vif, insupportable mais tellement beau à voir quand on rejoue ses parties. Génial (on lui créditait un QI de près de 180) mais inculte, ignare, associal et parfois grossier. C’était en particulier le cas lorsqu’on l’interrogeait sur son père.

Bobby Fischer en couverture de Life, fin 1971. L'Américain a popularisé un sport dont il pensait qu'il ne plaisait pas à la majorité de la population. Après son retrait, les Échecs ont connu un net recul aux Etats-Unis malgré l'apport de joueurs émigrés.

Il est aussi de ceux qui incarnent le jeu. Beaucoup de gens qui ont connu le match contre Spassky, savent qui est Fischer sans même connaître la marche des pièces. Une anecdote résume parfaitement cette dévotion aux Échecs : lors de la cérémonie de clôture du championnat du monde, le voilà s’adressant à Spassky et sortant son échiquier pour analyser les parties. Son pauvre adversaire parut désemparé et Spassky pensa : « Mon Dieu, il en veut encore ! ». C’était un « religieux » comme le déclara le Franco-Soviétique : quelqu’un qui recherche la vérité, le coup exact, le coup parfait, sans avoir le défaut de ce style : s’épuiser dans des réflexions trop profondes et tout gâcher sous la pression de la pendule par une gaffe. Son instinct était extraordinaire développé.

Chose curieuse, Spassky a fini par passer à l’Ouest (avec la bénédiction des autorités soviétiques qui ne comptaient plus sur lui), alors que Fischer a rejeté le modèle occidental, et surtout américain. Ces deux hommes, adversaires sur l’échiquier, sont devenus amis malgré les circonstances.

Fischer est certainement le plus grand joueur de tous les temps. Son classement Elo a longtemps été un Everest invaincu. Ce n’est qu’en 1989 (soit 17 ans après) que Garri Kasparov franchira ce mur. Aujourd’hui, ces 2785 points n’ont plus la même signification. Les trois meilleurs joueurs du monde dépassent ce classement. Mais ce qui est sûr, c’est que le personnage est entré vivant dans la légende, il est devenu un mythe inaccessible.

Quelques statistiques sur Bobby Fischer.

- Plus jeune grand-maître international (15 ans et 6 mois en 1958), record battu en 1991 par la Hongroise Judith Polgar.

- Plus jeune candidat au titre mondial (15 ans et 6 mois). Record inégalé

- Plus jeune champion des Etats-Unis (14 ans et 9 mois en 1957-1958)

- Huit fois champion des Etats-Unis en autant de participations. En 90 parties il en gagna 61, annula26 et ne perdit que 3 fois. En 1963-1964, il gagna les 11 parties du championnat.

- Record de parties gagnées consécutivement : 20, dont une par forfait.

- Plus haut pourcentage dans un cycle de championnat du monde : 84% sur 42 parties (32 gains, 10 nulles et 2 défaites)

- Seul champion du monde à n’avoir perdu aucun match. Si Alekhine est le seul champion du monde mort en détenant le titre mondial, Fischer peut partager avec lui l’honneur de ne pas avoir été dépossédé de son titre par un adversaire (mais par forfait quand même).

- Détenteur du record du classement Elo entre 1972 et 1990 avec 2785 points. Détrôné par Garry Kasparov.

- Seul joueur non issu du système communiste, avec Vishy Anand, a devenir champion du monde depuis l’après-guerre.

- Participa à quatre olympiades pour les Etats-Unis (1960,1962,1966,1970). Il ne remporta aucune médaille d’or en individuel ou par équipes. Il obtint deux médailles d’argent par équipes (1960 et 1966) et se contenta de la 4ème place en 1962 et 1970. En individuel, il obtint deux médailles d’argent en 1966 et 1970, une médaille de bronze en 1960. Sur 65 parties, il marqua 49 points (40 victoires, 18 nulles et 7 défaites)


Pour en finir avec ce portrait, voici quelques vidéos insipides de quelques-unes de ses meilleures parties.

La 13ème partie du championnat du monde 1972. La plus dramatique du match.

http://www.dailymotion.com/videoxc08fm

La partie qui révéla Bobby Fischer

http://www.dailymotion.com/videoxbugyb

Et enfin une attaque totalement impossible à prévoir. Le génie de Bobby Fischer se retrouve dans le fait que beaucoup de grand-maîtres ne savaient pas pourquoi son adversaire (Robert Byrne un des meilleurs joueurs américains, candidat en 1974) avait abandonné.

http://www.dailymotion.com/videoxcfkqg