Internet : facteur d'exclusion ou d'intégration ?

Publié le 04 mars 2010 par Cpouvreau
Vous le savez, ce blog a pour objectif de discuter de ce que les ONG - plus largement le non-lucratif - réussissent à construire sur la Toile - et plus largement, grâce aux nouveaux médias (i.e. smartphones compris). Parce que je suis passionné par ces nouveaux territoires. Et que c'est mon boulot. Néanmoins, je suis toujours soucieux de considérer la pertinence du choix d'un média (on ou offline) par rapport à une problématique ou une thématique ; mais aussi et surtout par rapport à un ou plusieurs publics cibles. Je ne suis pas du style à vendre "du Web pour faire du Web". Et il faut effectivement - entre autres points - garder à l'esprit que tout le monde n'a pas encore accès au Web.
Il est bon de se poser ces questions. Tout comme de s'interroger sur l'impact d'un média - ou son appropriation, au-delà du message. Le fond et la forme. Ainsi, j'ai découvert sur le site InternetSolidaire.fr, que Jean-François Amadieu, sociologue et Président du comité de programme du colloque* éponyme, pose et se pose - aussi- beaucoup de questions. Je reprends d'ailleurs intégralement l'édito du site. J'espère qu'il ne m'en voudra pas...
"La généralisation de l’accès au numérique (téléphonie, télévision, internet…) n’est pas encore complète mais des progrès rapides sont réalisés. Malgré ces évolutions, favorisées du reste par les pouvoirs publics, les conditions d’accès et la banalisation de ces outils selon les zones géographiques, les revenus ou les âges sont encore inégales.
Au-delà des taux d’équipement, il faut examiner dans quelle mesure les individus disposent des compétences et capacités permettant d’optimiser l’utilisation de ces nouveaux canaux. L’accès des personnes en situation de handicap a par exemple marqué des progrès.
Le numérique constitue-t-il un facteur d’intégration ? Est-il une voie de restauration de l’égalité des chances à l’école par l’accès facilité et libre au savoir, à l’information et à la formation ou à l’inverse renforce-t-il les inégalités au sein du système éducatif ?
On peut se demander si la communauté de travail sort consolidée par l’instauration d’un lien quasi permanent avec l’employeur et les collègues de travail ou affaiblie par le télétravail et les conférences téléphoniques ?
Les discriminations, l’exclusion du marché du travail reculent-elles avec le numérique (les ouvriers comme les cadres déposent leur candidature sur internet et elle peut être anonyme) ? A l’inverse, les chasseurs de tête utilisant des réseaux sociaux ou les informations collectées dans le cadre des e-recrutements ne bouleversent pas nécessairement les fonctionnements antérieurs.
Le développement des réseaux sociaux permet-il de créer des liens sociaux plus nombreux, plus diversifiés et plus solides ? Dans quelle mesure la sociabilité et le marché matrimonial sont-ils dynamisés permettant d’éviter des phénomènes d’isolement aux conséquences dramatiques (célibataires en zone rurale, certaines personnes âgées par exemple).
Dans les domaines associatif, politique et syndical les formes d’action connaissent des transformations. Mais ces évidentes évolutions provoquent-elles un développement de l’audience de ces organisations, une plus large participation des citoyens à ces actions collectives ?"
Des interrogations qui nous concernent tous. Et que nous nous devons de prendre en compte. 
> www.internetsolidaire.fr
*Internet solidaire :
exclusions et inclusions dans la société numérique du 21e siècle.
25 mars 2010 - Palais Bourbon (Paris)