The Russian Transporter : the American Potemkine

Par Cineblogywood @Cineblogywood

En DVD. Interrogé par Télérama, Nikita Mikhalkov (réalisateur de 12, actuellement à l’affiche) affirme que dans la vie "on peut se contenter de Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Bounine et en musique de Mozart et Rachmaninov." J'eus beau relire l'interview, je n'y ai vu nulle part mention de Oleg Pogodin, le réalisateur de The Russian Transporter, qui sort en DVD chez Zylo. J'en conclus, un peu vite j'en conviens, que le grand metteur en scène nie complètement l'apport des cinéastes russes au genre velu et désinhibé.
Comment pourtant avoir pu oublier "le dernier survivant du clan du chien gris" (Wolfhound de Nikolaï Lebedev) ou la lutte des "guerriers de l'ombre" et "des protecteurs de la lumière" (trilogie Nightwatch de Bekmambetov). Certes ces films confinent davantage à la libre interprétation des canons du ciné US mais leur aspect fruste et pompier est typiquement slave. Les héros ricains sont encore trop subtils, ils tentent parfois d'exciter leurs méninges alors qu'un problème trouve toujours sa solution avec une bonne baffe. Et ça, Yegor l'a bien compris.

Entre James Bond et Die Hard (c’est la jaquette du DVD qui le dit)
Yegor aime la muscu, les voitures tape-à-l'œil et Vladimir Poutine. Il est le Russian Transporter. Le cheveu court et le regard fixe (comme tous les traits de son visage), il tape sur les méchants comme sur les gentils. Ce n'est effectivement pas à lui de faire le tri puisqu'il est mandaté par une sorte de comité, vestes pied de poule et cravates en laine, réunissant les plus grands fans de Derrick, tous défenseurs de la sainte Russie. Ces pontes du parti, moustachus pour la plupart, tentent de comprendre une situation qui leur échappe, leurs directives sont donc pour le moins hasardeuses mais ça leur est égal tant que Yegor peut faire du sport.
Car Yegor aime transpirer. Et pis nous, les spectateurs, on s'en fout du complot. J'ai bien essayé, les premières minutes, de saisir les tenants principaux de l'intrigue mais allez comprendre, à force de mitraille de bourre pifs et de polka endiablée, mon cerveau s'est retrouvé engourdi et une étrange léthargie, pas désagréable, m'a accablée. Hébété je regardais le film se dérouler, sursautais de temps à autres devant l'incongruité de certains bruitages, pour finalement décider que la soirée était belle et que les chœurs de l’armée rouge, c’est mieux avec de la vodka.
Scène culte : le Russian transporter annone quelques vers de Baudelaire, il est en effet très culturé, en découpant du saucisson à la machette pour son ptit dèj.

Réplique culte : le Russian transporter, impassible car il surveille un suspect, refuse la bouteille de cognac que lui tend sa partenaire bien gaulée et se justifie d’une voix grave "quand je bois, je bois beaucoup".

Sentenza