Les mondes de Murakami et de Paasilinna

Publié le 06 mars 2010 par Christian Cottet-Emard

Même s'il est capable de laisser traîner dans ses livres des phrases comme celles-ci : « Hormis les grondements d'un train qui passait de temps à autre sur les rails non loin de là, l'environnement était très calme. » puis, quelques pages plus loin, à la fin de la même nouvelle : « Les trains roulaient sur les rails » (comme si les trains pouvaient rouler sur autre chose que des rails), j'apprécie Murakami de qui j'ai lu à la suite le roman Les Amants du spoutnik et deux gros recueils de nouvelles, L'éléphant s'évapore et Saules aveugles, femme endormie. D'habitude, je me méfie des grands pondeurs, des machines à écrire, des auteurs en pilote automatique. Le succès les expose à un danger, celui de n'être pas relus par leurs éditeurs trop contents de puiser à la source régulière de copie.

On peut lire aussi dans cette catégorie l'incroyablement ponctuel Arto Paasilinna, auteur du merveilleux Lièvre de  Vatanen et du truculent Fils du dieu de l'orage, qui fait la joie de son éditeur en rappliquant paraît-il chaque année ou presque à la même période avec un nouveau roman. J'ai du mal à continuer le troisième que je lis du finlandais, Le Cantique de l'apocalypse joyeuse, caractéristique d'une écriture en pilote automatique, mais c'est ainsi, malgré ces petits travers, je suis accroché. Sans doute parce que ces deux romanciers savent inventer leurs mondes pour mieux nous parler du nôtre.