Une romancière assignée en justice, promenade sur un blog, justice, création et fiction,

Par Mango
En parcourant récemment  les blogs de romans noirs de Jean-Marc Laherrère et celui de Claude le Nocher, je suis tombée sur une nouvelle qui me touche beaucoup, en même temps qu’elle me surprend et me révolte infiniment !
Une romancière vient d’être assignée en justice, avec son éditeur, pour le choix de son décor !
La romancière Lalie Walker, auteur du roman policier : « Aux malheurs des Dames», sélectionné pour le prix SNCF 2010, a écrit ce livre pour répondre à la commande de son éditeur, les éditions Parigramme pour une collection de polars où les intrigues se déroulent dans le Paris d’aujourd’hui. Quelle bonne idée !
Pour son intrigue, elle a choisi alors comme décor un endroit de Paris qu’elle connaît bien pour y avoir vécu tout près : le marché Saint-Pierre, où on vend encore du tissu au mètre, à des prix très maîtrisés, avec un grand choix de beaux tissus,  parfois même des surplus de grandes collections.
L’action quant à elle  est celle de tout thriller qui se respecte : menaces, phénomènes étranges, enlèvements,  meurtres de psychopathes s'y succèdent.
 Mais tout n’est que fiction  et cependant, quelques mois plus tard, elle se voit assignée en justice pour avoir sali l’image de ce magasin. Les propriétaires demandent 2 millions d’euros et l’interdiction de la vente du livre !



Si la justice privilégiait le commerce plutôt que la liberté de création artistique que deviendrait la littérature aujourd’hui ?
Nos grands écrivains réalistes, Balzac, Zola ne pourraient plus écrire !
Vous vous souvenez que toute l’intrigue du  « Bonheur des Dames »  de Zola se déroule dans le nouveau magasin qui vient alors  de s’ouvrir  en plein Paris  et qui sera le premier grand magasin parisien aux méthodes modernes : Le Bon Marché . Pur chef d’œuvre et comme toujours  Zola  avait pris un soin fou à s’informer et à prendre des notes pour coller au plus près de la réalité, libre à lui ensuite de laisser courir son imagination et de plonger dans ce décor ses personnages fictifs, propriétaire, vendeurs,  clients et petits boutiquiers voisins, ruinés par le nouveau commerce. Il n’était pas tendre et pourtant personne n’a songé à l’inquiéter !
Il est vrai que Hugo pour la politique et Flaubert pour la morale ont subi quelques tracas, eux!
Aujourd’hui, aux habituels  problèmes de la fiction, de la réalité, de la liberté de créer, s’ajoute celui de l’image  ou quand des personnages réels croient se reconnaître dans la fiction !
    
Petit conseil aux blogueurs qui veulent devenir romanciers ( bonjour Géraldine !) : Ne jamais oublier de préciser en avant-propos qu’il s’agit de personnages fictifs ! Comme dans les romans américains !


Toute l’histoire est ICI, sur le blog de Claude le Nocher.