Boycott

Publié le 08 mars 2010 par Juval @valerieCG

La journée internationale des droits des femmes a lieu aujourd’hui, 8 mars ; elle est devenue officielle en 1982 sous le gouvernement Mitterrand.

Cette journée, comme ne l’a jamais été aucune autre journée de commémoration, a été dévoyée, ridiculisée et est devenue “la journée de la femme”.

Ce ne sont que des “bonne fête à toutes les femmes” qu’on lit ici et là comme si faire le point sur les discriminations subies était réjouissant d’une quelconque manière. Ma boîte mail est saturée d’offres me promettant promotions et offres spéciales en ce jour sur des batteries de casserole et autres soutien-gorge.
Je propose que le 21 mars, journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale l’on fasse de même. Pourquoi ne pas offrir des fleurs à chaque noir-e croisé-e ; nul doute qu’ils apprécieraient. Accompagné d’une bonne crème blanchissante, ca peut-être une idée sympa.

En tant que militante antisexiste et féministe, je boycotterai cette journée comme chaque année depuis 2003. Je refuse que les combats féministes soient récupérés, une journée par an, par les politiques qui s’achètent ainsi une conscience à bas prix sur de propositions qu’ils n’ont pas l’intention de tenir.
Je ne souhaite pas que les blogueurs et journalistes politiques, qui s’en foutent en général, consacrent cette journée à la rédaction d’un article, leur permettant juste de se souvenir demain qu’il y a tout de même plus urgent.

Je refuse les manifestations culturelles proposant la gratuité aux femmes alors que les hommes continueront à payer ; cette journée doit être antisexiste.

Je m’énerve de voir que la nuit des femmes accueille des femmes connues pour leur antiféminisme comme Boutin et Abécassis. Quant à y recevoir Mocky, auteur de la sympathique phrase “toutes les actrices sont des putes”, cela me laisse sans voix.

Comme chaque année, de nombreux centres culturels vont, ce jour là, ouvrir leurs portes à des femmes artistes. C’est laisser entendre que les femmes ne peuvent être défendues, représentées et mises en scène que par d’autres femmes ; et c’est aussi oublier que l’art contemporain est les 364 autres jours, représentés uniquement par des hommes, blancs.

Cette journée doit évidemment être un rappel de la condition des femmes et des discriminations subies. Mais cautionner le nom de cette manifestation, participer à une journée officialisée par le gouvernement laisse entendre que nous sommes satisfaits des lois votées.

Qui a t il donc à célébrer ce 8 mars ?

Sarkozy n’a tenu aucune des propositions faites lors de sa campagne. L’on attend toujours l’argent promis ou les crèches qui devaient être construites. Lui ou son gouvernement ont tout à tour proposé de réduire le temps de congé maternité ou de réformer la retraite des mères de famille.

C’est lui qui a fait voter la loi la plus sexiste jamais vue depuis longtemps, instituant le délit de racolage passif, qui présente toute femme, habillée “légèrement”, comme une possible prostituée.

C’est l’UMP comme tous les autres partis qui préfèrent payer des amendes astronomiques que de respecter la loi sur la parité.

C’est le sénat qui année après année, fait barrage à toute proposition en faveur d’élimination des discriminations à l’égard des femmes.

La parité au gouvernement n’est plus qu’un lointain souvenir et il n’y a que trois femmes au conseil constitutionnel, comme feint aujourd’hui de s’en offusquer Morano, grande militante féministe devant l’éternel.

Fermons le ban ; on reprendra nos discussions demain quand le buzz sera passé.