Alors, dégradante cette photo ou pas ? Bon, ici, on...

Publié le 10 mars 2010 par Mmepastel

Alors, dégradante cette photo ou pas ?

Bon, ici, on s’interroge sur la représentation de la femme. Alors là, forcément avec la polémique, on a envie de s’y arrêter quelques instants.

Les Chiennes de garde s’offusquent de la photographie qui promeut le nouveau disque de Damien Saez, ses affiches sont retirées du métro par l’ARPP.

C’est sûr l’image est choquante. D’abord parce qu’elle est belle (Jean-Baptiste Mondino derrière l’objectif), alors on est attiré, happé par la beauté plastique de l’image et que ça parasite un instant la pensée et facilite le choc. Ensuite parce qu’elle montre effectivement une femme, en talons aiguilles (femme au carré), dans un charriot de supermarché. Donc, en premier, on est heurté par la marchandisation manifeste de la femme. Mais ensuite… Tout de même. N’est-ce pas évident que cette image dénonce quelque chose, même sans les mots qui l’accompagnent ? Parce que l’image est trop violente pour être prise au premier degré. Elle ne dit sûrement pas : “Allez vous acheter une femme à Leclerc” !

Et pourtant, il est obligé de se défendre deci-delà, comme hier soir dans l’émission Ce soir ou jamais sur France 3, ou avant-hier à Canal +. Il met l’accent sur la relation entre les mots “j’accuse” et l’image. Pour expliciter la dimension critique du message.

Ça paraît plutôt clair. Alors quoi. Où est le problème ? Pourquoi les gens et les féministes en prennent ombrage ?

Peut-être parce que c’est encore une femme qui est symbole de la marchandisation, et qu’elle est utilisée dans cette dénonciation pour ses atouts encore une fois exhibés. Elle a les jambes écartées ; comme d’habitude, le spectateur (mâle) est pris en otage : il est fasciné par l’appel sexuel de l’image, puis on lui tape sur le nez en lui disant “ho, fais gaffe, c’est du second degré, mate pas comme ça”. Mais bien-sûr que si elle va être matée, la belle femme dans son caddie, et pas que par des gens qui réfléchissent. Et c’est peut-être ça qui fatigue encore. L’ambiguité, le double discours.

Donc résumons : le chanteur-compositeur a eu une bonne idée, il a réussi son coup, il choque et dérange, il fait passer un message, mais il exploite quand même un tout petit peu, à mon avis, malgré sa sincérité (qui confine à la naïveté quand on écoute les paroles de sa chanson !), la bonne vieille habitude de l’utilisation des femmes pour vendre (son disque ou des places de concert). Donc l’image choque comme prévu, en bien ou en mal selon le degré avec lequel on la reçoit, mais elle n’est peut-être tout simplement qu’une exacerbation de beaucoup d’autres images qu’on a déjà vues et revues : elle n’est pas si nouvelle que ça en fait. Et c’est sûrement ça le problème. On est peut-être un peu las. Donc, à force, ça fatigue, au pire, ça vexe quand même.