Questions qui posent problème, de Dominique Saint-Dizier (lecture d'Alain Helissen)

Par Florence Trocmé

 Dominique Saint-Dizier apparaît comme un électron libre dans l’espace littéraire et artistique. Il se définit « auteur-plasticien », mêlant étroitement les mots à des œuvres visuelles, sans céder à aucune hiérarchisation des disciplines. On pourra voir, dans le présent ouvrage, quelques uns de ses « dessins » composés exclusivement de mots illisibles, une façon pour lui d’exprimer le silence. Depuis longtemps, Dominique Saint-Dizier a cessé de se poser des questions. Cela ne l’empêche pas de se poser les questions des autres, des questions qui posent problème et qui l’ont incité à en dresser une première énumération constitutive de ce livre pour le moins déroutant. Ainsi qu’il l’exprime lui-même dans ces pages, « l’auteur-plasticien » mène un travail qu’il compare aussi à une « errance ontologique » destiné à « réduire l’écriture à son in-signifiance. » C’est dire qu’il tord volontiers le cou aux certitudes et se montre très méfiant vis-à-vis d’un langage porteur de sens. Humour et dérision sont convoqués pour « tordre la rationalité » ainsi que les conformismes bienveillants qui justifient nos actes. Des questions qui posent problème » décapant - sans état d’âme - une langue maquillée protectrice de doutes intérieurs. Voici quelques unes de ces dérangeantes questions : « En quel endroit de votre corps vous sentez-vous le plus vous-même ? », « De quel côté de votre peau vous sentez-vous plus nu(e) ? », « Est-ce que l’homme qui suit son ombre de très près prend un risque ? », « Est-il possible d’arriver le premier à son terrier en courant deux lièvres à la fois ? » J’en ajouterai une : « Etes-vous prêt à répondre aux questions de ce livre ? »
    
par Alain Helissen
    
    
Dominique Saint-Dizier 
Questions qui posent problème
éd. Corps Puce
90 pages ; 14 €